Quand le populisme crie, les militants de l’USFP répondent avec dignité


Mohamed Assouali
Vendredi 20 Juin 2025

Depuis son retour sur la scène publique à l’occasion du 9e congrès de son parti, Abdelilah Benkirane ne cesse de réactiver les vieux ressorts d’un populisme bruyant et stérile. Le même ton outrancier, les mêmes figures de style éculées – « blocage », « crocodiles », « fantômes » – sont de nouveau convoqués dans un théâtre politique où l’émotion l’emporte sur la raison, et où l’outrance tient lieu d’argument.

Mais derrière cette mise en scène épidermique se cache un malaise plus profond : celui d’un homme politique dépassé par les dynamiques actuelles, nostalgique d’un leadership qu’il n’arrive plus à incarner autrement que par la provocation.
 
La posture victimaire : Entre spectacle et manipulation
 
En lançant : « Si je dois aller en prison, préparez-moi mes affaires ! », Benkirane ne fait pas que dramatiser la scène politique ; il en fait un espace de victimisation artificielle, transformant la parole publique en théâtre de compassion. Pourtant, comme le souligne avec acuité Abdelhamid Jmahri, membre du Bureau politique de l'USFP et directeur du journal Al Ittihad Al Ishtiraki, cette bravoure de façade ne trompe personne :

« Tu n’as jamais prouvé ton courage, ni montré que la prison t’était plus chère que la défense d’une juste cause».

En effet, quand le pays vivait des moments critiques, Benkirane a souvent choisi le silence prudent à l’acte courageux. Ce que ses envolées d’aujourd’hui ne peuvent effacer.
L’USFP appartient à une école qui ne cède ni au silence complice ni à la vulgarité politique.  Elle sait quand parler et, surtout, comment le faire avec décence 
Quand la critique devient "complot" : L’arme des faibles
 
A court d’arguments face aux critiques légitimes, Benkirane choisit de recourir à son vocabulaire favori : l’accusation, la suspicion, la caricature. Il affirme ainsi :
«Il y a des mouchards dans ce pays, même parmi ceux qui attendent le pèlerinage pour me dénoncer ! »

Cette phrase, aussi violente qu’absurde, traduit une incapacité profonde à accepter la contradiction, et une tendance malsaine à assimiler tout désaccord à une trahison. Pourtant, comme le rappelle Jmahri avec calme :
« Une simple publication a suffi à te faire paniquer. Ce n’était pas un article, juste une réflexion. Et déjà, tu vois des complots».

Ainsi, Benkirane n’affronte pas les idées, il les diabolise. Il ne répond pas aux arguments, il les transforme en actes de délation. Un réflexe autoritaire sous couvert de discours religieux.
 
La ligne rouge franchie : Quand la monarchie est instrumentalisée
 
Mais le plus grave survient lorsque Benkirane insinue que le Roi lui-même pourrait l’envoyer en prison. En affirmant :«Si Sa Majesté veut m’incarcérer, j’irai avec lui !» il tente un double jeu dangereux : faire preuve de loyauté, tout en suggérant que la plus haute institution du pays pourrait user de la répression à des fins personnelles. C’est non seulement inacceptable, mais politiquement irresponsable.
Ce n’est donc pas à l’homme Benkirane que l’Union socialiste répond, mais au modèle qu’il incarne : celui d’un populisme agressif, qui instrumentalise la religion, travestit la souffrance populaire, et pollue le débat public
Jmahri remet aussitôt les choses au clair: «Tu insinues que le Roi jette les gens en prison, et cela est plus indigne que toutes tes attaques.»

Il pointe ainsi le cynisme d’un homme qui bénéficie des privilèges du régime tout en l’accusant à demi-mot de dérive autoritaire. Et de conclure, dans une formule implacable :« Pourquoi voudrais-tu que l’on te dénonce à l’Etat, alors qu’il t’offre des millions et une gamelle en or ? »
La où Benkirane crie, l'USFP répond par la constance. Là où lui dramatise, elle construit. Et c’est cette différence qui fonde la crédibilité.
L’Union socialiste, cible par défaut d’un populisme sans boussole
 
Parce que Benkirane a besoin d’un ennemi pour exister, il s’en prend aussi à l’Union socialiste des forces populaires et à sa presse, dans une attaque gratuite, sans contexte ni fondement. Mais cette fois encore, la réponse ne se fait pas sur le même ton. Dans un communiqué officiel, l’USFP déclare :

« Encore une fois, les attaques contre notre parti n’ont aucun fondement sérieux ni justification politique. Il s’agit de tentatives de règlement de comptes personnels ou idéologiques, aux relents archaïques. »

Là où Benkirane crie, l’USFP répond par la constance. Là où lui dramatise, elle construit. Et c’est cette différence qui fonde la crédibilité.
 
L’éthique contre l’outrance : une leçon de politique
 
Dans une réponse d’une élégance rare, Jmahri termine ainsi : «Que Dieu accepte nos rituels et fasse de nous des êtres bien éduqués par la religion». Un message à la fois spirituel et politique, affirmant que la foi véritable s’exprime dans le respect, la retenue et la hauteur de vue.

Ce n’est donc pas à l’homme Benkirane que l’Union socialiste répond, mais au modèle qu’il incarne : celui d’un populisme agressif, qui instrumentalise la religion, travestit la souffrance populaire, et pollue le débat public.

L’USFP appartient à une école qui ne cède ni au silence complice ni à la vulgarité politique. Elle sait quand parler, et surtout, comment le faire avec décence.
 
Un ancien Premier ministre en quête de scène… dans un théâtre vide
 
Le style de Jmahri, mêlant ironie subtile et lucidité politique, révèle au grand jour un Benkirane en perte de repères, prêt à tout pour retrouver la lumière.
Celui qui a profité de la vague du 20 février avant de la trahir, qui a loué les institutions avant de les salir, ne peut plus se réclamer de la morale ni de la démocratie.
Aujourd’hui, son discours clivant et agressif n’apporte rien à la Nation. Il divise, il isole, il affaiblit.

Pendant ce temps, l’USFP construit, mobilise et prépare l’avenir
Tandis que d’autres épuisent leur crédit politique en gesticulations médiatiques, l’Union socialiste avance. À travers tout le pays, une dynamique militante est en marche, portée par la direction du Premier secrétaire Driss Lachguar.

Les congrès provinciaux se multiplient, les commissions thématiques œuvrent à l’élaboration de textes structurants en vue du 12e Congrès national prévu en octobre 2025.
Ce congrès ne sera pas une simple formalité, mais une étape politique majeure, nourrie par l’écoute du terrain, la réflexion collective et l’engagement pour une alternative crédible. Il s’agira de proposer des politiques publiques innovantes, justes et adaptées aux aspirations du peuple marocain.

Quand le populisme crie, les militants de l’USFP répondent avec dignité
Conclusion : Une école politique qui résiste au bruit
 
Ce texte n’est pas une réponse passagère. Il s’inscrit dans une vision. Celle d’une gauche éthique, lucide, structurée. Celle d’un parti qui croit à l’intelligence collective des Marocains, et à la dignité de la parole publique.
Celle d’un avenir à construire, loin du tumulte inutile, mais proche du réel.

Par Mohamed Assouali
Membre de la Commission nationale de l’arbitrage et de l’éthique – USFP


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