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Le Maroc célèbre le centenaire du 8 mars : Mêmes droits, opportunités égales et progrès pour toutes


Sofia Aliamet
Lundi 8 Mars 2010

Le Maroc célèbre le centenaire du 8 mars : Mêmes droits, opportunités égales et progrès pour toutes
C’est aujourd’hui qu’est célébrée partout dans le monde la Journée internationale de la femme. Cette année l’évènement fait écho au quinzième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing adoptés lors de la quatrième conférence mondiale sur les femmes en 1995. En l’honneur de cet anniversaire, le thème retenu par les Nations Unies  pour l’édition 2010 est : « Droits égaux, opportunités égales et progrès pour tous ».
Ban Ki-moon, secrétaire général de l’Onu,  a ainsi rappelé que la déclaration de Beijing « a envoyé aux femmes et aux filles du monde entier un message clair : égalité et mêmes chances font partie de leurs droits inaliénables. », tout en soulignant : « Tant qu'elles n'auront pas été libérées de la pauvreté et de l'injustice, la réalisation de tous nos objectifs – la paix, la sécurité, le développement durable – sera aléatoire».
Si le message est clair, la réalité, elle, est loin d’être aussi idéale.
Aujourd’hui, nul ne conteste les avancées majeures réalisées par le Royaume en termes de promotion des droits de la femme. La nouvelle Moudawana les a affranchies de la tutelle masculine, a rendu difficile la polygamie et a instauré le principe de partage des responsabilités au sein du couple.
En 2007 le Code de la nationalité a consacré l’égalité entre hommes et femmes au niveau de la transmission de la nationalité de l’un et l’autre des parents. Cette même égalité fait l’objet d’une lutte permanente et d’un combat quotidien, lesquels doivent aujourd’hui rassembler l’ensemble des citoyens du Royaume, qu’ils soient eux-mêmes hommes ou femmes.
Le thème choisi cette année « Droits égaux, opportunités égales, et progrès pour tous » ne peut que nous inviter à constater qu’en la matière beaucoup de chemin reste à parcourir. Et si les femmes marocaines ont obtenu de nouveaux droits, la « parité » reste encore un beau principe peu appliqué dans le milieu professionnel. Agriculture, textile, conserverie, … sont autant de secteurs que nombre de syndicalistes qualifient de zones de non-droit et dans lesquels la plupart des femmes continuent à être cantonnées. Que penser des écarts, parfois considérables, de salaires entre femmes et hommes ?
L’insertion des femmes dans le milieu professionnel demeure encore un dossier complexe.
Autre problème de taille : l’absence quasi-totale d’institutions qui permettraient d’alléger les devoirs qui incombent aux femmes devenues mères. L’offre en crèches et en garderies demeure insuffisante par rapport à la demande, et les tarifs sont souvent inadaptés aux bourses des citoyens les plus modestes. De plus, bon nombre de foyers s’interrogent également sur la légitimité et la formation du personnel présent dans ce type de structures. Une telle situation entraîne l’obligation pour la femme de mettre entre parenthèses sa vie professionnelle pour se consacrer à l’éducation de ses enfants, dans le cas où elle ne pourrait pas compter sur la solidarité familiale. Il en va de même pour les écoles maternelles, réservées trop souvent aux couples disposant de moyens suffisants. Or l’institutionnalisation de structures de la petite enfance est nécessaire dans le processus d’émancipation féminine et de lutte vers l’égalité, car elle entraîne de fait une évolution des mœurs et mentalités.
« La mortalité maternelle reste à un niveau inacceptable ; trop peu de femmes ont accès à la planification familiale et la violence contre les femmes est toujours un motif de honte partout dans le monde », a déclaré Ban Ki-moon.  Cette phrase fait tristement écho dans le Royaume où l’absence de législation adéquate entraîne un vide relatif autour des violences faites aux femmes. Heureusement pour ces dernières, la création d’un centre d’écoute national et la présence de cellules d’accueil et de prise en charge leur permettent de briser la terrible loi du silence.
Que dire enfin d’un pays où le lieu de naissance détermine déjà au préalable le sort de votre existence ? Qu’y a-t-il de commun en effet, entre une citadine qui a grandi à Casablanca, et une femme qui n’a connu que les paysages de l’Atlas marocain ? Pas grand-chose a priori bien que les deux soient nées sur le territoire national. C’est là où le bât blesse. Les femmes vivant dans les régions montagneuses semblent bien loin des considérations sur l’émancipation féminine. Dans des villages où l’eau potable n’arrive pas, le rôle de la femme, et par conséquent de toute petite fille, est d’aller chercher de l’eau à la source, de travailler les champs, de nourrir les bêtes et de tenir le foyer.
Là-bas, la planification familiale est inexistante, d’où l’incapacité à réguler le nombre de naissances et donc de bouches à nourrir. Que faire également lorsque, sur le point d’accoucher, une complication médicale survient et que l’on doit alors traverser la montage avec pour seul moyen de transport un âne et une vieille charrette ? Ce tableau, qui nous semble décalé, constitue pourtant  la réalité quotidienne de nombreuses femmes et contraste ainsi fortement avec l’émancipation progressive de leurs concitoyennes citadines. Jusqu’à quand pourra-t-on laisser certaines femmes avoir accès à la formation, au monde du travail et à la culture, tout en livrant certaines à leur triste sort ?
« Droits égaux, opportunités égales et progrès pour tous », tel est le thème retenu pour cette nouvelle édition de la Journée internationale de la femme. A l’heure où les droits progressent, où les opportunités évoluent favorablement, il serait également temps que l’expression « progrès pour tous » fasse sens dans le Royaume.


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