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La question se pose d’autant plus que ce produit destiné à couvrir les récoltes céréalières, légumineuses et oléagineuses contre les aléas climatiques est subventionné par l’Etat. La subvention peut même atteindre 90% de la prime. Dans les milieux d’affaires, on sourit jaune. Ce membre de la CGEM pointe cette extrême légèreté dans la gestion de l’argent public. «Saham appartient à un ministre en exercice. Etait-il judicieux de le mettre dans la course sans prendre le risque de parler de favoritisme pour ne pas dire autre chose ? La réglementation de l’octroi d’un marché public a-t-elle été respectée jusqu’au bout ? Et le fait que d’autres assureurs n’aient pas répondu à l’appel d’offres est un argument plutôt court. En tout cas, c’est au moins l’éthique qui prend un coup même si l’initiative vient de Saham qui a proposé un produit compétitif», soupire-t-il.
Flash back. Mercredi 20 janvier, deux ministres, Aziz Akhennouch et Mohamed Boussaid, signent en grande pompe une convention de lancement d’un nouveau produit d’assurance agricole avec la société Saham Assurance conclue entre le ministre de l’Economie et des Finances et le ministre de l’Agriculture et de la Pêche maritime.
L’opposition demande une enquête parlementaire
Sur le site du ministère de l’Economie et des Finances, l’information est en ouverture. Une déclaration du ministre Boussaid est mise en ligne. «Le produit qui est lancé aujourd’hui bénéficie de subventions importantes, puisque la part payée par l’agriculteur ne représente en moyenne que 10% à 15% de la prime d’assurance, le reliquat étant pris en charge par l’Etat. Depuis 2011 et tenant compte de la campagne actuelle, l’Etat aura contribué pour près de 1,5 milliard de dirhams dans ce dispositif d’assurances agricoles».
Dans les rangs de l’opposition, c’est la goutte d’eau qui fait déborder un vase gouvernemental plein à ras bord. Le député usfpéiste, Mehdi Mezouari, est le premier à dénoncer «le cadeau de Benkirane» à une société d’assurance appartenant à un ministre». Dans la foulée, le groupe parlementaire socialiste a demandé la constitution d’une commission d’enquête parlementaire sur les conditions d’octroi de ce marché public à une société d’assurances qui, dans les faits, appartient à un membre du gouvernement. La loi organique n°65-13 relative à l’organisation et à la conduite des travaux du gouvernement et au statut de ses membres aurait été bafouée. «Les membres du gouvernement doivent, pendant la durée d’exercice de leurs fonctions, suspendre toute activité professionnelle ou commerciale dans le secteur privé, notamment leurs participations à des organes de direction, de gestion et d’administration des entreprises privées à but lucratif et d’une manière générale toute activité pouvant entraîner un conflit d’intérêts, à l’exception des activités dont l’objet social porte exclusivement sur la prise de participation et la gestion des valeurs mobilières», peut-on lire dans l’une de ses dispositions.
Autre parti de l’opposition qui demande des explications, le Parti authenticité et modernité. Cette formation politique dont le congrès devait s’achever dimanche 24 janvier a déposé une demande pour que soit convoquée la commission du contrôle des finances publiques de la Chambre des représentants.
Depuis vendredi 22 janvier, la polémique n’en finit pas d’enfler, mettant en cause trois ministres appartenant à la même famille politique, le Rassemblement national des indépendants. C’est ce qui a probablement poussé Saham Assurances à faire machine arrière en décidant de suspendre l'application de la convention, en attendant l'adhésion à ce produit de l'ensemble des autres compagnies intéressées, suite à l'appel lancé par le ministère de l'Agriculture et de la Pêche maritime. « Cette décision de Saham Assurance, opérateur national côté à la Bourse de Casablanca, est motivée par sa volonté de contribuer de façon constructive à la réussite de la libéralisation de ce secteur », explique le top management de la société de Moulay Hafid Alami.
Une reculade qui vient à point nommé alors que la contestation sociale contre les mesures impopulaires prises par le gouvernement Benkirane n’en finit pas de gronder.