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Baisse du taux directeur et annonce d’un taux de croissance inférieur à 3 % : Bank Al-Maghrib administre une douche froide au gouvernement Benkirane


Nezha Mounir
Jeudi 29 Mars 2012

Décidément, les certitudes de l’Exécutif tombent les unes après les autres. Les mielleuses promesses électorales de ses composantes, et particulièrement du PJD, se sont vite dissipées face aux réalités complexes de la gestion des affaires publiques. Dernière douche froide que le gouvernement Benkirane a reçue, la sortie du gouverneur de Bank Al-Maghrib a sonné comme un glas. Face au marasme économique qui caractérise la conjoncture nationale et internationale, Abdellatif Jouahri n’est pas allé de main morte, mardi au cours d’une conférence de presse à Rabat en annonçant la baisse du taux directeur de 3,25 à 3% et une croissance du PIB à moins de 3%. Ces décisions prises par le Conseil d’administration de Bank Al-Maghrib lors de sa réunion trimestrielle font suite à la véritable dégringolade des prévisions relatives au taux de croissance et au fait que tous les pronostics avancés, entre autres, par l’Exécutif se sont avérés inexacts. Une situation d’autant plus préoccupante que les réserves de change ont baissé à 5 mois d'importations et que le déficit commercial s'est creusé à fin février 2012, sous l'impact d'une hausse importante des importations pétrolières et des denrées alimentaires
Fini donc l’euphorie populiste dont le PJD a fait montre lors de sa campagne électorale. Ayant  abondé dans le sens d’un optimisme béat avec un taux de croissance de 7% qualifié de tous d’irréalisable, il s’est trouvé dans l’obligation de réduire la voilure lors de la déclaration gouvernementale en annonçant 5,5%, chiffre qui a été revu à la baisse par le ministre des Finances qui a tablé sur 4,7%, alors que le HCP ne prévoyait que 4,5% et le Centre marocain de conjoncture 4,1 %. Une valse-hésitation qui démontrait une sorte d’incapacité de l’Exécutif à cerner la réalité des choses et à établir des prévisions suffisamment réalistes et crédibles pour permettre à l’économie nationale de dépasser le difficile cap où elle se trouve.
En calmant les ardeurs du gouvernement Benkirane avec un taux de croissance du PIB global situé à moins de 3% et entre 3% et 4% pour sa composante non agricole, le gouverneur de Bank Al-Maghrib a remis les pendules à l’heure. Deux fondamentaux expliquent cet état de fait d’après lui. L’année 2012 est une année de sécheresse. Le déficit de la pluviométrie n’arrange pas les choses. Au mois de mars et avec une production agricole de 38 milliards de quintaux, le pays se place loin de la moyenne qui est de 60 milliards, explique-t-il. Ce qui constitue en soi un lourd handicap. Sur le plan international, les perspectives de croissance de l’activité économique ont de nouveau été abaissées pour tous les groupes de pays notamment les partenaires historiques du Maroc. Ces évolutions laissent entrevoir une poursuite du reflux des tensions inflationnistes ainsi qu’une baisse plus accentuée de la demande étrangère adressée au Maroc.
Pour pouvoir donner un coup de pouce à l’économie et booster les investissements Bank Al-Maghrib a donc jugé opportun de baisser son taux directeur qui passe ainsi de 3,25% à 3%.
Dans le cadre d’une discussion avec le Groupement professionnel des banques du Maroc, la Banque centrale a décidé d’être plus volontariste et de prendre plus de risques  notamment vis-à-vis du financement des PME et les TPE. Pour inciter les banques à octroyer plus de prêts à ces entreprises, elle a accepté de prendre comme collatéral des effets représentatifs de crédit finançant lesdits prêts. C’est un tournant important qui vise à mettre en avant les PME et les TPE qui, comme chacun le sait, constituent la majeure partie du tissu économique national. Dans le cadre des opérations trimestrielles sur le marché monétaire, 25% des facilités accordées aux banques seront dédiées au financement de ces entreprises.
Concernant le déficit budgétaire, qui a atteint 6%  en 2011, il doit être analysé selon le gouverneur de Bank Al-Maghrib par rapport à la dette publique et aux réserves de change. La question qu’il faut se poser est de savoir si le pays est en mesure de faire face aux dettes et de respecter les échéances. Si le déficit est ramené à 5%, c’est une bonne perspective sinon, il faut parer au plus urgent en diminuant les charges de l’Etat. Pour ce, la Caisse de compensation s’avère être un passage obligé. Ayant atteint 53 millions de DH en 2011, l’actuel projet de loi de Finances prévoit de lui octroyer quelque 42 ou 43 millions de DH. Des mesures doivent être prises par le gouvernement et le plus tôt sera le mieux, a averti Abdellatif Jouahri qui a également mis à l’index une masse salariale du secteur public qui risque de creuser davantage le déficit.


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