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L’USFP et l’Istiqlal commémorent, la main dans la main, l’anniversaire du Manifeste de l’Indépendance


Mourad Tabet
Lundi 13 Janvier 2014

L’USFP et l’Istiqlal commémorent, la main dans la main, l’anniversaire du Manifeste de l’Indépendance
Driss Lachguar : Benkirane et le PJD reproduisent des méthodes despotiques que nous croyions reléguées 
aux oubliettes de l’Histoire

Hamid Chabat : La commémoration  du 11 Janvier ne peut que renforcer notre volonté de faire face au danger que représentent le chef du gouvernement et le PJD 

L’Union socialiste des forces populaires et le Parti de l’Istiqlal ont scellé, samedi dernier, leur alliance stratégique. Pour ce faire, ils ont choisi une date symbolique dans l’Histoire du Maroc moderne, à savoir le 11 Janvier, date de la commémoration du  70ème anniversaire du Manifeste de l’Indépendance.
«Quand l’USFP et le PI s’unissent, les choses vont bien», a déclaré Mohamed Iraki dans une vidéo diffusée à l’occasion de cette commémoration organisée conjointement par l’USFP et l’Istiqlal. Cette vidéo relatait les moments forts de la résistance marocaine contre l’occupation française et espagnole et les grandes figures de cette résistance (Abdelkrim Khattabi, Allal El Fassi, Mehdi Ben Barka, Abderrahim Bouabid, entre autres) et reprenait également les étapes historiques au cours desquelles les deux grands partis issus du Mouvement national ont fait cause commune pour l’édification d’un Etat national démocratique. «Les moments glorieux de notre Histoire sont ceux qui ont été marqués par l’alliance entre les deux partis, depuis les premières tentatives d’édification de l’Etat national après l’indépendance jusqu’à nos jours, en passant par l’expérience de la Koutla nationale en 1970 et la Koutla démocratique (durant les années 90) et l’expérience de l’Alternance consensuelle», a affirmé le Premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachguar dans son allocution en l’occasion. Et d’ajouter :«Cela nous pousse à affirmer que l’objectif de notre coordination et de notre action communes était d’appuyer les réformes démocratiques, économiques et sociales, et ne visait point la domination ou le changement des fondements de l’Etat national qui font l’objet de consensus». 
Pour le dirigeant ittihadi, «ce document historique qui plaçait clairement ses signataires aux côtés des leaders des mouvements de libération réclamant l’indépendance, la liberté et la démocratie, à travers le monde, a confirmé également la compatibilité de ces revendications avec les enseignements  de notre religion. Et lorsque j’évoque cela, c’est pour mettre en valeur le fait que les leaders nationalistes étaient des intellectuels et des oulémas éclairés. Cet état d’esprit a permis à tous les pays arabes de contrer les tenants de l’obscurantisme, du sous-développement, de la stagnation et de l’isolement qui étaient les meilleurs alliés du colonialisme et avaient engendré des collaborateurs et des traitres».
Quelles sont les autres leçons que le Premier secrétaire de l’USFP a tirées de la commémoration d’un événement aussi important que celui du Manifeste d’Indépendance ? Driss Lachguar en a cité trois. La première est que l’USFP et le PI constituent un prolongement renouvelé du Mouvement national aussi bien au niveau des symboles et des personnalités qui composaient sa direction qu’au niveau de la ligne politique et idéologique attachée aux principes d’édification de l’Etat national sur la base de la liberté, de la démocratie et de l’attachement à la quintessence de l’islam et à  une monarchie réformiste.
La deuxième leçon est que l’alliance entre le Mouvement national et la Monarchie a toujours constitué le noyau dur de la nation marocaine qui a pu, grâce à cette alliance, vaincre le colonialisme, et s’atteler au projet d’édification des nouvelles bases de l’Etat.
Enfin, la troisième leçon est que l’accord et la coopération entre les composantes du Mouvement national démocratique a permis à l’action du peuple marocain de contrer toutes les tentatives de morcellement et les intrigues visant la souveraineté nationale.
Donc, c’est l’unité et l’alliance entre ces deux formations politiques qui ont permis au Maroc de bâtir son destin en parfaite symbiose avec l’institution monarchique. Dans ce sens, Driss Lachguar a rappelé en substance : «Nous n’avons pas besoin de beaucoup de preuves et d’indices pour dire avec confiance que lorsque la symbiose entre les composantes du Mouvement national démocratique et la monarchie se délite, notre pays se trouve secoué par les crises et l’Histoire en atteste. De même que lorsque les relations et la coopération entre l’USFP et le PI se délitent ou s’affaiblissent, notre pays fait marche arrière et notre peuple perd plusieurs de ses acquis».
Cette alliance entre l’USFP et le PI a pour objectif de donner une réponse à la crise politique que connaît actuellement le Maroc sous le gouvernement Benkirane. L’une des manifestations de cette crise, selon Driss Lachguar, réside dans la volonté «du chef du gouvernement et du parti majoritaire de reproduire les mêmes méthodes despotiques que nous avons souhaité reléguer aux oubliettes de l’Histoire, mais malheureusement nous constatons qu’elles renaissent aujourd’hui avec des méthodes, des concepts et des termes ignobles». Et de marteler : «Comment le peuple marocain peut-il réaliser ce que prescrivait le Manifeste d’Indépendance en termes d’Etat national démocratique, alors qu’il vit sous le joug d’un gouvernement dont le chef ne connaît que le langage du chantage politique et qui attaque ses adversaires, les menace et les inculpe, tout en oubliant qu’il représente l’Etat et que sa responsabilité exige de préserver la crédibilité de l’instance, car sa fonction n’est ni sa propriété, ni celle de son parti, mais appartient au peuple marocain».
Le parti majoritaire et le chef du gouvernement ont renié l’Histoire du peuple marocain et la lutte du Mouvement national qui avait initié un projet sociétal  en net progrès par rapport aux réalités de l’époque. 
Driss Lachguar a rappelé que le Mouvement national n’a pas usé de la religion pour justifier son activité politique, il n’a jamais tenu un discours takfiriste à l’encontre de quiconque en dépit de la diversité des courants de pensée et en dépit de la présence d’éminents et de vrais oulémas parmi ses leaders. Ces oulémas, selon le Premier secrétaire de l’USFP, ne se sont jamais  comportés comme des tuteurs de la chose religieuse, ils n’ont jamais utilisé des fatwas en politique à l’opposé de ce qu’a fait le ministre de la Justice et des Libertés, Mustapha Ramid qui a recouru à la religion pour légitimer sa décision d’effectuer des ponctions sur les salaires des grévistes. Quand l’USFP a critiqué cette instrumentalisation de la religion, c’est le Mouvement de l’unicité et de réforme (MUR qui constitue le bras idéologique du PJD) qui s’est empressé de défendre le ministre pjdiste. Pis encore, d’illustres inconnus qui n’ont aucune culture religieuse, osent aujourd’hui proférer des discours takfiristes contre d’éminents politiques et intellectuels marocains. «Ils ont dénaturé notre grande religion, l’ont instrumentalisée dans leurs desseins électoralistes et leur volonté de mainmise sur des institutions, comme ils l’ont utilisée pour menacer leurs adversaires et faire chanter l’Etat», a-t-il conclu.
Le discours du secrétaire général du Parti de l’Istiqlal a été en phase avec celui de Driss Lachguar. Hamid Chabat a considéré que le Manifeste de l’Indépendance  du 11 Janvier 1944 est « un manifeste de l’avenir, car le régime démocratique pour lequel avaient milité les forces nationales et qui a connu un tournant historique après le discours du Roi du 9 mars (2011) et l’adoption de la Constitution du 1er juillet, est exposé aujourd’hui à un grand danger. Il est ainsi en danger par la volonté hégémonique du chef du gouvernement et de son parti, par leur nette propension à museler leurs opposants,  par l’instrumentalisation de la religion à des fins politiques, par les tentatives de porter atteinte à la Constitution, par le travail de sape des partis politiques et la diabolisation des personnes qui ont des points de vue divergents ».
Pour le dirigeant istiqlalien, la politique menée par le chef du gouvernement constitue « un danger sérieux pour l’expérience démocratique au Maroc et c’est pour cela que la commémoration commune du 11 janvier ne peut que renforcer notre volonté de faire face au danger que représentent le chef du gouvernement et son parti».
Hamid Chabat a également évoqué un autre danger qui risque de porter atteinte aux acquis démocratiques du Maroc et à leur tête la liberté d’expression. Il consiste en la prolifération des discours fanatiques et haineux qu’il a condamnés fermement. « Le danger des discours tarkfiristes et fanatiques équivaut à ceux visant à instrumentaliser la religion par un mouvement idéologique dans l’objectif de réaliser les desseins politiques du parti majoritaire », a-t-il affirmé. Et d’ajouter : « Ce mouvement est une composante du fanatisme religieux régional ; il est inacceptable aujourd’hui qu’il instrumentalise la religion et les lieux du culte à des fins électoralistes pour un projet politique destructeur ». Ce mouvement lié à un projet sociétal régional a pour but de disloquer l’Etat, et de semer la « fitna » (anarchie) entre les composantes de la nation marocaine.
Hamid Chabat est demeuré, néanmoins, confiant en l’avenir, car « la débâcle rapide du projet fanatique dans plusieurs pays, confirme que le malaise gouvernemental de notre pays prendra fin prochainement, car le peuple marocain ne peut pas être dupé deux fois ». Et de conclure : « Nous avons affronté le colonialisme et nous l’avons vaincu. Nous avons affronté l’Etat absolutiste après l’indépendance, et c’est la démocratie qui a vaincu. Et aujourd’hui nous affrontons les forces du fanatisme et nous allons vaincre ».
 
Reportage photos : 
Zoulikha et Lmoussaoui


Forte présence
 
La commémoration du 70ème anniversaire du Manifeste de l’Indépendance célébré par l’USFP et le PI a été marquée par la présence d’éminentes personnalités du monde du sport dont notamment Hammadi Hmidouch, Nezha Bidouane, et du monde de la politique dont Abdelhak Mrini, des dirigeants du PPS, Ismaïl Alaoui, Khalid Naciri et Abdelahad El Fassi, des personnalités salafistes comme Hassan Kettani et Mohamed Fizazi, et du président du parti Al Badil Hadari, Mohamed Mouatassim.
Des personnalités du monde de la culture dont le chanteur Mohamed El Ghaoui, Abdelkader Moutaa, Mohamed Naji, El Mahjoub Raji, ont, eux aussi, commémoré cet anniversaire avec les deux formations politiques.
Hamid Chabat et Driss Lachguar ont rendu hommage à plusieurs figures de la résistance marocaine et ont offert des cadeaux symboliques en guise de reconnaissance pour leur lutte visant la libération du Maroc du joug du colonialisme et pour l’édification d’un Etat national démocratique. Il s’agit de Mohamed Mansour, Said Oujjar, alias Said Bounailat, Driss Ben Boubkr, Mohamed El Mestaoui El Issaoui (l’un des signataires du Manifeste de l’Indépendance), Mohamed Irak et Abdellah El Zajli.
Cette soirée s’est achevée en beauté par le chant des hymnes officiels de l’USFP et du PI et par une chanson glorifiant la Marche Verte.
M.T
 


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