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La commission s'est réunie, jeudi à Paris, pour examiner la demande de révision présentée par l’avocate de Omar Raddad, dans l'une des affaires criminelles les plus célèbres de France. Après près de deux heures d'échanges à huis clos avec son avocate, Sylvie Noachovitch, qui plaidait à nouveau dans cette procédure lancée en juin 2021, les magistrats instructeurs ont entamé un délibéré, dont le contenu sera rendu public dans un peu moins d’un mois.
"La commission d’instruction rendra sa décision le 13 octobre prochain et se prononcera notamment sur mes demandes d’expertises par un laboratoire spécialiste capable de faire des portraits robots génétiques et des recherches en parentèles", a écrit Me Noachovitch sur Twitter.
En octobre, la Cour d'instruction décidera d'agréer ou non aux nouvelles demandes d'expertise et d'auditions demandées par l'avocat de l'ex-jardinier marocain, et en fonction des résultats obtenus, une cour de révision pourra être saisie du dossier.
"Je me réjouis que l'avocat général nous ait rejoints sur notre demande de confier à un laboratoire spécialisé en portrait-robot génétique et en parentèle les analyses ADN", a déclaré Me Noachovitch à la sortie de la Cour de cassation, citée par les médias.
Gracié mais sans jamais être innocenté, Omar Raddad plaide toujours son innocence et attend que justice lui soit rendue.
N’ayant jamais cessé de nier son implication dans ce meurtre, Omar Raddad et sa défense ont multiplié les batailles judiciaires en vue d’établir finalement la vérité, dans une affaire qui a connu de nouveaux rebondissements ces derniers mois.
Le 16 décembre dernier, la justice française a décidé de rouvrir le dossier, 27 ans après la condamnation de l’ancien jardinier marocain.
Elle a ordonné un complément d'information, première étape vers une éventuelle révision du procès, après que la défense, en s’appuyant sur un rapport révélé par la presse, avait déposé, six mois auparavant une demande de révision du procès, une procédure exceptionnelle en France.
Le rapport, établi en 2019 par un expert privé, a conclu à la présence d'une trentaine de traces d'un ADN complet masculin n'appartenant pas au jardinier et trouvées dans l'une des fameuses inscriptions faites avec le sang de la victime, qui désignaient Omar Raddad comme le meurtrier.
L'expert Laurent Breniaux, qui a analysé 35 traces d'un des ADN présents dans la fameuse inscription "Omar m'a tuer", favorise, dans son rapport, l'hypothèse d'un dépôt d'empreintes au moment des faits, et non d'une "pollution" ultérieure par les enquêteurs.
En d'autres termes, ces traces génétiques auraient pu être déposées par l'auteur de l'inscription, qui ne serait alors pas Mme Marchal mais potentiellement le véritable meurtrier, selon Me Sylvie Noachovitch.
Si la défense de M. Raddad comptait jusqu’ici sur les progrès de la science en matière d’ADN pour établir l’innocence de son client, elle s’appuie désormais sur un nouvel élément révélé dans un livre, paru dernièrement sous l’intitulé '’Ministère de l’Injustice’’, dont les auteurs ont enquêté dans les coulisses des plus grandes affaires de ces dernières années en France.
L’ouvrage évoque une "piste cachée", qui a dévoilé l’existence d’une enquête menée entre 2002 et 2004 par des gendarmes distincts de ceux qui ont effectué l’enquête initiale et qui aurait probablement innocenté l’ancien jardinier marocain, mais qui ont été mystérieusement interrompues.
Le livre fait état de l’existence d’une piste non exploitée, et aux conséquences potentiellement énormes.
Entre 2002 et 2004, une enquête était menée par des gendarmes en lien avec le procureur de Grasse, sur la base du témoignage d'une source (à la fiabilité confirmée) se disant tourmentée de savoir Omar Raddad condamné.
Selon celle-ci, le meurtre de Ghislaine Marchal était en fait le résultat d'un cambriolage ayant mal tourné alors que des procès-verbaux dans cette procédure évoquent clairement une possibilité d'innocenter Omar Raddad.
Deux frères, l'un d'eux détenu dans une autre affaire pour tentative de meurtre, sont même identifiés comme suspects, mais d’après les auteurs du livre, aucune réponse ne fut donnée aux demandes des enquêteurs, et le dossier fut clos étrangement, rapportent les médias de l’Hexagone, ajoutant que le livre évoque également des ‘’pressions’’, notamment d'un général de gendarmerie, pour la clôture de la procédure.
Condamné en 1994 à 18 ans de réclusion, Omar Raddad avait bénéficié d'une grâce partielle du président Jacques Chirac, puis d'une libération conditionnelle en 1998. Mais cette grâce n'a pas annulé la condamnation et n’a pas innocenté le jardinier marocain.
Sans possibilité de faire appel à l'époque, il avait au total passé plus de sept ans en prison.