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Les banques participatives loin de l’éclat annoncé

Dix-huit mois après son lancement en grande pompe, l’expérience a du mal à trouver ses marques


Hassan Bentaleb
Jeudi 20 Juin 2019

Cela fait près de 18 mois qu’elles sont opérationnelles. C’est assez pour se faire une idée de leur importance dans le secteur bancaire. L’on peut d’ores et déjà être trop peu flatteur. En effet, ces banques n’ont réussi à collecter que 1,6 milliard de DH et n’ont accordé qu’un total de 6,055 milliards de financements, soit à peine 1% de parts de marché, a indiqué Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al-Maghrib, lors d’une conférence de presse organisée mardi dernier à Rabat.
Ce dernier estime que ce bilan est normal et que le chemin est encore long devant ces banques participatives, tout en précisant que la Banque centrale n’impose aucune restriction entravant le développement de ce marché bancaire.
De son côté, Hicham Attouch, professeur d’économie à l’Université Mohammed V de Rabat, pense qu’il est trop tôt pour faire un bilan de cette expérience et qu’il faut suffisamment de temps pour que ces banques atteignent leur vitesse de croisière. Il nous a déjà déclaré dans l’édition de Libé du 10 décembre 2016 que ces nouvelles banques doivent patienter avant de se faire une place et que leurs produits seront plus chers pour des raisons purement techniques et non pas pour des raisons de marché avant de conclure qu’il ne faut pas s’attendre à une performance extraordinaire de ces banques lors des deux premières années de leur mise sur le marché.
Concernant l’actuel bilan de ces établissements, notre source nous a indiqué qu’il était attendu puisque les règles de concurrence ne sont pas équitables entre ces banques et celles classiques. Ceci d’autant plus qu’il y a absence de compétivité des produits des banques participatives. « Le client ne sent pas qu’il y a  une grande différence entre les produits bancaires classiques et ceux des banques participatives. Ceci d’autant plus que certains employés de ces banques notamment dans les établissements où il n’y a que des fenêtres, ne déploient pas assez d’efforts pour commercialiser ces produits participatifs ».
Pour Hicham Attouch,   les conditions nécessaires à même de permettre que cette expérience soit couronnée de succès ne sont pas encore réunies et qu’il y a des efforts à déployer dans ce sens. « Ces banques sont appelées à faire davantage au niveau de la communication de leurs produits et leur commercialisation. Il y a aussi un effort urgent qui doit être fait au niveau de la clarification des dispostifs relatifs aux assurances et à la fiscalité », nous a-t-il précisé. Et d’ajouter : « Il faut rappeler que l’assurance solidaire comme l’un des produits importants de ces banques n’a pas encore vu le jour et que le projet de loi la concernant est encore confiné dans le pipeline législatif ».  
Des préoccupations que partagent les acteurs du secteur eux-mêmes.  Selon nos confrères de la Vie Eco, Mouna Lebnioury, DG de Bank Al Yousr, a déclaré lors de la deuxième édition de son colloque scientifique organisé le 17 juin 2019 à Casablanca, que ces banques font face au manque d’un système informatique adapté aux besoins spécifiques de la finance participative, d’une stratégie de communication adéquate destinée à faire connaître la banque auprès des consommateurs et de ressources humaines compétentes.
En ce qui concerne la formation des ressources humaines, Mouna Lebnioury s’est dite “à moitié satisfaite, dans la mesure où les RH sont bien formées sur le volet théorique”, et a appelé les responsables des formations à fournir plus d’efforts sur le volet de la dynamique commerciale.
De son côté, Fatima Zahra Moussaddaq du Groupe Al Maali, un cabinet de conseil qui accompagne les banques participatives, a estimé que ces banques sont appelées à innover en matière des produits à offrir afin que cette industrie financière naissante se développe.  


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