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Valse diplomatique à l’algérienne : L’œuvre des militaires ou des intérimaires ?


Hassan Bentaleb
Samedi 24 Août 2019

L’Algérie tente de donner un nouveau souffle à sa diplomatie. Un vaste mouvement de changement d’ambassadeurs a été initié dernièrement par le chef d’Etat par intérim et touché plusieurs grandes capitales arabes (Rabat, Tunis,…) et européennes (Londres, Rome, Berne…) ; ciblant particulièrement les diplomates considérés comme des proches de l’ex-président Bouteflika ou de son entourage.
S’agit-il d’un mouvement surprise ? « Absolument pas, puisque ce mouvement devait avoir lieu il y a longtemps, nous a répondu Karim Kebir, journaliste politique à Alger. C’est la situation de blocage politique induite par le projet de 5ème mandat présidentiel et le choix d’un candidat consensuel à ce poste qui a conduit au report de ce mouvement diplomatique du fait que le changement relevait des seules attributions de l’ancien président de la république qui considérait les  Affaires étrangères comme sa chasse gardée ».
Selon notre source, le pouvoir ne peut pas reporter davantage ce mouvement et il est obligé d’insuffler du sang neuf à l’action diplomatique. « Il y une forme d’absence au niveau international due à la situation intérieure du pays. Et ce mouvement s’inscrit dans une nouvelle dynamique impulsée par le «Hirak » populaire toujours en activité depuis près de six mois. Le pouvoir a pris conscience qu’il ne pouvait pas conduire sa politique étrangère avec les mêmes figures qui ont servi Bouteflika et qu’il doit procéder à un changement des profils pour insuffler une nouvelle dynamique à l’action diplomatique du pays», nous a-t-elle précisé.
Peut-on parler d’un changement de cap de la diplomatie algérienne ? « Aujourd’hui, la situation du pays sur le plan intérieur n’est pas encore claire. On manque de visibilité politique. En d’autres termes, on est encore dans le flou le plus total. Peut-être que le régime a ses desseins propres mais ce n’est pas le cas pour le peuple qui réclame toujours une transition démocratique. L’action diplomatique n’échappe pas à ce contexte et elle le reflète. Mais, est-ce qu’il y aura un changement en profondeur de la politique étrangère du pays ? Sur le plan des fondamentaux, la réponse est négative. Il y aura certainement une amélioration au niveau des relations diplomatiques avec certains pays et particulièrement avec le Maroc. On s’attend à un dégel des relations diplomatiques en froid depuis longtemps. Aujourd’hui, les peuples algérien et marocain le réclament comme on a pu le constater lors de la dernière édition de la Coupe d’Afrique », nous a indiqué Karim Kébir. Et de poursuivre : «Il y aura des évolutions en fonction de la situation intérieure, mais c’est sûr qu’il y aura du changement et rien ne sera plus comme auparavant».
Qu’en est-il du profil des nouveaux ambassadeurs ? Entre autres, celui de Abdelaziz Ben Ali Cherif, ancien porte-parole du ministère des Affaires étrangères nommé ambassadeur d’Algérie à Rabat et qui attend son agrément par le Maroc, ou celui de Abdallah Baali, nommé à la tête de la mission diplomatique algérienne en France, ou Mohand Esalah désigné ambassadeur en Egypte, ou encore Toufik Milat, nouvel ambassadeur  en Espagne. « C’est une nouvelle génération de diplomates qui portent une nouvelle vision et qui n’ont surtout pas été impliqués dans les aniciennes luttes de clans du FLN ou alignés sur des positions idéologiques fermes comme Abdelkader Hadjar, 82 ans, en poste à Tunis depuis 2012 qui a porté tort à la diplomatie algérienne et qui a toujours eu la réputation d’être l’’homme des basses besognes des puissants », nous a révélé notre source.
Qui est derrière ce vaste mouvement diplomatique ? « L’acteur principal demeure inconnu du fait de l’opacité du régime algérien. On ne sait pas qui décide. Auparavant, Bouteflika était considéré comme l’homme qui prenait les décisions stratégiques prises au sommet de l’Etat mais en vérité, les décisions ont toujours été prises de manière collégiale. Dans la situation actuelle, c’est le président par intérim et l’armée qui semblent être aux commandes», nous a expliqué Karim Kébir. Et de conclure : « Mais, on peut supposer que ces nominations portent l’empreinte de Sabri Boukadoum, ministre des Affaires étrangères, ou du moins qu’il en a été le principal artisan puisque c’est  un fin connaisseur du secteur et un diplomate chevronné. Mais, on peut dire que ces nominations ont été décidées et validées par la présidence intérimaire et l’état-major général de l’armée qui ne semble pas être en pointe concernant les affaires étrangères ».

Des nominations à la pelle

Le chef de l’Etat algérien par intérim a procédé à un important mouvement au sein du corps diplomatique en procédant, jeudi 22 août, à la nomination de plusieurs ambassadeurs.
Le départ le plus significatif de l’ère post-Bouteflika est celui de Abdelkader Mesdoua, ambassadeur à Paris, qui avait gagné une célébrité malvenue à la suite des déclarations qu’il avait faites au moment où l’Algérie avait déjà basculé dans un mouvement de protestation pacifique massif à propos de la “capacité” du président Bouteflika à se représenter pour un 5ème mandat.  
Autre départ symbolique que d’aucuns jugent bien tardif, celui de Abdelkader Hadjar de Tunis qui est remplacé par Azouz Baalal.  
Abdelaziz Ben Ali Cherif, ancien porte-parole des Affaires étrangères devient, quant à lui, ambassadeur d’Algérie au Maroc où il remplace Ahmed Benyamina en poste depuis 2010.
Mohand Esalah a été désigné ambassadeur d’Algérie en Egypte, Toufik Milat l’a été en Espagne, Abdelkrim Tououahri hérite des Emirats arabes unis, et Ahmed Boutache de l’Italie.
Quant à Sofiane Mimouni, il a été nommé aux Etats-Unis, Abderahmane Ben Garah au Royaume-Uni, Ali Derouiche au Niger et Djamel Grine en Suisse.

 


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1.Posté par Test le 24/08/2019 00:36 (depuis mobile)
Avec des salaires exorbitants, en se grattant les ....

2.Posté par Nasser le 24/08/2019 18:21 (depuis mobile)
En quoi cela intéresse les Marocains?

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