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Le discours prononcé par le Premier secrétaire, Driss Lachguar, lors du Conseil national du 13 décembre 2025, a posé avec lucidité les fondements de cette orientation. Il ne s’agissait ni d’un exercice d’autosatisfaction ni d’un discours de circonstance, mais d’une mise en perspective politique assumée de la phase critique que traverse le parti et des exigences qu’elle impose à sa direction.
Une direction collective contre les logiques de fragmentation
Dans un environnement partisan dominé par la personnalisation excessive du pouvoir, les rivalités internes et les logiques clivantes, l’USFP affirme un choix politique clair: celui d’une direction collective fondée sur la gestion démocratique des divergences des approches et des appréciations. Driss Lachguar l’a exprimé sans ambiguïté devant les membres du Conseil national : «Nous entrons dans cette étape dans un esprit fondé sur la conciliation entre divergence et consensus, la compétition légitime et le désintéressement aux postes.»
Ce propos dépasse la simple rhétorique interne. Il traduit une conception exigeante de l’action partisane, dans laquelle l’unité ne se construit ni par l’effacement des différences ni par leur instrumentalisation, mais par le débat, la responsabilité partagée et le respect des règles collectives. Le Bureau politique n’est pas pensé comme un espace de domination ou d’exercice d’influences, mais comme un outil de pilotage politique au service d’un projet socialiste démocratique.
Le Premier secrétaire a d’ailleurs rappelé que c’est cette culture collective qui a permis à l’USFP de «renforcer sa place comme force politique influente et capable de faire face aux défis à venir». Un message qui renvoie directement à la vocation historique du parti : être une force de proposition et de transformation, et non un simple acteur de témoignage.
Du formalisme organisationnel à la responsabilité politique
L’un des apports majeurs du discours de Driss Lachguar concerne la clarification des critères ayant prévalu dans la composition du Bureau politique. En toute honnêteté, il a lui-même reconnu les limites des mécanismes organisationnels classiques : «Nos statuts permettent l’intégration d’un nombre déterminé de membres, mais cela ne suffit pas à refléter toutes les compétences dont regorge le parti.»
Cette déclaration marque une rupture avec une conception purement mécanique de la représentation interne. Elle affirme que, dans la phase actuelle, le critère qui prévaut à cet effet n’est pas celui d’assurer des équilibres d’une manière artificielle, comme c’est l’usage dans la plupart des formations politiques, mais celui de la capacité des personnes concernées à assumer des responsabilités politiques concrètes. Certes, la question centrale à laquelle la direction de l’USFP s’est trouvée confrontée est : qui choisir dans un parti qui regorge de compétences pour porter une fonction politique précise, pour incarner au mieux les aspirations et les attentes des Usfpéistes dans un contexte national marqué par la complexité des enjeux économiques, sociaux et institutionnels ? Mais elle a essayé d’y répondre avec habileté en conciliant l’expérience des uns, et le renouveau qu’apporteraient les autres.
Le choix opéré par l’USFP consacre une logique de compétence et de valeur ajoutée. Le Bureau politique est appelé à être un espace de travail, d’élaboration et de coordination, capable d’assurer le combat parlementaire, l’animation organisationnelle, la communication politique et la production d’alternatives crédibles. Comme l’a souligné Driss Lachguar, les profils retenus sont ceux «capables d’accompagner les transformations politiques, techniques et scientifiques», condition indispensable pour un parti qui prétend peser dans le débat public.
Rajeunir sans renier l’héritage militant
La recomposition du Bureau politique s’inscrit également dans une articulation réfléchie entre rajeunissement et continuité. L’USFP ne cède ni à la tentation de la rupture artificielle ni à l’immobilisme. Il assume un renouvellement générationnel conçu comme un choix stratégique, et non comme une opération cosmétique.
Le Premier secrétaire l’a rappelé avec clarté : « L’enjeu central est de renforcer la construction institutionnelle du parti et de développer ses outils de travail en phase avec les transformations politiques, technologiques et scientifiques. »
Dans un monde marqué par la révolution numérique, l’évolution rapide des modes de mobilisation et la recomposition des opinions publiques, un parti politique ne peut rester pertinent sans adapter ses méthodes et ses instruments. Le rajeunissement opéré au sein du Bureau politique vise ainsi à intégrer des compétences capables de dialoguer avec les nouvelles générations, d’investir l’espace médiatique et numérique, et de comprendre les mutations sociales en cours, tout en s’appuyant sur l’expérience et la mémoire militante du parti.
Gouvernance interne et crédibilité publique
La constitution du Bureau politique s’accompagne d’un soin particulier accordé aux instances de gouvernance interne, notamment les commissions d’arbitrage, d’éthique et de contrôle financier et administratif. Ce choix traduit une conviction fondamentale : la démocratie interne ne se limite pas à la désignation des dirigeants, elle suppose des règles, des contre-pouvoirs et une culture de la reddition des comptes.
En insistant sur les critères de compétence, d’indépendance et d’intégrité morale, la direction du parti affirme que la crédibilité politique se construit d’abord à l’intérieur. Gouverner le parti avec rigueur et transparence est une condition préalable pour prétendre porter un projet démocratique crédible à l’échelle nationale.
Un point de départ, mais non un aboutissement
La mise en place du Bureau politique de l’USFP, telle que présentée lors du Conseil national du 13 décembre 2025, ne constitue ni une fin en soi ni un exercice d’autosatisfaction. Elle marque un point de départ. Le véritable test sera politique : transformer la cohésion interne en positions claires, en initiatives audacieuses et en propositions à la hauteur des attentes sociales.
Dans un contexte de défiance généralisée, l’USFP entend démontrer qu’il n’est pas seulement un parti de mémoire, mais une force d’avenir, capable de contribuer à la reconstruction de la confiance démocratique et de porter un projet progressiste fondé sur la justice sociale, la démocratie et la dignité. C’est à cette condition que le renforcement organisationnel prendra tout son sens politique.
Par Mohamed Assouali
Bureau politique de l’Union socialiste des forces populaires (USFP)











