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Un Code qui ne tient pas la route

L’hécatombe se poursuit de plus belle


Hassan Bentaleb
Jeudi 3 Octobre 2013

Un Code qui ne tient pas la route
Le Code de la route fête son troisième anniversaire dans la douleur.  Les dernières statistiques officielles indiquent que le nombre d’accidents s’est élevé, durant la période allant de la fin du Ramadan jusqu’à aujourd’hui, à 11.543, soit  une hausse de 4,03% dont 243 accidents mortels (+0.83%). Les taux de blessés graves et légers ont eux aussi respectivement augmenté de 13% et 5%  durant cette même période. Des chiffres qui en disent long sur le bilan de l’application de la loi 52-05, défendue contre vents et marées par Karim Ghellab, ancien ministre de l’Equipement et du Transport et présenté, par lui, comme une solution miracle pour dissuader les mauvais conducteurs de commettre plus de carnages sur nos routes.
En effet, le Code de la route ne semble pas tenir toutes ses promesses. Trois années après sa promulgation, la façon de conduire des Marocains est restée telle quelle et la crainte de se voir appliquer des sanctions en cas de non-respect des règles (amendes, perte de points du permis de conduire, annulation du permis) n’a pas eu l’effet escompté.
En 2012, les routes marocaines ont enregistré  67.515 accidents de la circulation dont 3.434 mortels faisant  4.055 morts, soit moins de 11 morts par jour. Une situation similaire à celle de 2011 qui a enregistré  67.082 accidents corporels, soit une hausse de 2,48% par rapport à 2010 dont 3.636 accidents mortels (+14,30%) occasionnant 4.222 tués (+11,75%) et 12.482 blessés (+9,36%). Un tableau qui devra se noircir davantage si on lui ajoute le nombre de blessés graves qui ont atteint durant la même période 11.791 cas.  Des statistiques qui font du Royaume  le club des pays où les accidents de la circulation font le plus de victimes au monde. Pire, ces accidents coûteraient annuellement 11,5 milliards de dirhams.
« L’échec de l’application du Code de la route était prévu et nous avons été les premiers à le dire», nous a confié  Mustapha El Kihal, secrétaire général de la Fédération nationale des professionnels du transport (FNPT). Un échec dû, selon lui, à l’incompatibilité du nouveau dispositif avec le contexte culturel, économique et social marocain. «On ne peut pas importer des lois de l’étranger et les faire appliquer dans un contexte de sous-développement», a-t-il expliqué avant d’ajouter : «La lenteur enregistrée au niveau de l’application de la totalité des dispositifs du Code de la route démontre la justesse de notre thèse».   
Un scepticisme ressenti également chez Moustafa Chaaoun, secrétaire général du Syndicat marocain des professionnels du transport (SMPT). Pour lui, le bilan du Code est sans équivoque. Plusieurs dysfonctionnements et manquements ont entaché sa mise en application. «Depuis l’entrée en vigueur de la loi 52-05, les problèmes et les injustices vont crescendo», nous a-t-il lancé avant de poursuivre : «Pire, plusieurs décrets d’application sont encore en stand-by comme celui ayant trait à la délimitation des responsabilités que le ministre de la Justice transgresse souvent et l’octroi de la carte professionnelle sans parler de la question touchant à la protection sociale des professionnels de la route».
Une situation qui semble se figer puisque même le gouvernement Benkirane n’arrive pas  à la surmonter. « Le PJD a été parmi les partis politiques qui ont contesté la mise en application de la loi 52-05. Il a promis, une fois au pouvoir, de modifier ce texte législatif. Pourtant, deux ans après son investiture, aucune révision n’a été opérée», nous a précisé notre source.    
Que proposent donc ces professionnels? «Un relecture critique de la loi 52-05 avec la présence des professionnels, des représentants du ministères de l’Equipement et du Transport, de l’Intérieur et de la Justice», nous a déclaré Mustapha El Kihal. Selon lui, l’arsenal répressif mis en place a démontré ses limites et il est temps de réfléchir à d'autres solutions.  Une demande qui n’a rien de nouveau mais qui semble tomber dans les oreilles d’un sourd.


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