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Omar m'a tuer " La justice rejette la deuxième requête en révision d'Omar Raddad


Libé
Vendredi 14 Octobre 2022

Epilogue dans la saga judiciaire Omar Raddad ? Vingt-huit ans après sa condamnation pour le meurtre de Ghislaine Marchal, dont il s'est toujours dit innocent, l'ancien jardinier marocain a essuyé un nouveau revers, avec le rejet d'une deuxième requête en révision de son procès.
"La requête est déclarée irrecevable", a annoncé à l'AFP le conseil de la famille de Ghislaine Marchal, une information confirmée de source judiciaire.

Après avoir pris connaissance de la décision, rendue à huis clos par la commission d'instruction de la Cour de révision, l'avocate d'Omar Raddad s'est dite devant la presse "scandalisée". "Je ne lâcherai jamais Omar Raddad", a affirmé Me Sylvie Noachovitch, annonçant qu'elle "(saisirait) la Cour européenne des droits de l'Homme".
"Ma détermination est intacte", a-t-elle encore lancé, avant d'informer par téléphone son client de cette "mauvaise nouvelle".

L'ancien jardinier marocain de Ghislaine Marchal avait été condamné en 1994 pour le meurtre de cette dernière à dix-huit ans de réclusion criminelle, puis gracié partiellement mais pas innocenté.

Omar Raddad avait été désigné par l'inscription "Omar m'a tuer" tracée avec le sang de la victime, une faute de conjugaison qui a placé l'affaire parmi les dossiers criminels les plus célèbres et controversés de France.

Après un premier rejet il y a vingt ans, il avait déposé une nouvelle requête en révision de sa condamnation le 24 juin 2021, trente ans jour pour jour après la découverte du corps de Ghislaine Marchal, la riche veuve d'un équipementier automobile. Elle vivait à Mougins sur le Côte d'Azur.

La défense d'Omar Raddad fondait ses espoirs sur les progrès scientifiques en matière d'ADN et une loi qui assouplit les critères permettant d'obtenir la révision d'un procès.
En décembre, l'ex-jardinier avait obtenu de la commission d'instruction que soient diligentées des investigations complémentaires.

Ce supplément d'information visait à déterminer la portée des conclusions d'un expert en génétique sollicité par Me Noachovitch, concernant quatre ADN masculins non identifiés retrouvés en 2015 sur des scellés de la scène de crime et qui ne correspondent pas au profil génétique de l'ex-jardinier.

Ghislaine Marchal avait été retrouvée morte à 65 ans dans la chaufferie de sa propriété le 24 juin 1991. Deux inscriptions accusatoires en lettres de sang - "Omar m'a tuer" et "Omar m'a t" - avaient été découvertes sur deux portes.

Dans des notes de 2019 et de 2020, l'expert en génétique révélait l'importance d'un des quatre ADN masculins inconnus, présent en de nombreux endroits et notamment sur l'inscription "Omar m'a t", seul ou mélangé avec le sang de la victime.
L'expert favorisait l'hypothèse d'un dépôt de l'ADN lors des faits et non d'une "pollution" ultérieure, notamment par les enquêteurs.

En d'autre termes, ces traces génétiques auraient pu être déposées par l'auteur de l'inscription, qui ne serait alors pas Ghislaine Marchal mais potentiellement le véritable meurtrier, estimait la défense d'Omar Raddad.

L'avocate de l'ancien jardinier avait par ailleurs présenté en mai de nouveaux éléments, issus cette fois d'une "enquête secrète" de la gendarmerie entre 2002 et 2004, après les confidences d'une informatrice sur un possible mobile crapuleux.

Me Noachovitch demandait notamment la désignation d'un laboratoire spécialisé dans la recherche en parentèle pour déterminer à qui appartiennent les ADN inconnus retrouvés sur les inscriptions accusatoires.

Dans sa décision, la commission d'instruction a notamment estimé que "la découverte de nouvelles empreintes ne suffit pas, à elle seule, à établir leur rapport avec les faits, ces traces ayant pu être laissées antérieurement ou postérieurement au meurtre".
Sans possibilité de dater le dépôt de ces traces génétiques, leur lien direct avec le crime ne peut être établi.
La commission d'instruction a considéré de même pour les éléments issus de l'enquête de gendarmerie.

Dans un communiqué transmis à l'AFP, la famille de Ghislaine Marchal dit "(prendre) acte" de la décision de rejet, dont elle "souhaite" qu'elle "mette un terme définitif à une affaire douloureusement vécue par elle".
Elle dit par ailleurs ses regrets "que cette affaire fasse l'objet depuis trente ans d'une agitation médiatique, attisée par certains en recherche de notoriété".


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