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La gravité de cette situation apparaît clairement à travers plusieurs accidents récents révélant la fragilité de certaines pratiques de transport. A titre d’exemple, l’incident survenu dans la ville d’Asilah, ainsi qu’un autre à proximité de Lyon en France, illustrent de manière dramatique les conséquences directes de la surcharge et d’une mauvaise répartition des marchandises. Dans ces deux cas, les camions se sont renversés après avoir perdu leur équilibre, des faits documentés par des images qui ne représentent malheureusement pas des exceptions, mais un reflet fidèle du quotidien de nombreux conducteurs soumis à la pression des délais et à la tentation d’augmenter la charge transportée, dans un contexte où les trajets sont longs et les périodes de repos souvent insuffisantes.
La surcharge ne constitue pas uniquement une infraction légale : elle représente une menace directe et immédiate pour la vie des conducteurs, des usagers de la route et pour la sécurité publique. Une charge excessive élève le centre de gravité du véhicule, augmente considérablement les risques d’instabilité, de renversement, de rupture mécanique ou de perte totale de contrôle. A cela s’ajoute le manque d’entretien régulier de certains véhicules, ainsi que l’absence de contrôles techniques rigoureux, rendant certaines unités roulantes tout simplement inaptes aux longues distances qui exigent une fiabilité mécanique irréprochable.
Les conducteurs du transport international subissent également un autre danger majeur : l’épuisement. La conduite pendant de très longues heures sans pause adéquate diminue la vigilance, ralentit la capacité de réaction et multiplie les risques d’accidents graves. Sous la pression constante des entreprises de transport et des obligations strictes liées aux créneaux portuaires européens, le conducteur devient la partie la plus vulnérable d’un système qui manque encore d’un cadre suffisamment rigoureux et équilibré entre performance économique et respect des droits humains et professionnels.
L’accident d’Asilah illustre de façon exemplaire les conséquences de l’absence de contrôle strict et de l’accumulation de facteurs de risque. Il ne s’agit pas d’un incident isolé, mais d’un signal d’alarme révélant l’urgence d’une révision profonde et sérieuse de l’ensemble du secteur.
Responsabilités nécessaires : police, gendarmerie, douane
Pour faire face à ces dérives, il est impératif que les autorités compétentes renforcent leur présence et leur vigilance :
1. Rôle de la police et de la gendarmerie
Intensifier les contrôles de poids aux postes routiers et autoroutiers.
Vérifier systématiquement l’état technique des véhicules, notamment les freins, les pneus, l’éclairage et les dispositifs de sécurité.
Sanctionner sévèrement les infractions relatives à la surcharge, à la falsification des documents de transport ou à la non-application des temps de repos légaux.
Assurer une surveillance renforcée sur les axes stratégiques utilisés par le transport international.
2. Rôle de la douane
Contrôler précisément la déclaration des marchandises et leur quantité réelle avant autorisation d’embarquement.
Empêcher la sortie du territoire de camions en surcharge ou dont les documents ne respectent pas les normes européennes.
Collaborer avec les autorités européennes pour harmoniser les exigences techniques et sécuritaires, évitant ainsi les litiges et les immobilisations de véhicules à l’arrivée.
Solutions indispensables pour restaurer la sécurité et la crédibilité du secteur
Mise en place d’un système national de pesage obligatoire, connecté à une base de données centralisée pour éviter toute manipulation.
Alignement strict sur les normes de sécurité européennes, notamment en matière de contrôle technique, d’arrimage et de répartition du chargement.
Formation continue et obligatoire pour les conducteurs, incluant la gestion de la fatigue, la sécurité routière, et les procédures de transport international.
Responsabilisation des entreprises de transport, avec une obligation de transparence et des sanctions en cas d’imposition de pratiques dangereuses.
Création d’un mécanisme d’audit annuel pour contrôler les transporteurs et évaluer leur conformité.
Développement d’aires de repos certifiées pour garantir le respect des pauses obligatoires.
Le développement et la compétitivité du transport international marocain vers l’Europe dépendent directement de la capacité des acteurs publics et privés à corriger ces dysfonctionnements structurels. Protéger les vies humaines, sécuriser les routes et renforcer la fiabilité du secteur doivent constituer des priorités absolues.
Le transport international n’est pas seulement un mouvement de marchandises : c’est un système complexe qui exige discipline, professionnalisme, transparence et contrôle permanent. Sans une action rigoureuse et coordonnée impliquant la police, la gendarmerie, la douane et les acteurs du secteur, ce pilier économique essentiel risque de devenir une source croissante de dangers et de pertes humaines.
J.G










