Dans « L’Eau trouble : le Rif, la source et la cendre» de l’écrivaine Touria Uakkas (Dar Basma, octobre 2025), le destin du Rif ne se raconte pas seulement à travers les batailles et les famines, mais il pulse dans le sang de ses femmes.
A travers le personnage tripartite de Hajja Zahra, Fatima et Nadia, le roman déploie une généalogie de la résistance, une chaîne d’or féminin où la mémoire, l’épreuve et le combat se transmettent comme un héritage sacré. Elles sont, ensemble, les gardiennes de la source qui incarnant son passé, son présent troublé et son futur espéré.
Hajja Zahra : La racine et la sagesse (Le passé qui enseigne)
Hajja Zahra est bien plus qu’une aïeule; elle est l’incarnation même du patrimoine rifain. Elle est la mémoire vivante, la bibliothèque humaine où sont conservés les récits, les rituels, les savoirs artisanaux, les Izran et le chant secret de la source. Elle ne possède pas; elle transmet.
La Forgeuse d’âmes : Son rôle n’est pas passif. Elle «forge les générations du futur» en leur inculquant, par la parole et l’exemple, un pacte immémorial avec la terre. Elle enseigne que la source n’est pas une ressource, mais un être vivant, un membre de la famille. Elle est la gardienne de l’équilibre originel, celle qui comprend que la sécheresse de la terre commence par une sécheresse du cœur.
Le Pilier inébranlable : Face aux guerres, elle représente la permanence. Elle est le rocher contre lequel viennent se briser les vagues de l’histoire. Sa force ne réside pas dans la révolte frontale, mais dans une résistance organique et patiente, semblable à celle des racines qui tiennent la montagne. Elle est le lien tangible avec un âge d’or révolu, mais dont les principes restent vrais.
Son plus grand acte, peut-être, est la transformation de Fatima. Face à la douleur de la jeune fille, elle ne se contente pas de consoler ; elle redirige un destin brisé.
Fatima : Le cœur meurtri et le courage (Le présent qui affronte)
Si Zahra est la racine, Fatima est le tronc, solide et noueux, qui a su résister aux tempêtes. Son parcours est celui d'une transmutation alchimique de la douleur en force.
De la romance à la résilience : Jeune femme romantique, son monde s’effondre avec la mort de son fiancé à la guerre. Cette mort est emblématique de toutes les déceptions et de tous les sacrifices imposés au Rif. Elle est au bord de l’anéantissement. Mais Hajja Zahra intervient et lui enseigne la leçon la plus cruciale : la vie, comme la source, doit continuer à couler, même sur un lit de pierres.
L’Acceptation d'un devoir : Son mariage avec un autre homme (son cousin Driss) n’est pas présenté comme un simple remariage, mais comme un acte de responsabilité envers le Rif. «Donner du sang neuf» est sa mission. Elle incarne la génération du sacrifice silencieux et de l’endurance. Elle traverse les deuils, les guerres, les famines et l’exil en tenant ferme le foyer, dernier rempart contre le chaos.
La Passeuse de mémoire : Son courage n’est pas joyeux, il est tragique et déterminé. Elle «garde la mémoire du Rif et de la source» non pas avec la sagesse sereine de Zahra, mais avec la fidélité opiniâtre de celle qui a tout perdu sauf cela. Elle devient le pont entre le savoir ancestral de l’aïeule et la modernité de Nadia, transmettant un flambeau qu’elle a elle-même brûlé.
III. Nadia : Le poing levé et l’espoir (Le futur qui se bat)
Nadia est l'aboutissement et la rupture. Elle est le fruit mûri par les leçons de Zahra transmis par sa grand-mère Fatima et nourri par les épreuves de cette dernière. Jeune étudiante, elle représente la conscience qui émerge et le passage de la mémoire à l’action.
L'Élève qui dépasse le maître : Elle n’a pas vécu les mêmes épreuves que sa grand-mère, mais elle en a intégré l’essence. Elle a «appris les leçons» de Hajja Zahra, mais elle les traduit dans le langage de son temps. La mémoire n’est plus un trésor à chérir, mais une arme à brandir.
La Militante écologique : Son combat pour «sauver la source» est la matérialisation du pacte ancestral. En défendant l’eau contre les ravages du cannabis et de l’exploitation, elle ne défend pas seulement une ressource ; elle défend l’héritage de ses aïeules, et l’avenir de sa terre. Elle incarne la rédemption annoncée. Son retour au Rif n’est pas un repli, mais une reconquête.
La Synthèse parfaite : En elle, la sagesse de Zahra et la ténacité de Fatima se fusionnent pour créer une force nouvelle : l’action éclairée. Elle est celle qui peut nommer le mal (« trahison écologique ») et y opposer une résistance organisée. Elle est l’espoir que la source, après avoir été troublée, peut retrouver sa clarté.
A travers le personnage tripartite de Hajja Zahra, Fatima et Nadia, le roman déploie une généalogie de la résistance, une chaîne d’or féminin où la mémoire, l’épreuve et le combat se transmettent comme un héritage sacré. Elles sont, ensemble, les gardiennes de la source qui incarnant son passé, son présent troublé et son futur espéré.
Hajja Zahra : La racine et la sagesse (Le passé qui enseigne)
Hajja Zahra est bien plus qu’une aïeule; elle est l’incarnation même du patrimoine rifain. Elle est la mémoire vivante, la bibliothèque humaine où sont conservés les récits, les rituels, les savoirs artisanaux, les Izran et le chant secret de la source. Elle ne possède pas; elle transmet.
La Forgeuse d’âmes : Son rôle n’est pas passif. Elle «forge les générations du futur» en leur inculquant, par la parole et l’exemple, un pacte immémorial avec la terre. Elle enseigne que la source n’est pas une ressource, mais un être vivant, un membre de la famille. Elle est la gardienne de l’équilibre originel, celle qui comprend que la sécheresse de la terre commence par une sécheresse du cœur.
Le Pilier inébranlable : Face aux guerres, elle représente la permanence. Elle est le rocher contre lequel viennent se briser les vagues de l’histoire. Sa force ne réside pas dans la révolte frontale, mais dans une résistance organique et patiente, semblable à celle des racines qui tiennent la montagne. Elle est le lien tangible avec un âge d’or révolu, mais dont les principes restent vrais.
Son plus grand acte, peut-être, est la transformation de Fatima. Face à la douleur de la jeune fille, elle ne se contente pas de consoler ; elle redirige un destin brisé.
Fatima : Le cœur meurtri et le courage (Le présent qui affronte)
Si Zahra est la racine, Fatima est le tronc, solide et noueux, qui a su résister aux tempêtes. Son parcours est celui d'une transmutation alchimique de la douleur en force.
De la romance à la résilience : Jeune femme romantique, son monde s’effondre avec la mort de son fiancé à la guerre. Cette mort est emblématique de toutes les déceptions et de tous les sacrifices imposés au Rif. Elle est au bord de l’anéantissement. Mais Hajja Zahra intervient et lui enseigne la leçon la plus cruciale : la vie, comme la source, doit continuer à couler, même sur un lit de pierres.
L’Acceptation d'un devoir : Son mariage avec un autre homme (son cousin Driss) n’est pas présenté comme un simple remariage, mais comme un acte de responsabilité envers le Rif. «Donner du sang neuf» est sa mission. Elle incarne la génération du sacrifice silencieux et de l’endurance. Elle traverse les deuils, les guerres, les famines et l’exil en tenant ferme le foyer, dernier rempart contre le chaos.
La Passeuse de mémoire : Son courage n’est pas joyeux, il est tragique et déterminé. Elle «garde la mémoire du Rif et de la source» non pas avec la sagesse sereine de Zahra, mais avec la fidélité opiniâtre de celle qui a tout perdu sauf cela. Elle devient le pont entre le savoir ancestral de l’aïeule et la modernité de Nadia, transmettant un flambeau qu’elle a elle-même brûlé.
III. Nadia : Le poing levé et l’espoir (Le futur qui se bat)
Nadia est l'aboutissement et la rupture. Elle est le fruit mûri par les leçons de Zahra transmis par sa grand-mère Fatima et nourri par les épreuves de cette dernière. Jeune étudiante, elle représente la conscience qui émerge et le passage de la mémoire à l’action.
L'Élève qui dépasse le maître : Elle n’a pas vécu les mêmes épreuves que sa grand-mère, mais elle en a intégré l’essence. Elle a «appris les leçons» de Hajja Zahra, mais elle les traduit dans le langage de son temps. La mémoire n’est plus un trésor à chérir, mais une arme à brandir.
La Militante écologique : Son combat pour «sauver la source» est la matérialisation du pacte ancestral. En défendant l’eau contre les ravages du cannabis et de l’exploitation, elle ne défend pas seulement une ressource ; elle défend l’héritage de ses aïeules, et l’avenir de sa terre. Elle incarne la rédemption annoncée. Son retour au Rif n’est pas un repli, mais une reconquête.
La Synthèse parfaite : En elle, la sagesse de Zahra et la ténacité de Fatima se fusionnent pour créer une force nouvelle : l’action éclairée. Elle est celle qui peut nommer le mal (« trahison écologique ») et y opposer une résistance organisée. Elle est l’espoir que la source, après avoir été troublée, peut retrouver sa clarté.
Autres articles
-
Présentation à Washington de l'édition anglaise de "La renaissance amazighe : comme j’ai vécu sa naissance et son évolution" de feu Brahim Akhiate
-
L’œuvre du romancier Abderrahim Kamal au cœur d’une journée d’étude à l’Université Moulay Ismaïl de Meknès
-
Ouverture du Salon du livre de Montréal avec la participation du Maroc
-
SILEJ de Casablanca, l'occasion rêvée pour les enfants d'une passionnante plongée dans l'univers des arts et de la création
Le chœur des gardiennes
Ensemble, Zahra, Fatima et Nadia forment un chœur tragique et sublime. Elles racontent une histoire où la résilience est un attribut féminin. Zahra est la Foi (en la tradition), Fatima est l’Espérance (en un avenir malgré tout), et Nadia est l’Action (l’amour agissant pour sa terre et son peuple).
Touria Uakkas, à travers ce triptyque magnifique, affirme que l’écologie au Rif est indissociable de la préservation de la mémoire et de l’émancipation des consciences. La source est sauvée parce que trois femmes, à trois époques différentes, ont refusé de la laisser mourir en elles. Le roman devient ainsi une ode splendide à la transmission en démontrant que les véritables sources de vie ne sont pas seulement celles qui jaillissent de la terre, mais celles qui coulent inlassablement d’une génération de femmes à l’autre.
Ensemble, Zahra, Fatima et Nadia forment un chœur tragique et sublime. Elles racontent une histoire où la résilience est un attribut féminin. Zahra est la Foi (en la tradition), Fatima est l’Espérance (en un avenir malgré tout), et Nadia est l’Action (l’amour agissant pour sa terre et son peuple).
Touria Uakkas, à travers ce triptyque magnifique, affirme que l’écologie au Rif est indissociable de la préservation de la mémoire et de l’émancipation des consciences. La source est sauvée parce que trois femmes, à trois époques différentes, ont refusé de la laisser mourir en elles. Le roman devient ainsi une ode splendide à la transmission en démontrant que les véritables sources de vie ne sont pas seulement celles qui jaillissent de la terre, mais celles qui coulent inlassablement d’une génération de femmes à l’autre.
Par Imane El Halimi
HEM, Casablanca
HEM, Casablanca









Présentation à Washington de l'édition anglaise de "La renaissance amazighe : comme j’ai vécu sa naissance et son évolution" de feu Brahim Akhiate

