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Les pluies sont de retour au Maroc. Les conditions météorologiques actuelles s’inscrivent dans une configuration atmosphérique connue, marquée par la présence d’une vallée planétaire associée à des gouttes froides et à des fronts froids d’origine atlantique. D’un point de vue strictement climatologique, ce type de situation ne constitue pas un phénomène exceptionnel. Il relève de dynamiques atmosphériques bien documentées dans les latitudes moyennes et fait partie des régimes météorologiques saisonniers susceptibles d’affecter le pays.
Cependant, si le mécanisme météorologique en lui-même est relativement classique, les impacts observés sur le terrain interrogent de manière plus large la vulnérabilité des territoires urbains et la capacité des systèmes de gestion à absorber des chocs hydrométéorologiques pourtant prévisibles. Les récents épisodes pluvieux ont mis en évidence, dans plusieurs villes marocaines, des perturbations significatives du fonctionnement urbain, allant des inondations localisées à la paralysie partielle des réseaux de transport et de services. Le cas de la ville de Safi illustre particulièrement ces dynamiques, avec des précipitations intenses ayant entraîné des ruissellements rapides, la saturation des réseaux d’évacuation des eaux pluviales et l’inondation de certains quartiers.
Bilan provisoire
En effet, et selon un bilan provisoire des autorités locales de la région de Safi, suite aux pluies orageuses extrêmement violentes qui ont frappé la région et provoqué des inondations exceptionnelles en une très courte période (une heure), 37 cas de décès ont été enregistrés dus aux crues torrentielles qui ont envahi plusieurs maisons et commerces, tandis que 20 autres personnes ont été prises en charge médicalement à l'hôpital Mohammed V de Safi.
Concernant les dommages matériels, la ville de Safi a particulièrement subi de multiples dégâts : un bilan préliminaire fait état de l’inondation par les eaux de pluie de 70 maisons et commerces dans la médina de Safi, notamment à rue Bir Anzarane et à la place Abu Dhahab; du balayage par les crues d'environ 10 voitures et de la dégradation du tronçon routier reliant Safi au centre de la commune d’Ahrara sur la route régionale 2300, avec interruption de la circulation sur plusieurs axes en ville.
Des politiques en faillite
Pour plusieurs experts en climatologie, « ces effets ne peuvent être interprétés uniquement comme la conséquence directe d’un aléa naturel. Ils résultent de l’interaction entre cet aléa et des facteurs structurels liés à l’aménagement urbain, à la planification territoriale et à la gestion des infrastructures ». « Plusieurs éléments contribuent à expliquer la récurrence de ce type de situation : urbanisation rapide favorisant l’imperméabilisation des sols, réseaux d’assainissement inadaptés aux pluies intenses, et déficits en bassins de rétention et maintenance », soutiennent plusieurs spécialistes. Et d’ajouter : « Ces vulnérabilités sont connues et largement documentées par les travaux en géographie urbaine, en hydrologie et en sciences de l’environnement. Pourtant, elles continuent de produire leurs effets à chaque épisode pluvieux significatif, suggérant un décalage persistant entre le diagnostic scientifique et la mise en œuvre opérationnelle de politiques d’adaptation ».
Pour les experts, « le contexte de changement climatique, avec une variabilité accrue (sécheresses alternant avec précipitations intenses), suscite la question centrale de l’adaptation structurelle des villes marocaines, impliquant une intégration du risque climatique dans l’urbanisme et une coordination renforcée des gouvernances territoriales ».
Responsabilité éclatée
A ce propos, ces spécialistes rappellent que « l’Etat affiche depuis des années une volonté politique en matière d’adaptation au changement climatique, à travers des stratégies nationales, programmes sectoriels et engagements internationaux ». Toutefois, nuancent-ils « cette volonté se heurte à une mise en œuvre fragmentée, souvent bureaucratique, où les priorités climatiques peinent à se traduire en investissements concrets dans les territoires les plus exposés. La planification reste largement descendante, technocratique, et déconnectée des réalités locales, transformant les villes moyennes comme Safi en angles morts de la politique climatique nationale ».
Du côté des collectivités territoriales, «la situation n’est guère plus rassurante, soulignent certains experts. Les communes, en première ligne face aux inondations, disposent de marges de manœuvre financières et techniques extrêmement limitées. Leur responsabilité est cependant régulièrement invoquée une fois la crise survenue, dans un jeu institutionnel où la décentralisation sert parfois d’alibi à l’inaction de l’Etat central. Cette gouvernance à responsabilités éclatées aboutit à une gestion réactive du risque : on intervient après les dégâts, rarement avant ».
Les agences publiques, quant à elles, incarnent une autre facette du problème. Multipliées au fil des réformes, souvent dotées d’expertises techniques reconnues, elles souffrent d’un déficit de coordination et de lisibilité. « Entre agences de bassins hydrauliques, opérateurs de l’assainissement, agences urbaines et services déconcentrés, les compétences se chevauchent sans qu’une autorité claire n’assure la cohérence d’ensemble. Le résultat est une gouvernance fragmentée, où chacun gère sa parcelle de responsabilité sans vision globale du risque climatique », observent les spécialistes.
Injustice territoriale manifeste
Cette architecture institutionnelle produit ainsi, selon toujours les experts, une injustice territoriale manifeste. Les investissements en infrastructures de protection contre les inondations se concentrent prioritairement dans les grandes métropoles et les zones à forte visibilité politique ou économique. Les villes moyennes et les quartiers populaires restent structurellement sous-protégés, exposant leurs habitants à des risques récurrents. Le climat devient ainsi révélateur d’un Etat à géométrie variable, présent là où l’enjeu est stratégique, absent là où vivent les populations les plus vulnérables.
« La vigilance nationale régulièrement invoquée ne saurait masquer ces responsabilités institutionnelles. Gouverner le climat ne se résume pas à produire des alertes ou à gérer l’urgence ; cela suppose des choix clairs, une hiérarchisation des priorités et une véritable culture de l’anticipation. Tant que l’Etat, les collectivités et les agences continueront d’agir en silos, sans mécanismes robustes de coordination et de redevabilité, des villes comme Safi resteront exposées aux mêmes scénarios de crise », indique l’un des interlocuteurs. Et de conclure : « En définitive, les épisodes observés à Safi ne doivent pas être appréhendés comme des anomalies isolées, mais comme des signaux révélateurs de fragilités structurelles. L’analyse scientifique invite à dépasser une lecture événementielle des inondations pour les inscrire dans une réflexion de long terme sur la résilience urbaine, la planification territoriale et la gouvernance du risque climatique ».
Hassan Bentaleb
Des chutes de neige, de fortes averses localement orageuses, ainsi que de fortes rafales de vent sont attendues jusqu’ à mercredi dans plusieurs provinces du Royaume, indique la Direction générale de la météorologie (DGM).
Ainsi, des chutes de neige sont attendues de mardi à minuit à mercredi à midi, avec des accumulations pouvant atteindre 50 à 80 cm dans les provinces d'Al Haouz, Ouarzazate et Azilal et entre 30 et 50 cm à Ifrane, Chichaoua, Béni Mellal, Khénifra, Midelt, Taroudant et Tinghir, précise la DGM dans un bulletin d’alerte de niveau de vigilance "orange".
Les provinces de Sefrou, Al Hoceima, Chefchaouen, Guercif, Taza et Boulemane connaîtront durant la même période des chutes de neige de 10 à 30 cm.
Par ailleurs, de fortes averses localement orageuses sont prévues jusqu’à mardi à 15h00 avec des hauteurs estimées à 45 à 65 mm à Taounate, Al Hoceima, Ouezzane, Chefchaouen, Khénifra, Ifrane, Béni Mellal, Azilal, Al Haouz et Taza et entre 35 et 45 mm à Mohammedia, Sefrou, Fès, Moulay Yaâcoub, Fquih Ben Salah, Khémisset, El Kelaâ des Sraghna, Settat, Khouribga, Sidi Slimane, Sidi Kacem, Berrechid, Benslimane, Kénitra, Mediouna, Casablanca, Rabat, Nouaceur, Skhirat-Témara, Salé, Tanger-Assilah, Larache, Fahs-Anjra, M'diq-Fnideq, Tétouan, El Hajeb et Meknès.
Egalement, des averses atteignant 25 à 35 mm sont attendues à Marrakech, Rehamna, Youssoufia, Chichaoua, Sidi Bennour, Safi, Essaouira et El Jadida, poursuit la même source.
En outre, de fortes rafales de vent allant de 75 à 85 km/h toucheront les provinces d'Ouarzazate, Taroudant, Zagora, Tata, Sidi Ifni, Al Haouz, Guelmim, Tiznit, Azilal, Midelt, Boulemane, Guercif, Tinghir et Taourirt, de mardi à 06h00 à mercredi à 06h00, ajoute le bulletin.
La Direction provinciale du ministère de l’Education nationale, du Préscolaire et des Sports à Safi a annoncé la suspension des cours dans l’ensemble des établissements scolaires de la province pour une durée de trois jours, en raison des mauvaises conditions météorologiques.
"Suite aux pluies torrentielles sous orage, qui se sont abattues sur la province de Safi, il a été décidé, en coordination avec les autorités provinciales, de suspendre les cours dans tous les établissements scolaires de la province les lundi, mardi et mercredi, à titre de mesure préventive", indique la Direction provinciale de l'éducation nationale, du préscolaire et des sports dans un communiqué.
Cette décision intervient en interaction avec les bulletins d’alerte émis par la Direction générale de la météorologie, et par souci de préserver la sécurité des élèves ainsi que des cadres pédagogiques et administratifs face aux risques liés aux inondations, qui exigent vigilance et prudence, précise le communiqué.
Une coordination a été établie avec les chefs des établissements scolaires afin de veiller à la sécurité des élèves et des cadres pédagogiques et administratifs, notamment à travers l’activation de la cellule locale de veille, la coordination avec l’ensemble des intervenants et des autorités locales, la prise de toutes les mesures préventives, ainsi que l’interaction immédiate avec les bulletins d’alerte émis par la Direction générale de la météorologie, ajoute le communiqué.
La même source a indiqué que deux écoles primaires ont été touchées par des inondations, sans toutefois enregistrer de pertes humaines, suite aux précipitations exceptionnelles qu’a connues la province dimanche dernier.











