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Au-delà des commentaires économiques que cela pourrait susciter, parce que les problèmes du marché boursier casablancais sont nombreux et sont, d’une manière générale, liés au caractère archaïque de la Place, on pourrait avancer que le projet de décret en question constitue une avancée importante dans le dispositif du règlement général de la Bourse de Casablanca.
On pourrait se demander pourquoi un tel décret et pourquoi maintenant. On voudrait bien croire que le nouveau texte, une fois mis en œuvre, pourrait contribuer à encadrer et rendre plus transparents ces fameux «programmes de rachat» qui, d’une année à l’autre, ont pris plus d’épaisseur, plus d’ampleur, dans un but autre que la simple «régularisation des cours» de bourse des valeurs cotées ! Il faut dire que Casablanca mérite plus qu’un simple texte. Elle a besoin de plus d’égard, de plus d’attention pour qu’elle puisse être fondamentalement plus saine.
Il y a, en effet, ce paradoxe : plus les «programmes de rachat» se multiplient, moins les cours en bourse montent, plus le flottant sur le marché s’amenuise. Les grands gagnants ? Ce sont, bien entendu, ces mêmes sociétés qui procèdent au rachat de leurs propres actions, généralement au bas de la fourchette annoncée. Une opération bien «orchestrée» qui permet, à la fois, de réduire le coût du capital et de gonfler les marges bénéficiaires. Il est certes difficile de qualifier ces opérations de «délits» ou «d’abus de marché», mais le soupçon était dans l’air.
Le régulateur du marché semble -depuis un an, c’est-à-dire depuis pratiquement la nomination de Hassan Boulaknadel à la tête du Conseil déontologique des valeurs mobilières (CDVM)- se mobiliser pour contrer tous les «abus» possibles ou potentiels de marché. Après la série de malversations qui ont entaché l’étique de la Place, le régulateur voulait rétablir la crédibilité de Casablanca et des professionnels marocains. Même si le régulateur communique peu, l’on sait qu’il est sur plusieurs fronts, ouvrant de nouveaux chantiers visant globalement à actualiser le règlement général en matière de régulation des appels publics à l’épargne, des offres publiques ainsi que les modalités de gestion du marché. Des chantiers d’envergure stratégique qui supposent de gros moyens et des compétences humaines, si l’on veut arrimer Casablanca aux meilleurs standards internationaux, en vigueur à Euronext, par exemple, et les principales Places financières internationales.
Il est vrai que le monde boursier marocain est un «modèle» à part, qui n’échappe pas aux tensions et aux critiques. Durant sa petite histoire, la Bourse de Casablanca, faute d’avoir capitalisé sur ses premiers acquis (développement de la plate-forme technologique en matière de règlement-livraison; renforcement de la profondeur du marché par le recrutement de nouvelles sociétés; diversification des produits dérivés et à termes; amélioration de l’information financière, etc.), ne pouvait que sombrer dans la morosité et l’archaïsme. Et, aujourd’hui, elle peine encore, après presque quatre années successives de tergiversations, à sortir de son marasme, à entamer un basculement vers le changement. Pour plus de maturité et de professionnalisme.
Place compétitive
Ceci dit, on sent un balbutiement d’activisme, notamment au niveau du CDVM. Tant mieux. Car, comment peut-on imaginer Casablanca comme Place financière compétitive, alors qu’elle souffre d’un problème de crédibilité ? Je serais tenté de rappeler qu’en matière d’étique, sur les principales places internationales, on vend d’abord la crédibilité : les Anglais vendent la crédibilité de Londres, les Américains celle de Wall Street, etc.
Chez-nous, il n’y a pas de doute, Casablanca a un potentiel de Place qu’elle doit construire. Reste à savoir si les autorités de marché vont se montrer plus impliquées, plus engagées pour faire aboutir le projet de Place financière, comme le voulait Sa Majesté le Roi Mohammed VI, en nommant Saïd Ibrahimi en tant que pilote de ce projet grandiose. On se demande aussi si le CDVM va se montrer encore plus inflexible sur les questions d’éthique et de bonne gouvernance du marché boursier ? Car dans le contexte macroéconomique de nos jours, caractérisé par le relâchement de la croissance mondiale, le Maroc doit tirer les leçons et se mettre rapidement au travail pour être au rendez-vous de 2012 !
Quelques chiffres renseignent sur la modestie relative de Casablanca. Depuis plusieurs années déjà, la capitalisation boursière oscille aux alentours de 500 et 550 milliards DH. Les introductions se font rares, sinon totalement absentes, depuis 2008. De peur d’être transparentes, les entreprises marocaines préfèrent financer leur croissance par dette bancaire (on connait la suite : surcharge des couts de production et donc faible compétitivité…).
Certes, il y a eu cette sortie tonitruante des deux mastodontes de la Place ONA-SNI, qui vont probablement donner un coup de fouet au capitalisme marocain, mais, comme dirait l’autre, une hirondelle ne fait pas le printemps. Et le printemps du capitalisme marocain tarde encore à fleurir.