Le Congrès annuel de la SMCR trace la voie d’une médecine d’avenir

Casablanca accueille les pionniers de la chirurgie robotique


M.O
Vendredi 19 Septembre 2025

Experts marocains et internationaux se réunissent pour penser le futur d’une chirurgie plus précise, plus sûre et accessible à tous

Le Congrès annuel de la SMCR trace la voie d’une médecine d’avenir
Casablanca accueille ce samedi un rendez-vous que beaucoup considèrent déjà comme un jalon dans l’histoire récente de la médecine marocaine : le congrès annuel de la Société marocaine de chirurgie robotique.

Le programme officiel déploie une journée dense et exigeante où se côtoient conférences à haute valeur scientifique, sessions plénières internationales et séries de chirurgies enregistrées en direct, le tout au DoubleTree by Hilton de la métropole économique. L’esprit du congrès est clair : mettre en perspective l’essor fulgurant de la chirurgie robotique au Maroc, confronter expériences et standards, et tenter de dessiner les contours d’une implantation durable et équitable de ces technologies sur le territoire.

Ce qui se vit aujourd’hui à Casablanca n’est pas seulement une succession de communications savantes. C’est l’expression d’une ambition nationale de faire entrer le Royaume dans l’ère de la chirurgie robotique. L’accélération est tangible : des équipes marocaines ont déjà réalisé des opérations avec des systèmes robotiques, et certains groupes hospitaliers privés affichent des bilans significatifs en urologie et en chirurgie oncologique. Ces avancées confirment que le débat marocain sur la robotique n’est plus théorique mais désormais clinique et organisationnel.

Le programme de la journée reflète cette dynamique. Les thématiques abordées vont de l’anesthésie spécifique à la chirurgie robotique intra-abdominale aux enjeux médico-légaux de la téléchirurgie, en passant par une réflexion sur la formation et les compétences non techniques des équipes opératoires. Les intervenants forment un aréopage international — professeurs et praticiens venus d’Europe, des Etats-Unis et du monde arabe — aux côtés de chirurgiens marocains directement impliqués dans l’implantation quotidienne de ces techniques. L’événement conjugue sessions plénières, tables rondes, symposiums industriels et retransmissions opératoires, afin de lier savoir académique et démonstration pratique.

La question de la formation est au cœur des débats. Les robots ne remplacent pas le chirurgien, ils exigent des apprentissages nouveaux et une pédagogie rigoureuse : simulation, mentorat, certification et évaluation des résultats. Des experts internationaux reconnus partagent leurs expériences et présentent des modèles de formation validés dans d’autres pays. L’objectif est clair : former des opérateurs compétents et bâtir un cadre de confiance garantissant des bénéfices mesurables pour les patients.

La téléchirurgie constitue également un moment fort du congrès. Le Maroc a récemment connu une première nationale retentissante : une opération robot-assistée réalisée à distance entre Casablanca et Laâyoune. Cet exploit technique a montré qu’il était possible de dépasser la contrainte géographique grâce aux infrastructures numériques et à la coordination clinique. Mais il soulève des questions fondamentales : sécurité, responsabilité médicale, et pertinence dans un pays où persistent de fortes disparités territoriales en matière d’accès aux soins. Une table ronde est justement consacrée aux dimensions médico-légales de cette pratique, réunissant juristes et praticiens pour définir des garde-fous solides.

Le congrès met aussi en lumière l’irruption de l’intelligence artificielle dans l’univers opératoire. Planification préopératoire, aide à la décision pendant l’intervention, analyse des images : l’IA devient un partenaire de la chirurgie robotique. Les discussions visent à dépasser la fascination pour explorer concrètement les conditions de son intégration, avec comme priorité absolue l’amélioration de la sécurité et de la qualité des soins.

Enfin, l’éthique et le coût traversent toutes les interventions. La chirurgie robotique repose sur des investissements lourds, des consommables spécifiques et une maintenance pointue. Dans un système de santé où les moyens sont limités, la question de l’équité d’accès se pose avec acuité. Comment garantir que ces avancées ne soient pas réservées à une minorité de patients urbains et aisés ? Les intervenants appellent à des stratégies réfléchies, capables de concilier innovation et justice sanitaire.

En réunissant aujourd’hui à Casablanca des experts nationaux et internationaux, la Société marocaine de chirurgie robotique offre une plateforme unique pour transformer l’enthousiasme technologique en progrès médical réel. Ce congrès constitue un moment charnière : il ne se contente pas de montrer la prouesse technique, il pose les bases d’une vision plus large, où la robotique devient un outil au service de la précision chirurgicale, de la sécurité du patient et de l’équité dans l’accès aux soins.

M.O

La chirurgie robotique en bref

La chirurgie robotique consiste à utiliser un système robotisé contrôlé par le chirurgien pour réaliser une opération. Contrairement à une idée répandue, ce n’est pas le robot qui opère seul: il est un outil de haute précision, piloté depuis une console. L’avantage principal réside dans la finesse des gestes, une vision 3D amplifiée et une réduction du traumatisme opératoire. Cela se traduit pour les patients par des cicatrices plus petites, une récupération plus rapide et souvent moins de complications.

La téléchirurgie, un pas plus loin

La téléchirurgie permet à un chirurgien d’opérer à distance, en contrôlant un robot installé dans une autre ville. Grâce à une connexion sécurisée et ultra-rapide, le praticien peut réaliser l’intervention comme s’il était présent au bloc. Cette technologie est particulièrement prometteuse pour des pays comme le Maroc, où certains territoires restent éloignés des grands centres hospitaliers.

Un impact direct sur les patients

Ces innovations ouvrent la voie à une médecine plus équitable et plus moderne. Elles offrent la possibilité d’accéder à des soins de pointe sans avoir à se déplacer loin, tout en améliorant la sécurité et le confort postopératoire. Mais elles posent aussi des défis : coût élevé, besoin de formation continue et réflexion éthique pour garantir que ces avancées profitent à tous, et pas seulement à une minorité.


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