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Housni Moubarak, ses fils, Habib El Adli et un Emir accusés : L’affaire Hind El Fassi refait surface en Egypte


Rida ADDAM
Samedi 18 Juin 2011

Housni Moubarak, ses fils, Habib El Adli et un Emir accusés : L’affaire Hind El Fassi refait surface en Egypte
Qui a tué Hind El Fassi, cette «princesse» saoudienne d’origine marocaine et fille du Cheikh de la Tarika Al Fassia Achadilia dans la ville de Nasser en Egypte? D’éminentes  personnalités politiques de différents pays sont accusées dans cette affaire qui a défrayé la chronique fin 2010. Entre autres, Housni Moubarak, ses deux fils, son épouse, ses gardes du corps, le directeur de l’hôtel Movenpick au Caire, son directeur de la sécurité et un diplomate canadien devraient être convoqués par le procureur général du Caire dans les jours à venir.
La plupart d’entre eux sont accusés de meurtre avec préméditation, participation et non dénonciation d’un crime, enlèvement, séquestration, agression et d’autres chefs d’accusation lourdement sanctionnés par le Code pénal en Egypte.
Le scandale a refait surface le 28 février 2011 suite à un ordre donné par le procureur général du district et El Ghizeh. Et ce, dans le cadre des enquêtes diligentées récemment contre le président déchu Housni Moubarak accusé d’abus de pouvoir et de détournement de fonds et de biens sociaux. Quelques jours plus tard, plus exactement le 3 avril, l’avocat de la famille de la défunte, Yasser Chennaoui, passe à l’acte. Il a demandé officiellement en premier lieu l’exhumation du corps de la défunte pour refaire son autopsie avant de réclamer le réexamen de la plainte de son client Allal El Fassi, 50 ans, frère de la «princesse». Une plainte préalable ayant été enterrée, selon l’avocat, sur ordre du président déchu. C’est ce qu’a affirmé aux enquêteurs,  Allal El Fassi qui jure avoir été agressé, menacé à mort et transféré dans des conditions inhumaines vers un pays du Golfe pendant que sa femme signait sous la menace, un désistement concernant la plainte déposée par Allal contre l’époux de la défunte (un émir saoudien) et les autorités égyptiennes ainsi que le directeur de l’hôtel Movenpick où a péri la «princesse» Hind, le 22 août 2010 à l’aube. Mais les officiels avaient une autre version des faits. Pour eux, la «princesse» serait morte à la clinique El Wadi. Un certificat de ladite clinique atteste également qu’elle aurait succombé à une chute de sa tension artérielle. Un constat réfuté par les membres de sa famille qui affirment que le décès a eu lieu dans la suite qu’elle occupait à l’hôtel Movenpick et que les causes seraient criminelles. Un avis que partage un médecin légiste qui aurait disparu, selon le frère de la victime, de la circulation le jour même du décès quand il avait refusé de signer un certificat de décès que lui a  demandé l’ancien ministre de l’Intérieur Habib El Adli. Sur ce, Allal El Fassi a déposé, le 22 août 2010, une plainte auprès des autorités égyptiennes qui s’est transformée en un réel cauchemar. «Le 23 août 2010, le lendemain du décès de ma sœur, plusieurs hommes cagoulés, vêtus d’uniformes kakis et armés jusqu’aux dents se sont introduits dans ma suite à l’hôtel Movenpick- 6 octobre. Une fois sur place, ils ont immobilisé mes gardes du corps avant de me tabasser sauvagement», a déclaré Allal El Fassi aux enquêteurs, le 28 février dernier. Et d’ajouter : «Tentant de la secourir, ma mère dont la santé est si fragile, j’ai reçu un coup de crosse asséné par l’un des quatre civils qui n’ont pas cessé de me réclamer mon passeport. Ils ont ligoté les mains et les pieds de tous les membres de ma famille y compris mes enfants avant de me traîner dehors par les escaliers de secours réservés au personnel de l’hôtel. Entre-temps, deux hommes me tenaient par les épaules tandis qu’un troisième me donnait des coups sur la tête». Et ce n’est pas tout. Le cauchemar d’Allal n’aurait fait que commencer: «Le trajet entre ma suite et la camionnette banalisée où j’ai été transporté n’a duré que quelques minutes. Une fois à l’esplanade de l’hôtel, mes kidnappeurs se sont assurés de mon identité auprès du directeur de l’hôtel, Omar El Klini, et de son directeur de la sécurité», poursuit-il. Le convoi ayant quitté l’hôtel à grande vitesse avait changé, selon Allal, plusieurs fois de destination.
«Les kidnappeurs recevaient leurs directives par téléphone. Ils ont fini par transporter mon client à l’aéroport où il a rencontré le directeur de la sécurité de l’Etat. Ce dernier lui a affirmé qu’il ne faisait qu’exécuter les ordres du président qui lui ont été transmis par le ministre de l’Intérieur Habib El Adli en personne.», précise l’avocat de la famille de la défunte, Yasser Chennaoui. D’ailleurs, «le directeur de la sécurité d’Etat s’est excusé du mauvais traitement qui nous a été infligé par les membres de la garde présidentielle. Il m’a même affirmé que ma famille resterait séquestrée le temps de trouver une issue à cette affaire». Le soir même, Allal El Fassi a été livré à des gardes du corps de son gendre qui l’ont transporté à bord d’un avion privé vers un pays du Golfe où il aurait été sommé, selon lui, «de retirer sa plainte contre l’époux de sa sœur et de tourner à jamais cette page noire remise fréquemment à jour par des scandales autour de la «princesse» Hind dont la réputation était souvent remise en question». En effet, les archives de la presse internationale attestent de différents scandales qui ont émaillé les dix dernières années de la vie de la défunte. Le plus spectaculaire est celui de l’affaire d’espionnage dont elle a été victime quand un diplomate canadien avait sollicité l’intervention de la garde rapprochée de la «princesse» afin d’installer des caméras et des micros dans sa suite. «L’objectif était de rassembler le maximum de preuves sur ses relations avec plusieurs hommes, dont un chanteur libanais qui séjournait dans sa suite, des jours durant, même durant la présence de son mari en Egypte. D’autres personnalités ont eu le même privilège, dont des sportifs internationaux et des acteurs de films pornographiques qu’elle trouvait du plaisir à côtoyer», a raconté l’un de ses gardes du corps à la presse. Bien évidemment, la défunte qualifiait leur présence chez elle d’amicale. C’est ce qu’affirment d’ailleurs son frère et l’avocat de sa famille qui attestent qu’«une campagne médiatique ciblée a été engagée par son époux pour nuire à sa réputation». Mais la justice égyptienne avait son mot à dire dans ce sens. Surtout que la défunte avait été inculpée, à maintes reprises, pour agression du personnel de l’hôtel, vol de confiance et organisation de fêtes douteuses, etc.
Rappelons que la célébration de son anniversaire, quelques jours avant sa mort, a suscité de la polémique. Les forces de l’ordre sont massivement intervenues suite à l’utilisation de feux d’artifice à l’hôtel Movenpick. Certains disent que «la «princesse» Hind, toxicomane à l’époque, aurait distribué des psychotropes et des aphrodisiaques à ses invités qui se seraient dénudés à bord de la piscine de l’hôtel. Elle aurait été accompagnée, toute la soirée, d’une star de cinéma avec qui elle aurait partagé sa suite toute la semaine». Un acte illégal qui a fait l’objet d’une enquête immédiate. Mais le sort en a décidé autrement. Les enquêteurs se sont vite penchés sur sa mort plutôt que sur ses soirées privées.
Enterrée suite au désistement arraché par la force à la femme de son frère Allal, enlevée, selon certaines sources, par les services de renseignement égyptiens, l’affaire vient d’être rouverte. A suivre …


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