La dérobade aura aussi, en plus d’avoir agacé la donneuse de leçons qu’est la communauté internationale, suscité colère et indignation à l’intérieur du pays de Madiba. En effet, en allant à l’encontre de sa propre justice, le pays hôte s’est retrouvé dans l’embarras le plus absolu, le cœur balançant entre l’Afrique et la légalité.
Dans l’imbroglio qui s‘ensuivit, Pretoria n’y verra que son propre intérêt, histoire de réussir son sommet, leadership continental oblige. Allant jusqu’à garantir, de tout son soul, le déplacement en pays hostile car signataire des statuts à la base de la raison d’être de la CPI au président soudanais lui, qui par deux fois auparavant, l’avait refusé.
L’Afrique du Sud, qui se veut donc être un exemple de démocratie dans le continent, s’est rangée tout bonnement à ses côtés, allant même jusqu’à protéger le diktat au détriment de la justice, fusse-t-elle même internationale.
A son corps défendant, l’Afrique du Sud n’a fait qu’embrasser le parti de l’UA en ce sens où, il y a de cela deux exercices, il avait été convenu en résolution, qu’aucun chef d’État africain en exercice ne devrait avoir à rendre compte à la CPI. Cette dernière, une décennie et demie après sa création, semble, plus que jamais, battre de l’aile. Le refus des trois premières puissances, les Etats-Unis, la Chine et la Russie, à participer à sa noble cause, contribue grandement à ternir sa crédibilité.
In fine, en ce sommet où ce sont les guignols qui ont volé la vedette à l’image de celui qui présidait à ses destinées en cette édition, Robert Mugabe, les vrais sujets sur le continent ont été éclipsés. On est passé de crise à crisette, terrorisme, migrants et naufrages, xénophobie, climat ou statut de la tendre africaine… tout cela a été mis de côté pour permettre à quelques dictateurs de faire leur show.