La presse algérienne n’y va pas de main morte. La guerre pour succéder à Abdelaziz Bouteflika, président malade, ne pouvait plus être gardée secrète. Tout le monde en parle désormais à visage découvert. Le général Taoufik, mis à la retraite, dans la foulée de ce conflit, ne pouvait y assister en spectateur.
Mohamed Mediène alias «Taoufik» brise le silence et parle à haute voix. Ce n’est pas anodin du tout, dans la mesure où le patron de la DRS n’en avait pas l’habitude. Deux mois après son limogeage, sa sortie revêt une importance capitale. La preuve est que son message adressé aux Algériens a été commenté par tous les acteurs de la scène politique, encourageant les détracteurs de Bouteflika à sortir de leur mutisme.
Bien évidemment, cette sortie médiatique n’est qu’un prétexte pour dénoncer la condamnation de son collaborateur, le général Hassan, le 26 novembre dernier, à cinq ans de prison ferme. La menace est facilement lisible en filigrane, lorsqu’il dit que le DRS n’est pas mort ! Il ne parle pas en son nom, mais laisse apparaître un « nous » à peine caché.
Mais les Algériens ne se laissent pas amadouer et n’arrivent pas à oublier que Taoufik est responsable des atrocités commises par ses services au temps de la «sale guerre», lors des années 90 du siècle passé.
Et pour boucler la boucle, une page Facebook a été créée récemment sous le profil «les services secrets algériens» ; laquelle, pour crédibiliser sa position, affiche une photo inédite du général Taoufik. On assiste à un bouillonnement social, sur fond d’une crise aiguë, une classe politique divisée sur cette succession au sort inconnu.
Le clan qui gouverne actuellement l’Algérie exploite jusqu’à la lie le nom du président, invalide, pour édicter des lois et des décisions à même d’écarter ses adversaires potentiels. Un nom se propulse au-devant de la scène : le chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah.
Des généraux, des hauts commis de l’Etat, des politiques… ont été écartés de la scène politique et des centres de décision. La manière diffère : démembrement de la plus forte organisation secrète en Algérie DRS, intimidation des politiques en les menaçant de dévoiler des dossiers au parquet, etc. Les observateurs s’interrogent désormais : où va l’Algérie ?