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Nous ne sommes pas les gardiens d’un héritage figé, mais les bâtisseurs de l’avenir ittihadi.Ahmed El Mehdi Mezouari, membre du Bureau Politique de l’USFP, revient, dans un entretien accordé à nos confrères de Telquel, sur cet événement fondateur avec la clarté et la sérénité d’un homme convaincu que l’USFP “reste une force politique vivante, moderne et profondément connectée à l’histoire du pays”.
Un congrès sous le signe de la maturité et de la clarté idéologique
«Le 12ᵉ congrès s’est tenu dans une conjoncture interne particulièrement favorable, tant sur le plan historique que politique et organisationnel», explique d’emblée Ahmed El Mehdi Mezouari.
Ce rendez-vous majeur n’était pas un simple exercice statutaire : il coïncidait avec le cinquantième anniversaire de la clarification idéologique du parti, adoptée lors du congrès extraordinaire de 1975. Un moment fondateur que Mezouari décrit comme «une opportunité de bilan historique et militant, mais aussi de relecture critique de l’évolution idéologique du parti».
Le véritable engagement réside dans l’action quotidienne des militantes et militants sur le terrain.Au-delà du symbole, ce congrès a permis d’aborder des sujets fondamentaux : le projet de société ittihadi, les orientations économiques et sociales, et le cadre programmatique que l’USFP souhaite présenter aux citoyens pour les années à venir.
«Le succès de ce congrès, poursuit Mezouari, est le résultat direct de la mobilisation exemplaire des militantes et militants ittihadis, des délégués congressistes et de l’ensemble des structures du parti».
Dans ses mots, on sent la fierté d’un militant de terrain, conscient que la rigueur organisationnelle n’est pas une fin en soi, mais la preuve d’une cohérence retrouvée.
Un processus participatif inédit : la base au centre du mouvement
Mezouari insiste sur un point essentiel : le congrès n’a pas été une fin, mais l’aboutissement d’un long processus de concertation nationale.
«L’organisation de 72 congrès provinciaux ne s’est pas limitée à un simple exercice administratif, souligne-t-il. Elle a constitué un véritable processus d’inclusion politique».
Ce travail de fond a mobilisé plus de 80 000 militantes, militants et citoyens, donnant naissance à «un renouveau générationnel et organisationnel».
Fait significatif, la moyenne d’âge des nouveaux leaders locaux s’établit autour de 38 ans. Un chiffre qui parle de lui-même dans un monde politique souvent perçu comme vieillissant.
«De ce point de vue, affirme Mezouari, le congrès national a été la consécration d’un processus de rénovation déjà amorcé en amont, et non un événement isolé».
Derrière ces mots, c’est toute une stratégie de réactivation du militantisme qui s’esquisse : l’USFP cherche à redevenir le lieu où la jeunesse engagée trouve un sens à son action.
Continuité ou verrouillage ? Le débat sur le leadership
La question du quatrième mandat de Driss Lachguar a suscité des débats. Pour Mezouari, les choses sont claires : «Les amendements introduits dans les règlements internes répondaient avant tout à une exigence de faisabilité institutionnelle et politique».
Selon lui, la direction du parti ne s’est pas imposée par la contrainte, mais par le consensus : «Pour la première fois dans l’histoire de l’USFP, la question du leadership s’est imposée comme une évidence, traduisant une volonté collective de continuité».
Face aux critiques évoquant un «verrouillage» du parti, Mezouari réagit fermement. «L’USFP compte aujourd’hui plus de 52 000 militantes et militants actifs. Cette dynamique d’adhésion témoigne du caractère vivant et inclusif du parti». Et d’ajouter: «Le discours relatif à un prétendu verrouillage relève davantage de la rhétorique que de l’analyse politique objective».
Pour lui, ceux qui alimentent cette idée «cherchent moins à rénover le parti qu’à satisfaire des ambitions personnelles».
Son ton se durcit lorsqu’il martèle : «Nous ne sommes pas là pour veiller sur un héritage figé, mais pour faire vivre et développer cette structure historique, tournée vers l’avenir».
Une phrase lourde de sens, presque programmatique, qui résume la philosophie du parti tel qu’il le conçoit : une fidélité vivante, et non une nostalgie stérile.
Des accusations “sans légitimité” venues de l’étranger
Concernant les déclarations de la prétendue Jeunesse ittihadie de France, qui a qualifié le congrès de “mascarade organisationnelle”, Mezouari dément catégoriquement :
«Il n’existe actuellement aucune structure officielle de la Jeunesse ittihadie en France, comme l’a formellement indiqué le Bureau national de la Chabiba».
Selon lui, ces prises de parole «émanent d’individus ne disposant d’aucune légitimité organisationnelle» et constituent «une dérive regrettable, moralement et juridiquement».
Son propos est ferme, presque judiciaire : «L’usurpation d’une identité organisationnelle soulève des interrogations quant à la sincérité et à la crédibilité de leurs démarches».
Derrière cette mise au point, c’est une volonté de clarté et de discipline qui transparaît : dans la maison ittihadie, la loyauté et la légitimité ne se décrètent pas, elles se construisent par l’action.
Un parti ouvert, pas une forteresse
Le débat sur un hypothétique «dialogue ittihadi national» trouve aussi sa réponse dans la vision d’ouverture défendue par Mezouari.
«Sous la direction du Premier secrétaire, Driss Lachguar, l’USFP a lancé il y a plusieurs années l’initiative de la réconciliation nationale ittihadie, qui a produit des résultats tangibles». Et de rappeler : «Les portes du parti n’ont jamais été fermées. L’USFP demeure une grande famille politique fondée sur des valeurs partagées et un sens du collectif».
Mais il met en garde contre les «appels marginaux» qui se font parfois en dehors du travail collectif : «Le véritable engagement réside dans l’action quotidienne de celles et ceux qui, sur le terrain, œuvrent à consolider le rôle historique du parti».
Autrement dit, pour Mezouari, la rénovation n’est pas un slogan : c’est une pratique militante continue.
La Génération Z, une alerte salutaire
Lorsqu’on évoque la Génération Z et son désenchantement politique, le ton de Mezouari devient plus méditatif : «Un acteur politique qui se respecte ne peut pas rester sourd à ce cri venu d’une jeunesse lucide et exigeante».
A ses yeux, ce mouvement n’est pas une menace, mais une interpellation salutaire : «Ce que la Génération Z exprime, c’est une soif de sens, de justice et de confiance». Et il le rappelle avec conviction : «L’USFP a toujours été à l’écoute de ces moments d’éveil collectif. Notre histoire est liée aux grandes périodes de contestation et de transformation qu’a connues le Maroc — en 1965, 1981, 1990, 2011…».
Pour Mezouari, la jeunesse marocaine n’est pas désintéressée de la politique : «Elle en attend davantage — plus d’authenticité, plus d’impact, plus de proximité».
Un constat lucide, qui sonne comme une promesse : le parti socialiste entend renouer avec cette jeunesse, non pas par les slogans, mais par l’action et la crédibilité.
Redonner du sens à la politique
A l’approche des prochaines élections, l’enjeu est immense : comment regagner la confiance d’une opinion publique souvent fatiguée de la politique partisane ?
Mezouari répond sans détour : «Regagner la confiance dépend avant tout du climat politique général, et d’une décision claire quant à l’utilité réelle de ces échéances pour la gouvernance nationale». Et de conclure avec gravité : «Réinventer la politique, dans son essence même, est aujourd’hui une nécessité si nous voulons redonner du sens à la démocratie. Il est temps de marquer un moment d’arrêt, un moment de lucidité collective, pour réorienter notre action vers une refonte profonde de notre modèle démocratique».
Une ligne claire, un souffle renouvelé
A travers ses mots, Ahmed El Mehdi Mezouari trace les contours d’un parti qui refuse l’immobilisme autant que la dispersion. L’USFP, forte de son histoire et consciente de ses responsabilités, se veut à nouveau un acteur central du débat national, fidèle à son ADN progressiste mais ouvert aux réalités du XXIᵉ siècle.
La génération montante, la reconstruction organisationnelle et la réconciliation interne forment désormais les trois piliers de cette nouvelle étape. Et si l’histoire de l’USFP est marquée par des cycles de lutte, de crise et de renaissance, celle qui s’ouvre semble vouloir conjuguer la mémoire à l’avenir.
«Nous ne sommes pas les gardiens d’un héritage figé, répète Mezouari, mais les bâtisseurs d’une continuité vivante». Une phrase, presque un serment, qui résonne comme une promesse à la fois militante et morale : celle de maintenir l’esprit de l’USFP en mouvement, toujours fidèle à ses idéaux, toujours en quête de renouveau.
Mehdi Ouassat
 

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