A Aïn Beni Mathar, l’USFP trace la voie d’un développement juste et durable pour Jerada

Troisième Congrès provincial USFP/Jerada


Mehdi Ouassat
Lundi 8 Septembre 2025

A Aïn Beni Mathar, l’USFP trace la voie d’un développement juste et durable pour Jerada
Omar Aanan : Jerada a toujours été une citadelle du combat ouvrier et social, mais elle a payé le prix fort de l’injustice et de la marginalisation
Saïd Baaziz : Les contradictions internes de la majorité ont entraîné une perte de confiance généralisée envers les institutions
La salle du complexe municipal d’Aïn Beni Mathar a vibré, jeudi 4 septembre, d’une intensité particulière. C’est là, dans cette ville chargée d’histoire et de mémoire, que l’Union socialiste des forces populaires a tenu son troisième Congrès provincial de Jerada, sous le slogan explicite et audacieux : «Pour Jerada et sa province, faisons face à la prévarication et à la marginalisation, et fondons un développement équitable sur les plans territorial et social». L’événement a réuni un grand nombre de militants et militantes, venus renouer le fil entre passé et présent, portant haut les idéaux de fraternité et de sacrifice qui ont façonné l’identité du parti dans la région.

Le choix du lieu n’est pas anodin. Aïn Beni Mathar n’est pas seulement une ville de l’Est marocain, elle est aussi le berceau du martyr Omar Benjelloun, figure emblématique de la gauche marocaine et symbole universel de la lutte pour la liberté et la dignité. Tenir ce congrès ici, c’est raviver la flamme d’un engagement qui n’a jamais faibli et rappeler que les combats d’hier nourrissent ceux d’aujourd’hui.

Dès l’ouverture, Omar Anan, membre du Bureau politique, a donné le ton. Avec des mots fermes et clairs, il a rappelé que ce rendez-vous n’était pas une formalité mais un acte de fidélité et de résistance. Pour lui, le slogan choisi ne constitue pas un simple affichage de bonnes intentions mais bien un contrat politique avec la population de Jerada. Un contrat forgé dans la douleur et l’injustice, dans une province qui a payé un prix exorbitant en vies, en santé et en richesses, sans jamais recevoir en retour l’attention méritée de l’État et des institutions.

Le message est limpide : pas de développement sans justice territoriale, pas de dignité sans emploi, sans éducation et sans santé, pas de stabilité sans participation réelle du citoyen à la décision. Dans un contexte national où s’effritent la confiance envers les institutions et l’espérance des jeunes, l’USFP choisit de ne pas fuir ses responsabilités. «Nous ne sommes pas un parti de tribunes, ni une formation qui détourne le regard de la réalité. Nous sommes les enfants du terrain, du Maroc profond. Nous savons que le changement ne s’offre pas, il se conquiert», a-t-il martelé.

Le député ittihadi de la circonscription d’Oujda-Angad a poursuivi en rappelant que Jerada, avec ses mineurs, ses ouvriers, ses femmes et sa jeunesse, a toujours été une citadelle du combat social et ouvrier. Mais cette citadelle a été abandonnée, au fil des années, à la désindustrialisation, au chômage et à l’exclusion, pendant que d’autres régions profitaient de rentes et de privilèges. C’est pourquoi, a-t-il insisté, il ne s’agit plus de tolérer les projets virtuels et les promesses sans lendemain. L’USFP, dans l’opposition, continue de porter ce combat jusque dans l’hémicycle du Parlement, en interpellant le gouvernement sur la santé environnementale, sur la situation dramatique de l’emploi après la fermeture des mines, sur l’état déplorable des infrastructures, sur le manque de justice territoriale et sur la souffrance des petits paysans et éleveurs livrées à eux-mêmes.

Dans son intervention, Saïd Baaziz, également membre du Bureau politique de l’USFP, a élargi la focale au niveau national. Rappelant l’importance de la diplomatie partisane menée par le parti, notamment à travers la visite récente du Premier secrétaire Driss Lachgar en Irak, il a insisté sur le fait que la question de l’intégrité territoriale demeure au cœur des priorités du parti. Mais il a aussi dénoncé l’échec flagrant du gouvernement dans les secteurs vitaux, un échec si criant que le discours du Trône a dû rappeler la nécessité d’éviter un Maroc à deux vitesses. Les contradictions internes des partis de la majorité ont fragilisé l’ensemble des institutions, du sommet jusqu’aux collectivités locales, alimentant une crise de confiance sans précédent.

L’écho de la mémoire d’Omar Benjelloun a résonné une nouvelle fois dans la voix du militant ittihadi, Abdessalam Moussaoui. Originaire lui aussi d’Aïn Beni Mathar, il a rappelé que le martyr a lié sa vie au combat pour l’unité nationale, en particulier après la Marche Verte.

Jerada, a-t-il dit, n’est pas seulement une terre de souffrances mais aussi une terre d’intellectuels et de résistants, comme le défunt Benyounès Marzouki, juriste constitutionnaliste émérite. Il a également réaffirmé l’attachement indéfectible du peuple marocain à la cause palestinienne, tout en soulignant le soutien croissant que reçoit l’initiative d’autonomie pour le Sahara de la part de nombreux pays à travers le monde.

L’exposé de Mokhtar Rachidi, quant à lui, a plongé l’assemblée dans la réalité crue du territoire. Il a décrit une province qui détient le triste record du taux de chômage le plus élevé du pays. Après la fermeture des mines de Jerada, Touissit, Sidi Boubker ou Oued Himer, aucune alternative économique sérieuse n’a été proposée. Dans le sud du territoire, les éleveurs voient leurs pâturages s’amenuiser sous la pression du surpâturage et de l’accaparement des terres collectives, sans recevoir de soutien digne de ce nom du ministère de l’Agriculture. Le résultat est une pauvreté qui s’aggrave, une jeunesse qui migre et une population qui se sent abandonnée. En face, l’USFP, dans l’opposition, entend assumer son rôle de vigie, de contre-pouvoir et de force de proposition pour exiger des alternatives viables.

Au nom du comité préparatoire, Ibrahim Hamidi a pris la parole pour replacer Jerada dans l’histoire du Maroc. Plus qu’un simple point sur la carte, a-t-il dit, Jerada est un symbole, une terre marquée par le sacrifice de ses ouvriers et le sang de ses martyrs. Aujourd’hui, l’héritage de ce passé se conjugue à un présent lourd d’inégalités sociales, de fragilité économique et d’urgences environnementales. Mais Jerada peut renaître, si l’Etat et ses institutions assument leurs responsabilités dans une démarche de développement territorial équitable et durable. C’est dans cet esprit que le congrès a tracé des pistes claires : lancer de véritables projets économiques de substitution, améliorer la santé et l’éducation, renforcer la participation citoyenne, protéger l’environnement et lutter sans relâche contre la corruption qui gangrène le développement.

Ce congrès n’a donc pas été une simple formalité organisationnelle. Il s’est voulu un acte de loyauté envers l’histoire de Jerada et ses sacrifices, mais aussi un acte fondateur pour l’avenir. En réaffirmant que l’USFP est un parti de proximité, au service des citoyens et engagé dans les institutions comme sur le terrain, les congressistes ont voulu envoyer un signal fort : Jerada ne doit plus être reléguée dans les marges de la carte. Elle doit redevenir un pôle de dignité, de justice et de développement.

La voix de l’USFP s’est élevée à Aïn Beni Mathar comme un cri d’alerte et un chant d’espérance. Alerte contre la marginalisation, l’exclusion et les promesses creuses. Espérance d’un avenir où la justice territoriale ne sera pas un slogan, mais une réalité. En renouant avec la mémoire des martyrs et en regardant vers l’avenir avec lucidité, le parti a fait de ce troisième congrès provincial de Jerada une étape décisive. Une étape où l’on n’a pas seulement parlé d’organisation interne, mais où l’on a, surtout, proclamé une volonté inébranlable : redonner sens à la politique, replacer l’humain au cœur des priorités, et faire de Jerada un exemple de résistance transformée en renaissance.

Mehdi Ouassat


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