​La numérisation aiguillonne la presse écrite traditionnelle

Le développement technologique actuel impacte grandement le fonctionnement et les habitudes des lectorats


Maria Addou (Stagiaire)
Jeudi 11 Avril 2019

​La numérisation  aiguillonne  la presse écrite  traditionnelle
De nos jours, toutes les industries de contenu se trouvent confrontées à un changement profond auquel elles doivent faire face. 
En effet, la numérisation est apparue comme une lame de fond qui a réussi  à métamorphoser la nature du fonctionnement de la production voire  de la consommation de ces dernières. 
Son environnement étant est en pleine transformation, la presse écrite  traditionnelle nous paraît  comme l’exemple concret d’un média qui assiste à la sortie « de son modèle tayloriste de production de masse », vers un nouveau modèle dont la survie n’est pas assurée. 

Dans quelle mesure le numérique représente-t-il une menace pour la presse écrite et comment impacte –t-il le support papier ? 

Pour répondre à ces questions, un détour par la notion de numérique s’avère nécessaire.
En effet, la numérisation  est définie comme un acte qui représente une information par des nombres. Il s’agit d’un terme alambiqué dont la définition est difficile,  en raison de la diversité des réalités qu’il recouvre. Pour une définition plus significative, il est indispensable de  creuser dans les acceptations des universitaires et praticiens.
Parmi les universitaires, certains définissent la numérisation  comme étant « l’ensemble des changements induits ou influencés par les technologies numériques dans tous les aspects de la vie humaine »   (Stolterman et Fors, 2004). 
D’autres stipulent que  c’est une sorte « d’exploitation radicale des possibilités d’Internet »qui contribue à l’amélioration des secteurs. 
Ainsi , selon , les deux chercheurs américains , Lankshear et Knobel (2008),  la numérisation correspond « au troisième niveau d’alphabétisation qui est atteint lorsque les usages numériques développés donnent lieu à l’innovation et la créativité et stipulent un changement radical dans le monde professionnel ou celui des connaissances » . Pour traiter ce sujet, nous nous sommes  basés sur « Le journalisme à l’ère électronique », un ouvrage sous la plume d’Alain Joannes, journaliste et maître de conférences .Pour lui, le journalisme est situé au cœur des industries de l’information .Il est touché par les différentes mutations qui sont en cours et celles qui viendront  après.
 Pour l’auteur, la possibilité d’accéder à Internet aux sources illimitées d’informations actualisées indique clairement que ce dernier est l’unique moyen, voire un réseau promoteur du déclin de la presse écrite. Toujours selon Alain Joannes, le déclin de la presse écrite s’accentue dans les pays les plus développés. Pour clarifier  ses propos, il a mis en avant l’exemple d’une enquête intitulée : « Qui a tué les journaux ? », dans laquelle, The Economist a souligné que dans les prochaines décennies, la moitié des titres vont disparaître .Ainsi, dans la période d’avril à septembre 2006, la Newspapers a analysé 770 quotidiens .Ces derniers tirent chaque jour 43,7 millions d’exemplaires et 2,8 %  dans la même période  en 2005.Il a ajouté que les publications vont disparaitre à cause des raisons    suivantes :  Premièrement, parce que ces publications n’ont pas bien saisi Internet à temps, ensuite parce qu’elles  ont mal utilisé cet outil. Au début, toutes les publications se contentaient juste de reproduire sur le site ce qui est sur le support papier. Ceci dit que les informations mises en ligne apparaissent comme pauvres par rapport  à l’excès du web, ce qui a courroucé en quelque sorte les internautes dans la mesure où lorsqu’ils ont visité le site, ils n’ont pas trouvé ni une présentation qui accroche ni de l’arborescence. Pour exemple, le Wall Street Journal apparait sur le web dès les années 90. Il a commencé par le paiement de son propre contenu .Trois ans plus tard, il a pu atteindre sa rentabilité .Durant ces années, il a fait preuve de développement : « De son offre de contenu avec des alertes très efficaces, une navigation agréable dans une grande variété de reportages et d’analyses de haut niveau, un stock de vidéo à la demande » .A partir des années 90, il a mis au  point la cohabitation entre le numérique et l’imprimé.
Pourtant, il est difficile de ne pas établir de rapport entre l’affaiblissement de contenus informatifs et l’essor de la presse gratuite. Une étude réalisée par le Cabinet Speem, révèle que l’avancement des contenus rédactionnels vient en deuxième position (25,3%) derrière le concurrent gratuit (30,5%)  selon des éditeurs de la presse. 
Pour évoquer la menace que représente le numérique pour la presse écrite traditionnelle, nous nous penchons  sur une étude effectuée par Médiamétrie. Cette étude a révélé que la population âgée de 11 ans et plus, soit de 27 millions de Français est connectée à Internet depuis septembre 2006. Le temps passé à Internet est d’environ 24 par mois .Ceci dit que l’ensemble des propositions numériques prend une place considérable dans la vie des gens. Selon Bruno Patine, président de Télérama et auteur d’un ouvrage de référence: « La vie des médias », dans lequel il a déclaré que : « L’apparition d’un journal moderne au milieu du XIX siècle, est une lutte sans merci pour capter l’attention des audiences  ».Pour Patine, le temps consacré à la consultation du numérique réduit le temps disponible pour lire un journal ou un magazine. D’après quelques patrons de presse, les lecteurs qui achètent des journaux quotidiennement sont de plus en plus rares ; en moyenne un consommateur régulier achète 2 exemplaires d’un quotidien par semaine. L’apparition du numérique a suscité la curiosité des promoteurs et des détracteurs. 
Pour certains spécialistes, le numérique favorise le développement du secteur de la presse .La direction que prennent les entreprises de presse vers le numérique ne se réside pas uniquement dans  l’adoption des technologies, mais elle permet de remettre en cause les modalités économiques, l’univers concurrentiel ainsi que le fonctionnement des organisations. Cette transformation repose sur la diffusion d’une culture numérique au sein de l’organisation fondée sur l’ouverture à un nouvel écosystème.
Or, pour les lectorats, cette révolution  est  avantageuse, dans le sens où le numérique dépasse la réduction du temps et l’attention consacrée à la presse par ses consommateurs ; il remet en question ses usages et ses fonctions. Le numérique fournit sans difficulté, sans contrainte de rédaction, ni de pagination, une information sophistiquée et actualisée.
Il n’est soumis à aucune difficulté de fréquence de parution ou encore de délai de bouclage. L’information est mise sur le champ dans les réseaux numériques .Également, pour Marc Tessier, le fait d’acheter un quotidien pour s’informer diminue fortement de nos jours ; il suffit  juste d’allumer  un ordinateur ou un smartphone pour consulter les sites d’informations.
Il nous paraît à ce stade d’analyse que l’impact du numérique concerne à la fois le contenu et même l’usage de la presse par ses consommateurs. 

Quels enjeux ?

Le numérique  est un atout infaillible, l’enjeu dépasse la gratuité de l’information. Les internautes privilégient le numérique vu la rapidité et la réactivité. Ils  peuvent hiérarchiser leurs centres d’intérêt et donc avoir des informations toujours actualisées d’une part .D’autre part, la presse électronique présente des avantages économiques et même écologiques, tels que la réduction de la consommation  du papier, d’essence au niveau de la distribution des journaux. 

Qu’en est–il des lectorats 
« avant-gardistes » ?


Les transformations qu’a connues le monde dernièrement ont été l’objet d’analyses de la part de différents sociologues et spécialistes des sciences humaines et sociales. 
L’individu postmoderne est souvent « talonné par l’urgence », il se comporte de manière compulsive « afin de combler ses désirs dans l’immédiat et gorger à tout moment un maximum d’intensité ». Selon la sociologue, Nicole Aubert, cet être angoissé est conçu comme un « artefact ». Cependant, les journalistes de l’ère électronique doivent-ils se donner les moyens afin de pouvoir parler à cette nouvelle « sensibilité narcissique  » qui , face au numérique, se trouve agitée voire menacée par la perte d’identité ?
En conclusion, il convient de noter que l’apparition d’un média n’a jamais fait disparaître un autre. Bien au contraire, c’est une occasion pour encourager les éditeurs de presse à faire évoluer leur secteur. 








 


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