Elle a connu un succès phénoménal marqué par une participation record de citoyens ulcérés par une politique foncièrement antisociale menée par un gouvernement qui semble s’y donner à cœur joie.
Mais elle a surtout illustré le degré de maturité atteint par les Marocaines et les Marocains qui ont su exprimer leur grogne et manifester leur colère de manière digne et responsable. Serait-on en mesure de penser la même chose de ceux d’en face ? Rien n’est moins sûr.
Ladite grève a délivré plus d’un message et servi plus d’un enseignement qui auraient pu être saisis au vol par qui de droit. Mais, et c’est bien dommage, le gouvernement vient, une fois de plus, de prouver qu’il fait de l’entêtement son sport favori.
Abdelilah Benkirane a laissé passer là une précieuse occasion d’apprécier et de se taire. Il s’est laissé aller vers de vaines provocations et des conclusions trop hâtives pour dire que « la grève ne me fait pas peur». Mais, personne ne cherche à vous faire peur. On cherche plutôt à vous faire entendre raison. Après avoir tout tenté, on a recouru à la grève pour que vous compreniez enfin que vous faites fausse route et qu’il urge de changer de cap. C’est sans doute trop vous demander. Tout le problème pour le chef du gouvernement que vous êtes censé être s’est réduit à chercher à contester les chiffres annoncés par les syndicats, corroborés d’ailleurs, par des faits réels, incontestables : des bureaux, des entreprises et des écoles fermés, des moyens de transport à l’arrêt et des rues désertes …
C’est lamentable que votre souci majeur, vous et quelques-uns de vos compères au gouvernement, se résume à vouloir ramener le taux de participation à moins de 50%. Alors que même un taux de 10%, voire moins, aurait dû vous inciter à vous pencher sur les raisons de la grève et les moyens d’y remédier.
Et s’il y a quelqu’un à plaindre plus que quiconque, c’est bien votre porte-voix, Mustapha El Khalfi qui se trouve acculé à justifier l’injustifiable et à proférer des menaces à la volée. La surprise (c’est très à la mode ces derniers temps) vient d’une certaine Soumya Benkhaldoune, de son vrai nom, qui, piquée par on ne sait quelle mouche, s’en est prise à la grève et aux grévistes … Jusqu’ici, elle avait été tellement discrète, tellement effacée qu’on avait fini par la trouver … sympathique. Combien de Marocains seraient-ils aujourd’hui capables de nous dire de quoi elle est ministre, Mme Benkhaldoune ?