Driss Lachguar : Bon nombre de responsables politiques fuient la vérité. L’USFP, lui, choisit de l’affronter

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Mais ce rendez-vous dépasse la simple courtoisie politique. Il incarne la volonté lucide d’un parti historique de réinvestir le champ du possible en matière de jeunesse, d’exil, et de réappropriation citoyenne.
Une rencontre, une pédagogie politique
D’emblée, le ton est donné. Lachguar ne cherche ni à séduire ni à enjoliver. Il expose une réalité nue: «Il existe aujourd’hui un divorce entre les jeunes et la politique». Reconnaître ce constat n’est pas une faiblesse, c’est une posture de courage intellectuel. Trop de responsables politiques fuient cette vérité. L’USFP, lui, choisit de l’affronter, en en faisant le point de départ d’une réflexion stratégique.
Ce qui frappe dans les propos du Premier secrétaire, c’est la cohérence historique. Il rappelle que l’USFP n’est pas un parti conjoncturel, mais l’héritier direct du mouvement de libération nationale. Le choix de ce rappel n’est pas anodin : il vise à restaurer un fil rompu, celui de la continuité entre les luttes d’hier et les combats d’aujourd’hui. L’indépendance politique, la justice sociale, la liberté individuelle : autant de valeurs qui trouvent aujourd’hui un nouveau terrain d’expression dans les aspirations de la jeunesse marocaine, au pays comme à l’étranger.
De la transition démocratique à l’opposition constructive
Le leader ittihadi retrace ensuite le parcours politique du parti de la Rose, en insistant sur un tournant clé : la participation au gouvernement d’alternance en 1998, avec à sa tête feu Abderrahmane El Youssoufi. C’est un choix stratégique : entrer dans les institutions pour y défendre la démocratie de l’intérieur, sans renier les principes fondamentaux. Ce moment, trop souvent passé sous silence par une jeunesse peu familière avec l’histoire politique récente, est présenté ici comme une matrice de crédibilité.
L’USFP, rappelle Lachguar, a assumé la responsabilité de la gestion gouvernementale, en portant des réformes économiques, sociales et culturelles profondes. Une manière d’illustrer que la politique, quand elle est entre les mains d’acteurs sincères, peut produire des résultats tangibles.
Aujourd’hui, l’USFP est dans l’opposition, mais pas dans n’importe quelle opposition: «Une opposition responsable, constructive et institutionnelle», martèle-t-il. Cette ligne claire contraste avec les dérives populistes de certains partis qui préfèrent le vacarme aux propositions.
Un plaidoyer pour l’éthique politique
L’intervention de Lachguar ne se contente pas de réciter l’histoire. Elle propose un regard critique sur le présent. L’un des moments forts du discours fut sans conteste sa dénonciation des «marchands d’élections» et de la corruption rampante qui gangrène la vie démocratique. Il appelle à des réformes législatives claires, à la moralisation du champ électoral et à l’implication réelle des partis politiques dans ce chantier.
Ce message s’adresse directement à la jeunesse : la politique n’est pas un marécage infréquentable. Elle peut — et doit — être assainie. Mais pour cela, encore faut-il que les jeunes y entrent, y militent, y disputent le sens du bien commun.
Une vision internationaliste et progressiste
Sur le plan international, Driss Lachguar rappelle que l’USFP ne se contente pas d’un nationalisme rétréci. Le parti est actif dans les organisations internationales, les alliances progressistes, les forums socialistes internationaux. Il y défend les causes justes, à commencer par celle de l’intégrité territoriale du Maroc.
C’est un rappel utile : à l’heure où la politique se replie souvent sur des identités fermées, l’USFP revendique une lecture universaliste des combats démocratiques. Une posture qui peut parler aux jeunes Marocains de la diaspora, souvent tiraillés entre deux cultures, deux territoires, deux visions du monde.
La jeunesse, pas un slogan : une priorité stratégique
Mais ce qui distingue véritablement cette rencontre, c’est qu’elle ne s’est pas limitée à un monologue. Les jeunes présents ont interpellé, questionné, confronté. Et Lachguar leur a répondu, sans langue de bois.
Il leur a expliqué comment, dès les années 90, l’effondrement du bloc de l’Est et la montée du néolibéralisme ont mis à mal les valeurs socialistes dans le monde. Et pourtant, face à la pandémie de Covid-19, l’USFP fut le seul parti à produire une plateforme de sortie de crise, enregistrée auprès du Bureau de la propriété intellectuelle pour prévenir toute appropriation. Ce détail, souvent ignoré du grand public, illustre une chose : la rigueur et le sérieux méthodologique du parti.
Il leur a également parlé du programme électoral de 2021, du rôle du parti dans le lancement d’une motion de censure contre un gouvernement jugé défaillant, et du contrôle rigoureux qu’il exerce sur les institutions publiques. Bref, un parti qui agit, pas qui vocifère.
Une passerelle entre générations et territoires
Dans son intervention, Mohamed Brouin, président de l’Association des Jeunes Marocains de Toulouse, a souligné combien cette initiative s’inscrit dans la Vision Royale pour l’implication des Marocains du monde dans les affaires publiques nationales. Pour lui, les partis doivent ouvrir leurs structures à cette jeunesse exilée mais connectée, compétente, et avide de participer.
L’USFP, avec son ancrage historique et son ouverture actuelle, offre une plateforme idéale pour cette ambition. Non pas pour « intégrer » les jeunes comme une formalité, mais pour les placer au cœur du processus politique, en tant que forces de proposition, de renouvellement et d’innovation.
Entre transmission et transformation
Cette rencontre n’est pas un simple fait divers politique. C’est un signe révélateur d’une transformation plus profonde : celle d’un parti en quête de renouvellement sincère, fidèle à ses principes, mais déterminé à écrire un nouveau chapitre avec ceux qui en seront les auteurs demain.
Oui, les jeunes se méfient de la politique. Mais peut-on leur en vouloir quand la politique, trop souvent, les a ignorés? L’USFP, en recevant ces jeunes de la diaspora, a fait plus qu’un geste de communication : il a tendu un fil, entre mémoire et avenir.
Mehdi Ouassat