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Mosquées délabrées : Une réhabilitation qui ne fait pas l'unanimité


Hassan Bentaleb
Lundi 25 Octobre 2010

Depuis le 13 mars, les portes de la mosquée de Bin Lemdoun à Ain Chock sont closes. Une pancarte en affiche la raison : "La délégation  provinciale des Affaires islamiques à Aïn Chock informe l'ensemble des fidèles que la mosquée sera fermée temporairement  jusqu'à la fin des travaux".
A quelques centaines de mètres d'Ain Chock, précisément à Derb Soltane, une autre mosquée, dénommée Ibn Jaloun, est également fermée depuis le début d'octobre. Un écriteau informe les habitants du quartier que leur mosquée sera fermée jusqu'à la fin des travaux de restauration.
Changement de décor, mais pas si loin. On est à Sbata, à l'arrondissement de Ben M'Sick, une troisième mosquée est fermée depuis le 10 septembre, jour de l'Aid Al Fitr. Une pancarte identique aux deux précédentes est affichée sur les portails.
 Que se passe-t-il ? Rien de particulier. Les deux premières mosquées font partie de 1256 mosquées et salles de prières fermées dans le cadre du programme national de mise à niveau des mosquées menaçant ruine, lancé le 14 mai.  L'interdiction d'accès à ces trois lieux de culte a été prise après un travail d'expertise menée par une commission provinciale de contrôle qui a constaté l'existence d'anomalies et a décidé de leur fermeture.
Quant au troisième, il a été fermé suite à l'effondrement d'un pan de la toiture sur des fidèles, lors de la prière du vendredi, faisant deux blessés graves. Un rapport d'expertise est en cours et la mosquée sera fermée jusqu'à nouvel ordre. Désormais, les trois mosquées font partie des 13 mosquées qui ont été fermées à Casablanca après études et constatations.
Que le ministère prenne ses précautions et protège la vie des croyants, cela n'a rien d'anormal, mais ce qui est surprenant, c'est que la fermeture de ces lieux dure depuis sept mois pour la mosquée de Bin Lemdoun et plus d'un mois pour les deux autres mosquées. Pourtant, les travaux ne semblent pas vouloir démarrer.
Pour les riverains de ces trois lieux de culte, cette situation est  inacceptable et incompréhensible.  Depuis la fermeture, ils sont obligés de parcourir quelques kilomètres pour faire leur prière, même si le ministère parle des opérations d'aménagement des lieux alternatifs qui ont nécessité, selon lui,  une enveloppe de 4,1 millions de dirhams. Pire, ils ne donnent pas crédit aux arguments de la fermeture avancée par la délégation des Affaires islamiques.
Pour cet habitant du quartier Rmila à  Ain Chock, la décision de fermeture est inconcevable pour une mosquée flambant neuve. Notre interlocuteur s'interroge sur la validité des causes ayant fondé sa fermeture décidée par la délégation du ministère des Habous : "Des fissures dans le minaret ? Mais, c'est du bluff. D'ailleurs qui a vu le rapport ? Personne. La délégation a décidé de fermer, on exécute, c'est tout".
De son côté, la délégation des Affaires islamiques affirme que la décision en question ne fait pas partie de ses attributions, car chaque rapport est établi par une commission composée de représentants des autorités locales, du ministère des Habous, de la Protection civile, de la Sureté nationale et des architectes des services techniques de la préfecture, de la commune et de l'Agence urbaine. Ce sont  eux qui rédigent le rapport sur la dangerosité de la bâtisse et c'est à eux de décider de sa fermeture ou non. "Notre mission consiste à rendre uniquement ces rapports au ministère qui se charge de débloquer des fonds", nous a confié le délégué du ministère des Habous à Casablanca.
Le représentant du département de tutelle précise que Casablanca compte 13 mosquées à restaurer et que la lenteur des travaux est due à un calendrier précis. Les travaux de rénovation et de renforcement à caractère urgent seront entrepris par étape, à compter du mois d'octobre 2010. Quant au reste des travaux (démolition, reconstruction et restauration), ils seront programmés par étape à partir de l'année 2011.
Pourtant, le mois d'octobre commence déjà à prendre fin et les promesses du ministère ne semblent pas se réaliser. Peut-être que les fidèles doivent prendre leur mal en patience.
Ce qui n'est pas le cas pour l'Ordre national des architectes. Il a, en effet, émis dernièrement ses réserves sur l'action de diagnostic et de traitement, menée avec des moyens financiers considérables, mais qui manque de moyens humains, techniques et conceptuels appropriés. Cette carence peut mener, selon les hommes de l'art, à des pertes irréversibles d'un patrimoine architectural religieux porteur de grandes valeurs esthétique, culturelle et historique.


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