Magazines de société, feuilletons mexicains et séries nationales : Ce que regardent les Marocains à la télévision

Que le personnel politique se détrompe. Ce ne sont pas les émissions de débat politique qui sont les plus regardées par les téléspectateurs marocains. Il faut le savoir, ni « Hiwar » de Mustapha Alaoui, ni « Nokat Ala al hourouf » qu’anime Driss Benani, ni « Moubachara maakoum » que présente Jamaa Boulahcen –les trois grandes émissions de débat d’Al Oula et 2M- ne figurent dans le top ten que diffuse tous les mois « Marocmétrie », en charge de la mesure de référence de l’audience de la télévision au Maroc.
En novembre dernier,  sur Al Oula, magazine de société, JT et feuilleton marocain sont sur les trois premières marches du podium. Ainsi, et selon les indicateurs de Marocmétrie,  les Marocains ont regardé le magazine de fait de société « Moudawala », une sorte de reconstitution d’un fait divers tiré des annales judiciaires qui a enregistré 30% de parts d’audience le 21 novembre 2010, le journal télévisé de 20h 30 –principalement celui présenté par Nadia El Mouaden avec un peu plus de 26% de parts d’audience le 12 novembre- et la série marocaine « Mendar l’dar » , 28% de parts d’audience, qui met en scène les difficiles relations entre les domestiques et leurs employeurs. Voici pour les trois premières marches du podium d’Al Oula.
Sur 2M, ce sont les séries mexicaines et turques, celles-là mêmes que l’on n’en finit pas de décrier dans les salons de l’axe Rabat-Casa, qui se paient la part du lion en termes d’audience. Le feuilleton mexicain « Diablo » est ainsi en pole position avec 50,7% de parts d’audience enregistrées lors de l’épisode diffusé le 2 novembre dernier. Le turc « Ramad Al Hob » est sur la deuxième marche avec près de 36% de parts d’audience enregistrés le 4 novembre. A la troisième place de ce palmarès des programmes diffusés par l’ancienne chaîne de télévision privée, encore une série mexicaine, « Papi Ricky » avec un taux moyen d’audience situé à 11,5%.
Les productions marocaines sont, contrairement à certaines idées reçues, appréciées des citoyens cathodiques. « Rahil Al Bahr », « Riad Al maati » « Ahlam Mouajjala », « Tariq Marrakech », « Taam Assadaqa » et « Houb Al qatil » figurent dans le top ten  des émissions les plus regardées sur les chaînes nationales.
Les Marocains sont plus attirés par les magazines de faits de société. Si sur Al Oula, « Moudawala » confirme sa place d’émission-phare et leader (conformément à la mesure d’audience de Marocmétrie, l’émission est classée première depuis deux mois), « Tahqiq » et « Al Khit al Biad » que diffusent 2M sont respectivement à la 5ème et 6ème places du top ten du mois de novembre.
 Plus de 3,5 millions de Marocains ont en moyenne, et  à chaque instant de la journée, regardé la télévision, soit 13,7% des téléspectateurs âgés de 5 ans et plus. En soirée, de 20h50 à 22h30, ils sont plus de 8 millions à être devant leur poste de télévision, soit 33,9% des plus de 5 ans.
Si dans la journée 2M est plus regardée qu’Al Oula, respectivement 18,9% et 10,4% des parts d’audience, c’est Al Oula qui remporte, en prime time, les faveurs du public avec 18,8% des parts d’audience contre 16,2% pour 2M et 4,4% pour Al Maghribya.
Sur trois mois, les résultats de Marocmétrie confirment de grandes tendances. D’abord, Al Oula, première en prime time, a son public, et mieux encore, il n’est pas volatile : au fil des mois, il affirme sa fidélité à l’ex-TVM. Reste à la SNRT de mieux communiquer et mieux vendre ses produits.
2M qui avait remporté  le titre de la télévision la plus regardée du paysage audiovisuel marocain pendant le mois de Ramadan, est plus dans le créneau commercial. Une arme à double tranchant : cette télévision est  fatalement exposée à la concurrence satellitaire sachant que le taux d’équipement des ménages marocains en paraboles qui était de 70% en 2007, avoisine aujourd’hui les 80%.
Enfin, Al Maghribya n’est pas l’histoire d’un échec cathodique annoncé. La télévision satellitaire enregistre des parts d’audience loin d’être négligeables alors que la télévision amazighe (Al Amazighya) a une bonne implantation régionale, notamment au Sud du pays.