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Le variant indien franchit nos frontières

Décidément, on n’est à l’ abri de rien


Libé
Mercredi 5 Mai 2021

La tournure des événements prend des allures de film de science-fiction. Après les nombreux variants du nouveau coronavirus (californien, brésilien, sud-africain,...), l’humanité doit désormais faire face à une double mutation. C’est ainsi que les scientifiques présentent le nouveau variant indien du SarsCov2. Déjà présent sur les cinq continents, Etats-Unis, Canada, Australie, France ..., le variant indien a été détecté à ce jour dans «au moins 17 pays» selon l’OMS. Une liste qui s’allonge jour après jour et à laquelle s’est récemment ajouté le Maroc. Si l’on en croit le ministère de la Santé, deux cas de contamination au variant indien ont été détectés à Casablanca par le Centre national de recherche scientifique et technique de Rabat, membre de la Coalition nationale des laboratoires de veille génomique. Toujours d’après la même source, le premier cas découvert concerne une personne arrivant de l’étranger, sans plus de précisions. Le second, quant à lui, est un cas contact. Il semblerait que ce soit un ressortissant étranger installé dans le Royaume. Les autorités sanitaires nationales assurent par le biais d’un communiqué que les cas contacts de ces deux personnes infectées par le variant indien ont été pris en charge conformément aux protocoles en vigueur. Mais cela sera-t-il pour autant suffisant alors que le nouveau mutant fait 30.000 contaminations par jour en Inde ? Est-il plus dangereux ou plus contagieux que ses devanciers ? Réponses.

Pas plus dangereux
Depuis son apparition la première fois en octobre 2020 à Ngapur, dans l'Etat du Maharashtra, au centre de l'Inde, le variant B.1.617 a d’ores et déjà provoqué plus de 200.000 décès dans le pays, tout en se répandant comme une traînée de poudre sur tous les continents. Cela dit, rien n’indique qu’il est plus ou moins dangereux que les autres mutants. S’agissant de ses symptômes, ils ne diffèrent en rien avec ceux du Covid originel. A savoir : maux de tête, congestion nasale, maux de gorge, douleurs musculaires. Mais contrairement à sa dangerosité qui n’inquiète pas outre mesure les scientifiques, sa contagiosité est pour le moins préoccupante. «Le B.1.617 a un taux de croissance plus élevé que les autres variants en circulation en Inde, ce qui suggère une plus grande contagiosité», a affirmé il y a quelques jours, l'Organisation mondiale de la santé dans son compte-rendu hebdomadaire. Néanmoins, les experts de l’OMS précisent que «d'autres conduites pourraient expliquer la propagation du virus dans ce pays surpeuplé qu’est l’Inde, comme le non-respect des restrictions sanitaires et les rassemblements de masse”. 

Plus contagieux
Dans le deuxième pays le plus peuplé au monde, après la Chine, il est, en effet, plus difficile d’instaurer et de maintenir les mesures de distanciation et autres gestes barrières. Dès lors, par manque “de données épidémiologiques corrélées aux résultats virologiques de séquençage moléculaire”, comme l’a récemment rappelé le Conseil scientifique en France, il est difficile d’établir avec certitude que la contagiosité du variant indien est plus élevée que ses cousins mutants. En revanche, une chose est sûre, le variant indien est né d’une double mutation. Il est plus précisément dû à la combinaison de deux mutations préoccupantes, déjà connues mais non-associées jusqu'à présent, au niveau de la protéine «spike» du virus Sars-CoV-2, en d’autres termes, la clé qui permet aux virus de pénétrer dans nos cellules.

Une efficacité vaccinale conservée mais diminuée
A l’heure où l’on écrit ses lignes, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ne classe pas le variant indien comme «préoccupant», mais simplement comme «variant d'intérêt». Et de préciser que «des recherches supplémentaires, notamment sur la contagiosité, la sévérité et le risque d'une réinfection du variant indien sont urgemment nécessaires». Pour le moment, l’organisation onusienne a catégorisé trois variants du nouveau coronavirus comme “VOC”, car ils sont plus dangereux via la contagiosité, la mortalité ou encore la résistance aux vaccins. En l'occurrence les variants en provenance du Royaume-Uni, du Brésil et d'Afrique du Sud. Pour ce qui est du variant indien, sa résistance au vaccin n’est toujours pas prouvée. Cela dit, «on peut s'attendre à une efficacité vaccinale conservée mais diminuée», prévient le Conseil scientifique en France.

Facilement détectable, mais...
La nouvelle rassurante réside dans le fait que le variant indien est détectable par les tests PCR. Mais pas toujours. D’après des médecins du Rajiv Gandhi Cancer Institute de Delhi, le variant indien a la capacité de migrer rapidement vers les voies respiratoires une fois qu'il a infecté les poumons. En conséquence, il peut ne plus être présent dans le nez ou la gorge. Ce qui ne facilite guère sa détection. «La possibilité de détecter le virus par test PCR est plus importante avant l'apparition des symptômes. Après, cette probabilité diminue au bout de sept jours», a expliqué au Figaro Anurag Agarwal. D’où la nécessité de réaliser une radio des poumons. 

​Prolongation attendue de l’heure de fermeture des cafés et restaurants

Et si c’était le premier pas vers un retour à la vie normale ? Symbole des contraintes socio-économiques imposées par la pandémie du SarsCov-2, les cafés et restaurants pourraient bientôt apercevoir la lumière au bout du tunnel. Et leurs clients tout autant. Selon les informations de nos confrères de “Médias24”, le gouvernement envisagerait d’assouplir les horaires de fermeture des cafés et restaurants en repoussant l’heure limite à 23h, à la fin du mois de Ramadan. Contrairement aux cafés, pendant ce mois sacré, les restaurants avaient le droit de livrer leurs clients jusqu’à 19h. Avant ce mois, les mesures restrictives instaurées par l’Exécutif pour enrayer la propagation de l’épidémie fixaient l’heure limite à 20h. En un mois, les professionnels des métiers de bouche pourraient gagner 2h de rab. Ce qui n’est pas négligeable à la vue de leurs situations économiques. Mohamed Elfane, président de la Fédération marocaine de la franchise et commerce (FMF), a récemment déclaré que les restaurants et cafés avaient “subi de lourdes pertes financières en 2020 (...) 30% des restaurants et cafés n’ont pas rouvert après le confinement et ont enregistré des pertes d’emploi à hauteur de 10%”. Au-delà des considérations économiques, une ouverture prolongée des cafés et restaurants impliquerait de facto une prorogation du couvre-feu. Rappelons qu’un couvre-feu national de 21h à 6h était en place avant que l’heure de son début ne soit reculée à 19h pendant le Ramadan. A l’évidence, la vie sociale pourrait reprendre des couleurs tout comme les villes, de nuit, pour le plus grand bonheur des citoyennes et citoyens marocains. Au vrai, il semblerait qu’un vent d’optimisme souffle dans les hautes sphères du gouvernement. A la lumière de deux éléments principalement. Le premier réside dans l’évolution stable de la pandémie sur le territoire national (+56 nouveaux cas enregistrés lundi). Le second a trait à la campagne de vaccination (plus de 73.000 vaccinations lundi). Bref, tous les indicateurs plaident pour une vie post-Ramadan moins contraignante. A moins que le variant indien du nouveau coronavirus ne joue les trouble-fêtes. 


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