Le sort tragique des chiens errants de Kaboul, capturés et empoisonnés


Vendredi 5 Septembre 2014

Le sort tragique des chiens errants de Kaboul, capturés et empoisonnés
Acculé contre le mur, un collet métallique  autour de son cou, le chien errant attrapé dans les rues de Kaboul pousse une  plainte sauvage en tentant désespérément de s'échapper, mais le poison est  rapidement introduit dans sa gueule.
Environ 17.600 chiens ont été empoisonnés l'année dernière par les employés  municipaux de la capitale afghane pour protéger les habitants d'éventuelles  maladies et contrôler la prolifération de ces animaux.
 Si la méthode utilisée pour les tuer est brutale, elle est efficace.

Des équipes dédiées, vêtues de tenues oranges fluorescentes, utilisent de  longues perches métalliques terminées par un câble, des bâtons de bois et de  grands filets pour capturer leurs proies. Le chien est ensuite plaqué au sol, une botte appuyée sur le cou, tandis  qu'un employé lui glisse une cuillère de strychnine dans sa gueule ouverte. Puis l'animal est entravé avec des liens et il meurt en moins d'une heure  dans les convulsions de l'agonie.
Une autre méthode consiste à laisser de la viande empoisonnée la nuit. Au  petit matin, les employés municipaux ramassent alors les corps des chiens  empoisonnés qui jonchent le sol.
 Les chiens, parfois encore à l'agonie, sont ensuite jetés dans la benne  d'un camion qui les conduit jusqu'à une décharge dans les environs de la  capitale. "Tous les jours, après la prière du soir, nous effectuons ce programme  d'empoisonnement, travaillant jusqu'à 22H00, et nous revenons à 03H00 du  matin", explique Islamuddin, l'un des employés de la ville de l'équipe de nuit.
"Nous trouvons ces chiens, nous les empoisonnons et nous conduisons les  corps là où ils doivent être enterrés", ajoute-t-il. Au total, la mairie emploie une trentaine de personnes à cette tâche.
 
Risques d'infection
 
Comme beaucoup d'habitants du quartier de Pul-e-Charkhi, où il travaille,  Islamuddin n'a pas de scrupules à tuer les chiens, une politique considérée  comme justifiée pour des raisons sanitaires.
Le nombre exact de chiens porteurs de la rage est inconnu, mais les risques  d'infection, souvent mortelles pour l'homme, sont redoutés en cas de morsure.
Riaz Gul, un nomade Kuchi dont la tribu campe à Pul-e-Charkhi, dit avoir  peur des chiens qui vivent dans le quartier. Il pense que la mort récente de  son fils de 12 ans est due à la morsure d'un chien.
"Il a été mordu au bras, et après une cinquantaine de jours, il est tombé  malade et est devenu fou", assure-t-il. "Je l'ai emmené chez un médecin, mais  en vain, il est mort".
Là où les chiens sont capturés, des habitants se rassemblent pour regarder  travailler les employés municipaux. 
Les chiens sont généralement considérés comme impurs dans l'islam. En  Afghanistan, ils sont surtout utilisés comme gardes ou entraînés pour les  combats. "Ils attaquent les gens qui se rendent à la mosquée et les enfants qui vont  à l'école. Ils répandent des maladies", insiste Nasser Ahmad Ghori, directeur  du service hygiène publique de la ville.
"Il est très difficile de les contrôler tellement ils sont nombreux, plus  de 100.000 je pense, et leur nombre augmente", dit-il ajoutant que les  habitants s'en plaignent de plus en plus.
M. Ghori assure que la stérilisation des animaux ou bien la vaccination  antirabique ont été envisagées mais qu'aucune autre solution que  l'empoisonnement n'était disponible pour le moment. Mais selon des experts, l'abattage des chiens est inutilement cruel. "Nous sommes d'accord, il y a trop de chiens", reconnaît Louise Hastie, une  expatriée britannique qui gère le refuge pour animaux Nowzad à Kabul. "Mais l'abattage n'empêche pas d'autres chiens de remplacer ceux qui ont  été tués en l'espace de quelques semaines et ils ont plus de chances d'avoir la  rage puisqu'ils viennent des montagnes", assure-t-elle. "La seule solution est de les attraper, les stériliser, les vacciner et les  relâcher et nous travaillons avec les autorités pour organiser cela", ajoute  Mme Hastie. 
Selon elle, "les gens pensent peut-être que le bien-être animal est  secondaire dans un pays comme l'Afghanistan". "Mais c'est un problème majeur et  chaque vaccination que nous effectuons sur un chien protège les enfants, les  paysans et les familles".        
 


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