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Le Mouvement du 20 février en porte-à-faux !


Youssef BENZAHRA
Jeudi 23 Juin 2011

En appelant à sortir dans la rue et au boycott de la nouvelle Constitution, seuls contre la majorité des Marocains parce que le projet de Loi fondamentale a été préparé sans concertation avec eux, et que ses dispositions ne répondent pas à leur agenda, les membres du 20 février, s’ils pouvaient encore bénéficier de quelque empathie, ont perdu l’occasion de se montrer pragmatiques, pour ne pas dire réalistes, et d’être au diapason de la majorité des Marocains qui, après le discours Royal, sont sortis spontanément dans la rue pour exprimer leur liesse, apportant par leur élan leur soutien à la nouvelle Constitution avant même le 1er juillet, jour du vote référendaire.
L’argument du Mouvement du 20 février est fallacieux et démontre si besoin est, leur ignorance des réalités du Maroc et de l’histoire de leur pays tout court. Vouloir ôter au Monarque ses prérogatives les plus élémentaires, c’est faire montre d’un paupérisme culturel et politique notoires. Que dire des nombreux exemples de démocraties les plus ancrées dans l’histoire dont les chefs d’Etat ont un rôle prépondérant dans la gestion des affaires de leur pays ? Faut-il donner des exemples et pas des moindres ? Le Roi d’Espagne, chef des armées, le président américain, chef des armées ; le président français, chef des armées et dont les interventions touchent les petits rouages de l’Etat, la Reine d’Angleterre,  chef de l’Eglise et qui jouit d’un grand respect de la part de ses sujets. Il ne s’agit guère d’une liste exhaustive !
Obnubilés par leur succès ou le soutien dont ils ont pu bénéficier au début de leur action parce que c’était dans l’air du temps, les membres du 20 février se sont crus devenir une force agissante et influente sur le cours des événements dans le pays. On peut dire au risque de décevoir certains ou d’attirer leurs foudres, les initiateurs de ce mouvement ont dès le début démontré leur manque de  maturité politique. Ne se sont-ils pas trouvés prisonniers de mouvances extrémistes faisant d’eux des faire-valoir ?  
De ce fait, ils ne pouvaient plus maîtriser leurs revendications ou leurs mots d’ordre, répétant souvent les slogans des autres…
Et puis, on a tendance à l’oublier, le Mouvement du 20 février en vérité n’a pas inventé le fil à couper le beurre ! Il a procédé par mimétisme, reprenant à son compte le mouvement déclenché d’abord en Tunisie et relayé par les Egyptiens.
C’est dire que le Mouvement du 20 février ne pouvait se faire valoir d’une initiative propre, donc d’une démarche exclusive.
Si on peut leur reconnaître un certain mérite, c’est celui d’avoir été un élément déclencheur, le contexte s’y prêtant, d’un processus de réformes qui, en fait, mûrissait depuis l’accession au Trône du Roi Mohammed VI. A-t-on oublié le premier discours du Trône du Souverain plein de signaux prometteurs et annonciateurs de réformes pour faire du Maroc un pays dans sa plénitude démocratique ?
Le Monarque avait le choix dès son avènement de couper brutalement avec le passé comme certains le pressaient de le faire, mais c’était oublier les risques qui pouvaient surgir alors que le pays se trouvait dans une période transitoire délicate ou de procéder avec circonspection. C’est la deuxième approche qui a été privilégiée et pour cause. Ce qui urgeait à ce moment-là, c’est doter le pays de projets structurants tant il en avait un grand  besoin. On l’a vu, le Maroc est devenu lors de la décennie précédente un véritable chantier.
 Il s’agissait non seulement des infrastructures dont manquait le pays, mais également une occasion d’offrir les opportunités de travail aux milliers de Marocains en quête d’emploi.
Si le Maroc est passé à la phase de la consolidation démocratique, c’est que l’heure a sonné. Il était temps ! Le Roi, qui est à l’écoute de son peuple, a été prompt à réagir aux doléances formulées.
Si certains pouvaient s’attendre à des réformettes et prêts à s’en contenter, à s’en accommoder, le Souverain a surpris plus d’un en allant trop loin dans la réflexion. Il proposait tout simplement une réforme globale des instruments constitutionnels. C’est à une refonte totale de la Constitution qu’il a appelé. Sa feuille de route annoncée dans le discours du 9 mars dernier, ne pouvait constituer un cadre rigide de réflexion, mais une méthode de débat qu’il voulait élargi et ouvert à toutes les sensibilités politiques, syndicales et de sociétés civiles. C’était un chantier ouvert sans exclusive !
Si certains ont voulu pour une raison ou pour une autre s’exclure du débat, ils en assument l’entière responsabilité. Et comme dit l’adage, les absents ont tort !
Donc, il est difficile de dire aujourd’hui qu’ils ne se sentent pas concernés par le projet de la nouvelle Constitution. L’affirmer, c’est une fuite en avant ! Soit qu’ils n’avaient rien de sérieux à présenter, soit qu’ils n’étaient pas libres de leur action, otages qu’ils sont de  centres centrifuges dont le  dessein déclaré est de voir le Maroc rejoindre les pays en révolte et en rébellion continue.
Ces individus qui semblent dénués de tout patriotisme véritable, sont aujourd’hui mis devant leurs responsabilités.
Leurs agendas sont désormais connus au grand jour et ne trouvent pas de soutien, ni d’empathie auprès de la grande majorité des Marocains sauf certains jeunes immatures à la recherche d’une place au soleil.
Le rendez-vous du 1er juillet, le jour du vote référendaire, est bientôt là. Ce jour-là, on verra qui du mot d’ordre du Mouvement du 20 février qui appelle au boycott de la nouvelle Constitution, ou celui de la grande majorité des Marocains qui s’exprimeront favorablement pour la Loi fondamentale qui régira désormais leur destinée, l’emportera ?
On ne pourra pas préjuger du taux de suffrage pour le « Oui », mais quel que soit le chiffre et même s’il dépassait juste le seuil de 50%, la démocratie aura vaincu, et tous les récriminateurs ou autres nihilistes devront se rendre à l’évidence et accepter le jeu de la démocratie.
Dans un  précédent article,  nous avons écrit de manière prémonitoire : il faut que le Mouvement du 20 février sache raison garder ; cette exhortation demeure de mise à qui sait se montrer enfin réaliste ou à défaut pragmatique et un tant soit peu aimer ce beau pays qu’est le Maroc !


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