La fête du cinéma est née il y a 25 ans ; dès sa première année, elle a connu un immense engouement public. Cette année, elle se déroule en France sur toute une semaine (avant c’était pour un week-end ou pour trois jours) du 27 juin au 3 juillet. Pour un billet acheté, au tarif habituel, toutes les autres séances sont proposées à un prix réduit. Au Maroc, c’est le multiplexe Megarama qui propose du 28 juin au 2 juillet un billet à 15 dhs avec une programmation spéciale ouverte également sur des films marocains. L’initiative, chez nous aussi, a connu un vif succès. Elle répond en effet à un désir réel chez le grand public de retrouver le spectacle cinématographique dans son lieu d’origine, la salle de cinéma. C’est l’esprit qui préside d’ailleurs au lancement de l’idée de la fête du cinéma: réhabiliter l’idée de la sortie au cinéma. Un rite social qui commence à s’éroder sous l’effet des multiples mutations intervenues dans le comportement du public. La salle de cinéma patrie d’origine du film a vu son statut changer; un déplacement stratégique s’est opéré dans le mode de circulation des images; la réception des films passe de la sphère publique à la sphère privée. Les supports de ce transfert sont désormais à la portée du sujet individuel en lieu et place de la foule qui recevait le film dans un exercice collectif. La télévision, la vidéo, le Dvd, la téléphonie mobile…ont été et sont les instruments de cette mutation. Mais la nostalgie de la salle est toujours là: le succès de la fête du cinéma en est une preuve permanente.
Nous avons au Maroc une autre preuve de ce désir permanent du spectacle cinématographique. Outre la réussite publique de l’offre proposée à l’occasion de cette fête annuelle qui reste hélas limitée à des sites déterminés dans le temps et l’espace, il y a le succès rencontré à travers la multiplication des festivals à travers le Royaume. Juin et juillet connaissent par exemple de nouveaux rendez-vous variés en termes de contenus et de programmation cinématographique. C’est un signe qui émane de la société pour signifier son attachement à la fête, à la convivialité, à la vie tout simplement. Encore une fois, le cinéma reste la démonstration éloquente de la dynamique d’une société. Nous sommes heureux de constater que la société marocaine est inscrite dans cette logique universelle.