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L'Internationale socialiste des femmes adopte la Déclaration de Rabat : Participation active à la lutte pour l'égalité des droits


Nezha MOUNIR
Lundi 3 Octobre 2011

L'Internationale socialiste des femmes adopte la Déclaration de Rabat : Participation active à la lutte pour l'égalité des droits
Elles sont venues, elles sont toutes là. Au long de cette journée du 30 septembre et sur l'initiative de l'Union socialiste des forces populaires, l'Internationale socialiste des femmes  a réuni des femmes de divers horizons, lors d'une rencontre régionale afin de  plancher sur le rôle des femmes arabes dans les démocraties émergentes. Elles sont unanimes pour déclarer que toutes les réformes apportées par le Printemps arabe visent à instaurer la démocratie. Mais encore faut-il les appliquer. D'où l'importance de travailler en réseau afin de rester solidaires et de partager les expériences les unes des autres, attirer l'attention des mass-médias, voire mettre à profit tous les mécanismes de communication. L'Internationale socialiste des femmes, de par son statut de première organisation féminine, portera donc loin la voix de toutes les femmes qui aspirent à plus de démocratie.
Dans son allocution de bienvenue Abdelouahed Radi, Premier secrétaire de l'USFP, a d'abord remercié l'Internationale socialiste des femmes pour la marque de confiance faite  au Maroc et à l'USFP en y organisant leur réunion. Il a ensuite fait allusion à la phase déterminante que traverse la région. «La principale revendication de nos sociétés demeure l'instauration d'une démocratie véritable qui ouvre la voie à la liberté, à l'égalité  et à la justice politique, économique et sociale et dont les femmes bénéficient au même titre que les hommes » a-t-il affirmé en rappelant que la femme ne doit pas se cantonner dans un rôle de spectateur ou de quémandeur mais  se convertir en acteur principal. «Une révolution dans la révolution » en somme.  
M. Radi a également rappelé que le principal obstacle au partenariat Nord-Sud est le retard historique accusé par les pays du Sud au moment où les pays du Nord ont réalisé une série de  révolutions (révolutions de l'imprimerie, de l'agriculture, de la technologie…). Mais au terme de longues luttes, les peuples arabes se sont lancés, à leur tour, dans la grande aventure pour l'instauration de la démocratie qui favorisera l'Union au Maghreb et au Machreq. Seulement, précise-t-il, toutes ces réformes ont un coût mais la conjoncture n'est pas favorable vu que les partenaires du Nord se débattent dans une crise économique et sociale. «Le Maroc milite pour la sécurité et la stabilité dans la région et  agit pour l'instauration de la paix entre Palestiniens et Israéliens ».
Pia Locatelli, présidente de l'Internationale socialiste des femmes a, pour sa part, mis l'accent sur  le Printemps arabe  qui, à l'instar du Printemps de Prague, a exprimé la volonté des peuples pour plus de démocratie, de dignité et d'équité. « Chaque pays présente des spécificités eu égard à son niveau de développement, une vraie mosaïque en somme ».  Où sont les femmes? s'est-elle demandée.Leur présence est  faible. Mme Locatelli a salué l'exception positive du Maroc où le changement a débouché sur une nouvelle Constitution dont les apports constituent une vraie avancée. Pour conclure, elle a rendu hommage à Wangari Maathai, première femme africaine à recevoir le Prix Nobel de la paix en 2004 pour sa contribution à la paix et appelé à la mise en œuvre complète et rapide de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes.
 « Le choix d'abriter cette manifestation au Maroc est pertinent, après celle organisée à Casablanca en 2002 », a avancé Zoubida Bouayad, membre du Bureau politique de l'USFP.  Dans son intervention elle a salué le militantisme de toutes les femmes arabe, précisant que « la femme marocaine a acquis, en 10 ans, plus de droits qu'elle n'en a obtenus en 50 ans auparavant » et ajoutant que l'USFP, à l'instar de toutes les forces vives du pays, a contribué à la mise en place de plusieurs réformes politiques.
Mme Bouayad a ainsi passé en revue tous les acquis dans ce domaine notamment le Code de la famille, le Code de la nationalité, le  projet de réforme du Code pénal pour criminaliser la violence faite aux femmes, la création, en 2010, de la Commission Royale de réflexion sur la régionalisation…. Elle a également rappelé qu' « en ce mois de septembre le Maroc a levé les dernières réserves concernant la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination envers les femmes (CEDAW), articles 9 et 16». Quant à la nouvelle Constitution, elle comporte plus de 10  dispositions consacrées à la femme, a-t-elle ajouté. Parlant de la liste nationale, la militante socialiste a affirmé qu'«elle représente un autre acquis puisqu'elle passe de 25 femmes en 2002 et 2007 à 60 lors des prochaines élections. ».  Mme Bouayad n'a pas manqué de souligner, pour conclure, que la femme usfpéiste en plus de sa profonde implication dans la société civile, à travers les associations, est également au centre d'engagements très importants au niveau international : ISF, CEDAW, OMD, Union européenne, etc.
Marlène Haas, secrétaire générale de l'Internationale socialiste des femmes a, pour sa part, salué les changements intervenus au Maroc depuis 10 ans. Dans un souci de soutenir la femme marocaine pour arracher toujours plus de droits, elle a affirmé avoir demandé au Premier secrétaire de l'USFP de convaincre la base de l'instance du parti d'avoir de 20 à 25% de femmes têtes de listes locales. Par ailleurs, elle a affirmé que  « l'avancée historique enregistrée dans la condition des femmes d'Arabie Soudite est à applaudir. Voter et se faire élire pour des femmes qui ne pouvaient même pas voyager sans l'accord d'un homme, est tout à fait exceptionnel».
Dans sa contribution Ouafa Hajji, membre du Conseil national de l'USFP, a souligné que le thème abordé revêt non seulement un caractère d'actualité mais également une importance cruciale. «Les situations sont inégales d'un pays à l'autre de la région selon les spécificités, mais ce qui est certain, c'est qu'après le Printemps arabe plus rien ne sera comme avant », ne manque pas de remarquer l'intervenante. Certes les femmes se sont battues pour plus de libertés mais  leurs préoccupations ne constituent pas toujours une priorité. Parlant des femmes au Maroc et plus particulièrement des militantes  de l'USFP, Mme Hajji a déclaré qu'elles ont pu obtenir des résultats au bout d'un long combat.  
Yosra Messai, candidate pour l'Assemblée constituante de Sawt Mostakel, en Tunisie est formelle: « Des mesures drastiques sont de rigueur pour un changement radical. » Ainsi le projet pour annuler la Constitution et à en réécrire une autre est bien engagé, explique-t-elle. Cette  mission a été confiée à une assemblée constituante. «  Une parité totale dans les listes a été instituée » explique-t-elle. Sous le règne de Ben Ali, hommes et femmes étaient égaux devant la répression, ironise Yosra. « Certes beaucoup de droits ont été acquis notamment par rapport au statut personnel  mais le chemin est encore très long. Le changement doit être axé  sur les mentalités et toucher toutes les régions surtout les rurales d'entre elles » assure-t-elle.
Lynda Tamdrati, journaliste et animatrice à la télévision algérienne a, pour sa part, brossé un tableau général  de  la situation de la femme dans son pays. Elle a ainsi rappelé que «la femme algérienne a été de tous les fronts aussi bien dans sa participation à  l'indépendance du pays que pour  forcer des changements radicaux dans l'organisation de la vie sociale». Elle a ainsi investi le monde de l'enseignement avec 34 % de l'effectif du personnel universitaire, le monde des affaires avec 12.000 femmes chefs d'entreprise, poursuit-elle à titre d'exemple. Certes la participation de la femme dans l'activité économique est encore faible ne représentant que 16,9%, mais ce nombre ne cesse de croître.
Mme Tamdrati a continué en déclarant qu'aucune disposition législative n'interdit ou ne restreint la participation de la femme à la vie politique, mais néanmoins elle est considérée comme ne pouvant soutenir le combat mené. Il est à rappeler que la Constitution algérienne avait été  amendée en 2008. Un projet de loi permettant à la femme d'atteindre au moins le taux de 33 % (système de quota) dans les assemblées sera bientôt soumis au Parlement pour adoption.
Maha Al Aswad, représentante de l'Egypte, est remontée contre le régime : « Les lois sont adoptées par le pouvoir militaire dans une marginalisation totale de la population et d'ajouter que depuis leur prise du pouvoir, ils n'ont cessé de criminaliser les activistes et les manifestants. 12000 Egyptiens ont été poursuivis devant les tribunaux militaire».  D'ailleurs  la commission chargée de réviser la Constitution ne comprend aucune femme. « Il est vraiment temps que les militaires cèdent le pouvoir aux  civils et que l'état d'urgence soit levé», conclut-elle.
Bahia Amra, Palestinienne et grande militante associative, a rappelé que la femme palestinienne a connu et connaît encore les affres de la répression. « Le Printemps arabe nous a donné une impulsion, reconnaît-elle, mais il y a quatre ans déjà, nous avions lancé un appel contre ce mur d'apartheid qui sépare Al-Qods du reste de la Palestine. Le combat pour la démocratie est notre cheval de bataille. « Il faut tout faire pour ne pas laisser la rue aux islamistes », souligne-t-elle.
D'un autre côté et lors des débats, une intervenante kurde a  lancé un cri à la communauté internationale afin qu'elle s'intéresse à ce qui se passe en Iran notamment vis-à-vis des minorités. La femme subit une double discrimination, celle d'être femme et celle d'appartenir à une minorité. « En Iran le problème nucléaire a occulté la situation des droits de l'Homme » précise-t-elle.
En fin de journée, lecture a été faite de la Déclaration de Rabat qui a été approuvée par l'ensemble de l'assistance. Rendez-vous est pris pour une prochaine réunion en janvier prochain.

Yosra Messai, candidate à l’Assemblée constituante tunisienne
“Le pari n’est pas définitivement gagné face aux forces réactionnaires”


«Certes la Tunisie est pionnière en matière de droits des femmes. Déjà dans les années 50, il y a eu l’instauration du Code du statut personnel. Mais les femmes demeurent toujours en danger. La vigilance doit être de mise. Le pari n’est pas définitivement gagné face aux forces réactionnaires. C’est un combat de tous les jours pour préserver  les acquis et évidemment enregistrer des avancées. Pour ce, des femmes font partie de l’Assemblée constituante chargée de réécrire le projet de Constitution ; cette Constitution qui pourrait être un rempart contre toute sorte de dérives qu’elles proviennent d’un parti ou de tout bord extrémiste. Si les islamistes se retrouvent au pouvoir, il faut qu’il y ait un contre-pouvoir. Le chemin est évidemment très long.  Pour ma part, je me présente aux élections en candidate libre une liste indépendante de jeunes Tunisiens, pour faire partie de l’Assemblée constituante : c’est la liste Sawt Mostakel. Nous demandons l’élaboration de nouvelles lois en faveur des femmes. Mais pour être à même de mieux les servir, il faut être présent sur le terrain et faciliter leur accès à l’éducation, à la santé, à la culture. Pour ce faire, m’impliquer davantage dans le tissu associatif répondrait mieux à mes aspirations».


Pia Locatelli, présidente de l’IS des femmes
“Les socialistes doivent toujours donner l’exemple”


« C’est toujours pour moi un réel plaisir de me retrouver au Maroc, d’autant plus que la relation qui lie l’Internationale socialiste des femmes au  parti de l’Union socialiste des forces populaires est très solide. D’ailleurs, Nezha Chekrouni a été vice-présidente de cette organisation. Actuellement, nous sommes très intéressés par le processus du Printemps arabe. Mais une représentation égale des deux  genres lors des manifestations de la révolution n’est pas reflétée dans le processus de transition comme dans les nouvelles instances. Ceci est dû au fait que la région arabe  est pratiquement celle où les femmes sont le moins représentées. Est-ce à cause de la religion ? Les opinions sont fort partagées. D’aucuns s’empresseront vite de réfuter cette vision. Mais je pense qu’il y a une relation entre la présence de l’islam et la faible représentativité des femmes. Cela ne veut pas dire pour autant que l’islam est contre la femme. Force est de constater que l’interférence entre la sphère publique et la religion est fort handicapante par rapport aux droits des femmes. Il faut qu’il y a une séparation entre la sphère publique et la sphère privée. Il va sans dire qu’un tel changement  ne saurait être évident au sein du monde  musulman. S’agissant des réformes entamées par le  Maroc, elles m’ont beaucoup enthousiasmée d’autant plus qu’elles ont débouché sur une Constitution qui  consacre la consolidation de droit humains. Mais  ma déception a été sans bornes du fait que la liste nationale n’ait pas été exclusivement féminine. La loi a institué pourtant la discrimination positive en faveur des femmes. On attend que les lois instituées soient appliquées. J’ai demandé au Premier secrétaire de l’USFP de faire un effort supplémentaire en faveur des femmes, afin que son parti présente un plus grand nombre de candidates comme têtes de listes locales, les socialistes devant toujours donner l’exemple. Pour le Premier secrétaire, cela pourrait se faire mais dans un total respect de la démocratie».
recueilli par N.M.


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