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Harcèlement scolaire ou “bullying ”. Un fléau qui envahit les écoles marocaines


​Manal Rmili
Jeudi 25 Août 2022

Harcèlement scolaire ou “bullying ”. Un fléau qui envahit les écoles marocaines
Le harcèlement scolaire, ou «bullying», en anglais, est un sujet de prédilection du cinéma pour ados, comme le film Mean Girls, qui suit les pas d’une nouvelle élève (anciennement scolarisée «à la maison») dans un lycée divisé en cliques et dominé par un trio de filles «populaires», et prêtes à tout pour le rester. Loin des clichés hollywoodiens, que peut-on dire du harcèlement scolaire chez nous?

 Au Maroc, la prévalence de la violence en milieu scolaire est élevée comme le confirment les données sur les cas de harcèlement, les bagarres et les agressions physiques.

Selon un rapport de l’Unesco, la prévalence des cas de harcèlement dans les écoles au Maroc est de 32,2%, ce qui signifie que près d’un élève sur trois en a été victime. Ce pourcentage est plus important chez les garçons que chez les filles (44% contre 31,6%).  En dévoilant ces données, l’Unesco fait remarquer que les enfants qui font fréquemment l’objet de harcèlement sont près de trois fois plus susceptibles de se sentir marginalisés à l’école et sont au moins deux fois plus susceptibles de manquer l’école que ceux qui n’en sont pas souvent victimes.

Le problème du harcèlement est en réalité beaucoup plus complexe. Celui qui harcèle a souvent été harcelé, ou maltraité, à l’école, ou en dehors de l’école. Devenir un «harceleur», un «bully» , dit-on en anglais, n’est pas le signe qu’on est plus fort que les autres. C’est plutôt un signal de détresse intérieure. On s’en prend à autrui parce qu’on n’arrive pas à se regarder en face, parce qu’on ne se sent pas assez bien, assez aimé...

Des milliers de jeunes se donnent la mort chaque année parce qu’ils se font harceler à l’école. Il ne faut pas minimiser l’impact du harcèlement sur une jeune personne en construction intellectuelle et psychique. Il peut toutefois être pertinent de préparer ces futurs adultes à savoir reconnaître un harcèlement, et de leur apprendre à y réagir le mieux possible.

Le harcèlement est une violence répétitive, physique, verbale ou psychologique perpétrée par un ou plusieurs élèves à l’encontre d’un de leurs camarades qui est dans l’incapacité de se défendre dans ce contexte précis. Avec le développement des nouvelles technologies et des réseaux sociaux, il dépasse le cadre scolaire et affecte aussi les jeunes à travers le cyberharcèlement. Les victimes sont souvent seules face à cette menace.

A cet effet, on peut considérer qu'il y a harcèlement  dans trois cas. En premier, quand un rapport de force et de domination s'installe entre un ou plusieurs élèves et une ou plusieurs victimes. En deuxième lieu, lorsqu’il y a répétition de différentes formes d'agressions durant une longue période.
Enfin en cas d’isolement et d’abandon. Quand la victime s’enferme sur elle-même et est dans l’incapacité de trouver les réponses appropriées pour s’en sortir.

Si l’on veut penser le problème du harcèlement scolaire de manière plus systémique, il faut commencer par comprendre ce qu’est la «culture du harcèlement» dans les écoles, les familles, les entreprises, les clubs de loisirs ... Il s’agit d’une culture où les individus se permettent de maltraiter les autres et de les dominer, parce qu’ils ne sont pas capables de s’accepter eux-mêmes, ni de se comprendre. C’est à cette culture de la domination, sous-tendue par un mal-être intérieur, qu’il faut s’attaquer, si on veut réduire le nombre de ces actes de harcèlement scolaire qui ne se limite pas à des actes d’élèves envers d’autres élèves.

Il s’agit, en effet, de quelque chose de beaucoup plus vaste, qui implique aussi les professeurs, les parents d’élèves et tout le personnel encadrant. Face à ce phénomène, des mesures strictes et pragmatiques sont nécessaires. Une pleine reconnaissance de ce fléau est indispensable à son traitement.

Cette reconnaissance, en plus de renforcer la prise de conscience du phénomène, est de nature à faciliter son traitement, pour éviter son installation dans la durée. Les cas de harcèlement doivent au contraire être rapidement traités et signalés pour permettre leur appréhension par les autorités académiques et, le cas échéant, l'autorité judiciaire.

Pour éviter ce comportement de minoration et le risque de pourrissement qui en découle, il serait utile de sortir le harcèlement scolaire des critères de notation des chefs d'établissement, véritable épée de Damoclès qui plane actuellement au-dessus de leur tête.

Manal Rmili (Stagiaire)


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