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Démission collective de 135 toubibs : Coup de bluff en blouse blanche

La forme n’y est pas


Hassan Bentaleb
Jeudi 1 Novembre 2018

Y a-t-il eu démission collective des médecins du secteur public ? «Non», nous a répondu une source syndicale sous le sceau de l’anonymat. Et de poursuivre : « Il s’agit d’un groupe de médecins qui ont signé une lettre de démission qui ne répond pas aux dispositions en vigueur puisque la lettre qui porte l’en-tête d’un syndicat a été signée collectivement. En fait, une   démission se fait à titre individuel et doit faire l’objet d’une demande auprès de la hiérarchie et c’est au ministère de répondre favorablement ou négativement, selon les besoins et l’intérêt du secteur ».
Notre source estime qu’il s’agit plutôt d’une démission symbolique puisque les 135 médecins qui ont présenté leur démission sont encore en fonction. Ceci d’autant plus que leur nombre ne représente pas grand chose par rapport aux 1.195 médecins du secteur privé.  
De son côté, Anas Doukkali, ministre de la Santé, a indiqué lors de la séance des  questions orales à la Chambre des conseillers que les démissions sont de nouvelles formes de protestation qui n’ont rien à voir avec la loi puisque l’article 77 stipule que  « la démission ne peut résulter que d'une demande écrite de l'intéressé marquant sa volonté non équivoque de quitter le cadre de son administration ou service, autrement que par l'admission à la retraite», tout en ajoutant qu’«elle n'a d'effet qu'autant qu'elle est acceptée par l'autorité investie du pouvoir de nomination, qui doit prendre la décision dans le délai d'un mois à compter de la date de la réception de la demande de démission. Laquelle démission prend effet à la date fixée par cette autorité. ».
Sur les raisons et les motivations qui ont sous-tendu ces démissions et qui sont relatives à la dégradation des conditions de travail dans le secteur de la santé, le ministre a indiqué que cet état de fait perdure depuis longtemps et que l’ensemble des gouvernements successifs ont déployé des efforts pour combler le gap au niveau des infrastructures et des ressources humaines. A ce propos, il a rappelé les différentes mesures et programmes mis en place par son ministère et il a même indiqué qu’il y aura lancement d'un nouveau round du dialogue social. Une annonce qui fait grincer les dents de plusieurs centrales syndicales qui ont déjà boycotté les réunions auxquelles le département de la Santé a appelé.
Mustapha Chanaoui, secrétaire général de la branche santé de la CDT, fait partie de ces syndicalistes. Pour lui, le ministre veut entamer un nouveau round du dialogue social alors qu’il s’agit pour les syndicats de poursuivre celui qui a été enclenché en 2011. « Comment entamer de nouvelles discussions alors qu’un accord datant de 2011 n’a pas encore été opérationnalisé? Ceci d’autant plus que cet accord a été signé avec le gouvernement et non pas avec un seul ministre. Qu’en est-il donc de la continuité de l’Etat ?  L’actuel ministre dit ne pas être obligé de mettre en œuvre l’Accord de 2011,  donc pourquoi nous réunir et débattre avec un partie qui ne respecte pas ses engagements ? ».
Mustapha Chanaoui nous a également affirmé que la responsabilité du gel du dialogue social,  en stand-by depuis 7 ans autour de trois points, n’incombe pas au ministère de la Santé. Elle incombe plutôt aux  gouvernements Benkirane et El Otmani qui sont à la solde des directives des institutions financières internationales qui estiment que la masse salariale de l’administration publique est très élevée par rapport au PIB. « Le problème, ce n’est pas l’importance de la masse salariale mais la faiblesse du PIB qui est due au fait qu’on ne produit pas assez de richesses dans ce pays. Ceci d’autant plus que par rapport à notre démographie, nous avons un besoin énorme en fonctionnaires. Notre taux d’encadrement est plus faible que ceux de la Tunisie, de la Jordanie et de l’Egypte. Le déficit est énorme en matière de santé et d’éducation… Donc, nous nous trouvons face à un discours complètement erroné », a-t-il conclu.


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