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Clôture du colloque sur les prisonniers palestiniens : Le devoir de conscience


Rida ADDAM
Lundi 24 Janvier 2011

Clôture du colloque sur les prisonniers palestiniens : Le devoir de conscience
«La libération des prisonniers palestiniens est une responsabilité internationale». Ceci n’est pas un simple slogan. C’est une conviction qui anime la mobilisation, non seulement des participants au Congrès international pour le soutien des prisonniers palestiniens, organisé depuis vendredi à Rabat, mais de toute la société civile internationale. C’est ce qu’ont affirmé d’ailleurs les représentants des ONG et les politiques venus de plusieurs pays participer à ce grand événement. D’éminents chercheurs des droits internationaux et des politiques d’envergure ont également répondu à l’appel de la Palestine.
De Gaza à Rabat, l’appel des résistants palestiniens qui purgent arbitrairement de lourdes peines de prison. Un appel qui n’a cessé de retentir dans la salle des conférences où des dizaines de témoins ont transmis les souffrances des prisonniers palestiniens à tous les participants. A chacun sa propre manière d’exprimer cette profonde douleur qu’il porte en lui et celle de ses frères dont la souffrance est sans fin dans les geôles israéliennes.
Zaki Wahbi et Marcel Khalifa n’ont pas raté l’occasion de dénoncer les agissements des sionistes avec plus de finesse et de jolis mots qui reflètent la douleur et le déchirement de tout un peuple.
Un peuple dont l’amère histoire a ressurgi entre les poèmes de Zaki Wahbi et les douces notes des chansons militantes de Marcel Khalifa. Les deux artistes, ont donné, samedi soir un spectacle inédit devant les participants du congrès et le public marocain venu en masse assister à la soirée. Ce qui démontre que le peuple palestinien continuera à vivre sur les traces des martyrs et poursuivra sa lutte de libération avec tous les moyens disponibles, à savoir le mot fort, la musique, les cris des mères terrorisées par la perte de leurs fils, frères et maris qu’elles refusent d’oublier malgré les souffrances de l’attente qui perdurent depuis de longues années.
La soirée de Marcel et Wahbi a montré une autre voie de la résistance palestinienne. «Cette résistance que rien ne brisera doit être vulgarisée. La voix des résistants, martyrs ou sur la voie de le devenir, doit être soutenue par tous les moyens humains et matériels pour toucher sa cible en toute clarté : l’opinion publique qui a le dernier mot dans ce scandale humain qui perdure et soulève les consciences», précise un ancien prisonnier qui a perdu son rein, sous la torture.
Le témoignage de cet ancien prisonnier a fait tellement mal que les regards sont restés figés après avoir quitté le pupitre qu’il n’a cessé de marteler pour manifester la colère digne d’un vrai résistant. Un résistant qui dit avoir perdu sa femme, ses enfants, ses parents, ses frères et cousins dans moins de cinq minutes. Les Israéliens ont anéanti toute une famille à coup de canons avant de l’embarquer vers l’enfer.
La torture a duré plus de 8 mois durant lesquels il a subi toutes sortes de supplices et humiliations. D’autres cas ne sont pas moindres : «La souffrance des familles des prisonniers est terrible. Ils n’ont plus de nouvelles de leurs proches incarcérés. Les avocats non plus. Le tribunal militaire traite abusivement, contre toutes les lois et les conventions internationales en vigueur», raconte une ancienne prisonnière.
Une troisième partage l’avis de ses deux cousins. Pour elle, son cas mériterait une profonde analyse pour contrecarrer les prétextes des Israéliens qui se basent sur des dossiers préfabriqués pour inculper les prisonniers. «Le prisonnier est souvent séquestré plus d’un an. Il est jugé sur des témoignages d’autrui même s’il ne reconnaît pas les faits. Son dossier est monté de toutes pièces. Souvent ses proches sont interpellés pour faire pression sur le prisonnier et le pousser à céder. Et en fin de compte, il est présenté devant le tribunal militaire en dépit des lois internationales en vigueur», a précisé le ministre des Affaires des prisonniers palestiniens, Issa Qaraqe.
Celui-ci a fait appel à toutes les instances et à tous les militants associatifs et politiques à agir dans le sens de contraindre Israël à libérer les prisonniers ou au moins leur garantir leurs droits élémentaires pour un jugement équitable dans des tribunaux civils. D’où l’appel du représentant du Parlement arabe qui a ouvert le feu sur Israël, l’accusant du non-respect des lois et des conventions internationales.
Tayeb Mesbahi, représentant de cette institution qui n’a cessé de dénoncer l’iniquité des jugements des prisonniers palestiniens, a souligné que les parlementaires arabes sont unanimes sur la question. A ses yeux, «il est temps d’agir pour mettre un terme à ce comportement arrogant et irresponsable des Israéliens qui poursuivent leur politique d’oppression contre un peuple qui ne réclame que son droit à l’indépendance». Et de proposer que le dossier des prisonniers soit géré par des instances plus qualifiées que les ONG qui ont, jusqu’à présent, fait un excellent travail pour que la vérité sur ces abus exercés contre les prisonniers éclate.
Ainsi, le parlementaire a proposé plusieurs recommandations à étudier lors de ce Congrès dont les travaux se sont poursuivis jusqu’à dimanche soir. Notons dans ce sens, que les débats autour des recommandations à prendre se poursuivaient dans la grande salle du Congrès.
Motivés à prendre des résolutions efficaces sous l’égide de plusieurs institutions officielles, à savoir les ordonnateurs arabes et internationaux, les congressistes ont poursuivi leurs débats sur différentes questions relatives aux prisonniers palestiniens. Les responsables politiques et les militants ont tous eu leur mot à dire sur les prérogatives à entreprendre et la manière de les mettre en application. Car leur souci réside dans l’application des recommandations. D’où l’appel courageux de l’ancien prisonnier marocain dans les geôles d’Israël,  Mossadek Benkhadra.
Ce dernier a soulevé un point d’une extrême importance : «Décidez autant de recommandations que vous jugeriez nécessaires, mais n’oubliez pas de mettre en place les mécanismes et de définir les responsabilités pour l’application. Qui pourrait obliger Israël à céder et à respecter les lois internationales ? Pensez à l’application des recommandations avant de les définir pour n’en sortir d’ici qu’avec les prérogatives applicables sur le terrain. On est fatigué d’entendre des paroles qui s’évaporent les jours qui suivent chaque congrès».
Une vision que Benkhadra a maintenue même devant les participants au séminaire juridique présidé par Jawad Bollos et auquel ont participé des juristes internationaux tels que Mireille Mendes, Gilles Devers, Aziz Nouaydi, Nacer Arraiss, Yassir Al Mouri ainsi que la célèbre avocate juive Lea Tsemel qui a tant assuré la défense des prisonniers devant le tribunal militaire de l’occupation.
En concluant sa brève intervention, Benkhadra s’est interrogé : «Je me demande pourquoi ces prisonniers acceptent de passer devant un tribunal militaire. Ils ne doivent pas le faire pour ne pas réglementer l’abus israélien». Une question qui a provoqué une effervescence dans la salle. La majorité a partagé l’avis de Benkhadra, mais les juristes et les prisonniers ont rejeté cette idée qui, d’après eux, donnerait au tribunal le droit de juger les prisonniers sans leur donner la chance de se défendre.  Pour certains militants, Benkhadra a en quelque sorte raison, mais le fait de passer devant le tribunal permet à l’opinion publique de prouver l’existence de ces prisonniers dans les geôles sionistes comme c’est l’occasion de manifester leur colère devant le tribunal. C’est une manière de montrer à l’occupant que les résistants sont toujours debout et qu’ils n’ont peur de rien.
La séance de travail relatif aux droits internationaux a connu également une forte participation. Les éminents chercheurs et les parlementaires qui ont participé à la séance de travail juridique ont rejoint également leurs homologues lors de la séance programmée en fin d’après-midi du samedi.
Cette séance a été marquée par une série de propositions de Tayeb Mesbahi qui a, cette fois-ci, partagé sa propre vision des choses. Le parlementaire arabe qui a participé à cette dernière séance de la journée en sa qualité de militant de la cause palestinienne, a présenté plusieurs idées appréciées par l’ensemble des congressistes. Selon des sources proches de la commission chargée d’établir le communiqué final, les propositions de Mesbahi font partie des idées qui seraient prises : «J’invite tous les parlementaires arabes à adopter un prisonnier, lui rendre visite, l’écouter, transmettre sa voix à toutes les institutions  internationales concernées. Comme je propose la création d’une commission internationale en Hollande pour le suivi des dossiers des prisonniers à l’échelle internationale et européenne. Et ce, pour obliger les pays européens et les Etats-Unis à prendre de fermes positions, contraignant Israël à respecter les lois internationales. Dans ce sens, nous devons opter pour une vaste campagne de vulgarisation de ces droits auprès de tous les citoyens, les Etats et les ONG concernées».
Et d’ajouter : «En ce qui concerne la justice pénale internationale, il est temps de punir sévèrement les criminels pour en faire des exemples. Et ce, dans le cadre du respect total des droits de l’Homme, loin de toutes les pressions des lobbies israéliens. Je souligne que le tribunal international a failli à ses devoirs envers les prisonniers palestiniens quand il a adopté le concept de marginalisation et de sélection dans les dossiers». Juste après la projection du film «Al Maghrib bawabat Al Qods» de son réalisateur Abdallah Mesbahi, les travaux se sont poursuivis dans un climat de respect et de mobilisation de tous les participants. A rappeler que les congressistes ont décidé de créer une commission chargée de remettre à l’ambassadeur de France à Rabat une lettre de protestation contre la visite à Gaza et les déclarations de Mme Alliot Marie, ministre des Affaires étrangères.


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