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La généralisation de ce dispositif sera faite graduellement. Pour l’Exécutif, il s’agit d’une première étape dans la mise en œuvre dudit programme dont l’objectif est de créer 250.000 postes d’emploi temporaires en deux ans, en particulier pour les personnes qui ont perdu leur travail à cause de la pandémie et pour les jeunes qui ont des difficultés à accéder au marché d’emploi.
Pourtant, si l’intention du gouvernement est louable et sa volonté pour absorber le chômage est réelle, il n’en demeure pas moins que le nombre des postes d’emploi envisagé et la nature de ces postes laissent sceptiques même les personnes les plus optimistes.
En effet, la réalité des chiffres du chômage au Maroc est têtue et les attentes en matière d’emploi sont énormes. Selon un récent policy paper établi par Oxfam intitulé : «Le marché du travail au Maroc : défis structurels et pistes de réforme pour réduire les inégalités», destiné à dresser un bilan précis et synthétique des problématiques de ce secteur, le Maroc est considéré comme l’un des pays de la région MENA les plus touchés par le phénomène des NEET (Not in education, employment or training), qui concerne les jeunes de 15 à 24 ans non scolarisés, ne disposant pas d’un emploi et ne suivant pas une formation.
En 2018, 28% des 15-24 ans étaient considérés comme NEET, soit environ 1,7 million de personnes, en recul relatif par rapport à 2000 (32%). Les femmes sont bien plus touchées que les hommes, puisque 44,1% des femmes de 15-24 ans sont considérées comme NEET, contre 13,3% des hommes. En d’autres termes, sur l’ensemble des jeunes considérés comme NEET, les trois quarts sont des femmes et près de 45% sont des jeunes femmes en milieu rural.
A souligner que le taux de chômage des 15-24 ans s’est envolé, augmentant de près de 6 points en un an et s’élevant au T1 2021 à 32,5%.
Une situation qui tend à persister dans le temps, précise le document d’Oxfam, et risque de renforcer l’immobilité sociale ainsi que le chômage de long terme. Sans parler des risques de marginalisation progressive des individus de la société, ce qui peut nourrir le désir d’émigration ou une volonté de révolte sociale.
En outre, les ambitions du programme « Awrach » semblent très minimes par rapport à une situation de chômage aggravée par la pandémie de Covid-19. En fait et selon ledit policy paper, les indicateurs du marché du travail se sont particulièrement dégradés lors de l’année 2020.
Au premier semestre de l’année 2020, l’économie marocaine a détruit 790.000 emplois, tandis que sur un an, entre le T1 2020 et le T1 2021, ce sont 200.000 postes qui ont été perdus. Le nombre d’actifs a reculé de 600.000 personnes au premier semestre 2020, tout en restant stable entre le T1 2020 et le T1 2021.
A noter que le nombre annuel de personnes en âge de travailler qui devrait intégrer le marché du travail (hors personnes scolarisées) est de 280.000 et que le nombre de personnes au chômage a augmenté de 242.000 entre le T1 2020 et le T1 2021 et de 190.000 au premier semestre 2020.
Le taux de chômage a augmenté de 2 points, passant de 10,5% de la population active au T1 2020 à 12,5% au T1 2021 (et 12,7% au T3 2020). L’agriculture (-258.000) et les services (-260.000) ont été les secteurs les plus touchés par les destructions d’emplois au premier semestre 2020 par rapport au premier semestre 2019.
Concernant la nature des postes créés, personne ne sait comment le programme « Awrach » compte insérer dans le marché d’emploi les 231.000 personnes qui ont perdu leur emploi en 2020 dans le secteur de l’agriculture et les 48.000 dans celui de l’industrie alors que ledit programme doté d’un budget de 2,25 milliards de DH est censé assurer des emplois dans la réalisation de sentiers, la restauration des monuments et équipements publics, l'aménagement d'espaces verts, l'alphabétisation et l'enseignement primaire, la prise en charge des personnes âgées, les activités sportives et culturelles et la numérisation des archives.
Pour Oxfam, les indicateurs du marché du travail marocain demeurent aujourd’hui alarmants, tant sur le plan quantitatif que qualitatif. En raison de l’essoufflement du modèle de croissance, le nombre d’emplois créés est insuffisant et l’inactivité augmente. « La raréfaction des emplois tend à favoriser le groupe en position dominante dans la société, à savoir les hommes d’âge mûr. A contrario, les femmes et les jeunes sont largement exclus du marché du travail. Etant donné la structure productive du pays, l’offre de travail apparaît en décalage avec la formation des nouveaux entrants sur le marché du travail. Les diplômés subissent ainsi un chômage massif. Enfin, la prégnance de l’informalité est telle qu’occuper un emploi n’est pas une condition suffisante pour échapper à la précarité », souligne policy paper. Et de conclure : « Les conséquences d’une mauvaise intégration sur le marché du travail pour les jeunes ayant tout juste terminé leurs études se ressentent à long terme. Ils sont en effet plus touchés par des périodes de chômage et leur salaire, même des années après, est amputé. La cohorte de jeunes arrivant sur le marché du travail a subi de plein fouet la crise de Covid-19. Au-delà des effets psychosociaux liés à l’enfermement, la privation de liens sociaux ou de loisirs, ils traîneront cette intégration ratée sur le marché du travail pendant de longues années. Quant aux femmes, leur situation dans l’emploi, déjà particulièrement dégradée, pourrait être affectée à plus long terme. Etant donné les difficultés rencontrées pré-crise à trouver un emploi, la chute massive du taux d’activité féminin pendant la crise pourrait éloigner durablement une partie d’entre elles du marché du travail ».
Hassan Bentaleb