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Au Parlement, Benkirane brandit l’épouvantail des élections anticipées

Pour l’USFP, «une manière d’entériner l’échec d’une expérience»


Narjis Rerhaye
Lundi 22 Juillet 2013

Au Parlement, Benkirane brandit l’épouvantail des élections anticipées
«Les élections anticipées ne me font pas peur. Mon parti et moi sommes prêts à y aller !». Depuis la tribune de la Chambre des conseillers qui l’accueillait dans le cadre de la séance mensuelle de l’interpellation du chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane a brandi la carte des élections anticipées. Sur le ton de la menace et devant des conseillers médusés. «D’autant que M. Benkirane est au cœur de contacts politiques pour constituer sa nouvelle majorité orpheline de l’Istiqlal. Et là tout d’un coup, il lance devant l’opinion publique que le PJD, sa famille politique, veut aller à des élections anticipées», soupire un parlementaire appartenant au plus vieux parti marocain.
En fait, c’est dès ce lundi qu’Abdelilah Benkirane va rencontrer, dans l’ordre décroissant en termes de représentativité,   les partis représentés au Parlement. Un premier tour de table pour les informer de la situation politique et économique du pays. Ainsi en ont décidé les trois leaders de la majorité, Benkirane, Laenser et Benabdallah, au cours d’une réunion au sommet, tenue vendredi.  
Dès lors, la question des élections anticipées apparaît comme une option très peu probable. Au sein de la majorité, tout le monde le sait. Et chez les islamistes au pouvoir, la frange modérée défend bec et ongles l’entrée en scène du Rassemblement national des indépendants plutôt que l’organisation de législatives anticipées.
Pour Habib El Malki, le président du Conseil national de l’Union socialiste des forces populaires, la surenchère d’un chef de gouvernement menaçant d’élections anticipées  est d’abord et avant tout « un recours d’impuissance». «Chaque fois  que M. Benkirane et les siens sont en difficulté, ils annoncent qu’ils vont recourir au suffrage populaire. Ils alternent cela d’ailleurs avec le recours à la rue. Entre les deux, élections anticipées ou manifestations de rue, leur cœur balance ! », s’exclame le député de Bejaad.
A l’USFP, on en est convaincu : il n’y a aucune justification profonde à aller à un scrutin avant l’heure. «Nous sommes face à une crise de gestion liée à la méthode  du chef du gouvernement de gérer les relations des différentes composantes de la majorité. Cette gestion est profondément liée à sa personnalité conflictuelle et à son comportement.
M. Benkirane agit plus en chef de parti qu’en chef du gouvernement. C’est bien cette crise de gestion qui s’est transformée en crise politique. Aujourd’hui, elle pose  les problèmes de la mise en œuvre de la Constitution et de la nature des réformes à mener sur fond de lignes rouges à ne pas franchir comme par exemple le pouvoir d’achat des Marocains», explique Habib El Malki.
Le ton menaçant, le regard noir de colère, Abdelilah Benkirane a agité la carte des élections anticipées, histoire de défier ses adversaires politiques. A quelques jours de l’ouverture de négociations avec  le Rassemblement national des indépendant –désormais faiseur de majorité- la stratégie est bien maladroite. «Il faut en finir avec cet épouvantail  de la politique que sont les élections anticipées. Si notre démocratie a besoin d’aller à de telles élections, hé bien, il faut le faire et en payer le prix. Mais attention, l’action gouvernementale est bloquée depuis six mois, c'est-à-dire depuis le déclenchement des hostilités entre Benkirane et Chabat. Si nous organisons de nouvelles élections, la machine ne sera opérationnelle qu’en juin 2014, entre l’annonce des élections, leur organisation, les résultats, la constitution d’une majorité, les tractations pour la formation d’un gouvernement, l’élaboration d’un programme gouvernemental, son adoption par le Parlement sans parler d’une nouvelle loi de Finances. Au total, cela fera une année et demie d’attentisme. C’est beaucoup trop», prévient M’hamed Grine, membre  du conseil de la présidence du PPS, parti de la majorité.
Une machine gouvernementale fortement grippée depuis que le leader de l’Istiqlal s’est fait empêcheur de tourner en rond de la majorité. L’économie ne souffre pas l’instabilité politique. Au Maroc aussi. «Les acteurs économiques sont frileux. Dès qu’ils voient de l’instabilité, ils rangent leurs billes. Le Maroc ne peut pas se permettre cela face aux prémices d’une reprise économique annoncée par une bonne année agricole et un tourisme qui reprend de la couleur parce que des pays comme l’Egypte, la Turquie et la Tunisie deviennent des destinations à risque. Il faut savoir prendre la vague», fait valoir celui qui est également vice-président de l’Organisation marocaine des droits humains.
Lors de sa dernière réunion du bureau politique, le PPS a d’ailleurs appelé à «rompre avec l’attentisme qui règne depuis le retrait du Parti de l’Istiqlal du gouvernement». «Le Maroc n’est plus en mesure de tolérer cette situation, qui pèse sur l’économie nationale et le secteur social», relèvent les militants du parti du Livre.
Des élections anticipées qui pourraient être organisées pour rien. Rien n’indique vraiment que la carte électorale serait différente de celle du 25 novembre 2011, fait remarquer M. Grine.
Habib El Malki va, lui, encore plus loin en affirmant que l’organisation d’élections anticipées est un aveu d’échec. «Après une année et demie de pouvoir, brandir le recours à un scrutin anticipé est une manière d’entériner l’échec d’une expérience. Un homme d’Etat est censé assumer ses responsabilités et respecter son mandat à travers ses engagements. Le chef du gouvernement a recours à la rue, aux élections anticipées et à un irrationnel peuplé de démons. Il a fortement contribué à infantiliser la pratique politique au Maroc», conclut ce ténor du parti de la Rose.


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