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Priorisation de l’investissement public, renforcement des dépenses sociales et politiques territoriales et inclusion
Ainsi, un effort d’investissement public massif y sera consacré. Il s’agit, selon ledit projet, d’un programme d’investissement exceptionnel qui engagera plusieurs centaines de milliards sur la période, tout en ciblant 2026 comme année charnière pour accélérer des projets d’infrastructures et territoires.
Ledit projet compte également hausser significativement les enveloppes d’éducation (~97,1 MdDH), santé (~42,4 MdDH), protection sociale (~41,5 MdDH) ainsi que le lancement d’un fonds de développement territorial intégré (20 MdDH pour des programmes de développement local), ciblant zones rurales et limites régionales. Des mesures pour l’emploi et les PME sont également prévues via des actions de soutien (crédits, facilitation de l’accès aux marchés publics, accompagnement technique et dispositifs de financement) au profit des PME et des jeunes ainsi que des programmes de formation professionnelle élargis.
Le gouvernement compte aussi réduire progressivement le déficit budgétaire (objectif −3% du PIB en 2026) et stabiliser le ratio dette/PIB (autour de 65–68 %).
Une orientation globalement cohérente, mais sous contrainte
Pour plusieurs économistes contactés par Libé, le PLF 2026 affiche une orientation globalement cohérente, mais sous contrainte. Selon eux, si ce projet poursuit une stratégie de relance économique par l’investissement public tout en tentant de stabiliser les équilibres budgétaires, il reste que cette situation semble un vrai exercice d’équilibriste qui sera chargé à la fois de soutenir la croissance et la demande sans dérapage du déficit ni de la dette.
Certains estiment que « cette orientation est cohérente avec la conjoncture actuelle, marquée par des tensions internationales, un ralentissement mondial, et une inflation encore fragile ». « Miser sur la dépense publique pour relancer la machine productive peut avoir un effet multiplicateur positif à court terme, surtout dans les secteurs à fort effet d’entraînement (infrastructures, éducation, santé) », affirment-ils.
L’objectif de ramener le déficit à 3% du PIB : ambitieux mais crédible sous conditions
Concernant l’objectif de ramener le déficit à 3% du PIB, les experts soutiennent que si le Maroc a réussi ces dernières années à stabiliser sa dette, la réalisation de cet objectif dépend étroitement de trois paramètres : Une croissance effective supérieure à 4%, ce qui reste optimiste compte tenu du ralentissement mondial ; une mobilisation accrue des recettes fiscales, notamment via la lutte contre l’informel et l’élargissement de l’assiette et une maîtrise rigoureuse des dépenses de fonctionnement et des subventions énergétiques. « Sans progrès structurels sur ces points, le risque est de voir le déficit réel se stabiliser autour de 4–4,5% », expliquent-ils.
La réforme fiscale : un pas dans la bonne direction, mais un équilibre fragile
L’intention d’élargir l’assiette tout en allégeant la charge sur les classes moyennes et les ménages modestes va dans le bon sens, notent plusieurs économistes, puisque cela peut dynamiser la consommation intérieure, moteur essentiel de la croissance marocaine.
Cependant, ils avancent que « si les allègements ne sont pas compensés par une véritable réduction de l’évasion fiscale et de la fraude à la TVA, ils risquent d’éroder les recettes ». Et d’ajouter que «l’efficacité du dispositif dépendra du renforcement de l’administration fiscale, de la digitalisation et de la traçabilité des transactions ».
L’investissement public massif : moteur ou mirage ?
Concernant l’investissement public massif, nos interlocuteurs considèrent que « l’augmentation de l’investissement public est un signal fort, mais son impact dépendra de la qualité de l’exécution ». D’après eux, « si les projets sont sélectifs, productifs et territorialisés, ils soutiendront durablement la croissance. En revanche, si les investissements continuent d’être mal planifiés, fragmentés ou politiquement motivés, ils pèseront sur la dette sans gains économiques réels ». « Le Maroc souffre encore d’un taux d’exécution insuffisant de ses programmes d’investissement et d’un suivi faible des performances », rappellent-ils
Les risques externes : le vrai talon d’Achille
Sur un autre registre, ils soulignent que «le PLF reste fortement tributaire du contexte international ». « Une hausse durable du prix du pétrole ou des engrais alourdirait la facture énergétique et réduirait les marges budgétaires. Ainsi qu’une baisse de la demande européenne impacterait le tourisme, les transferts MRE et les exportations industrielles sans parler d’une volatilité accrue du dirham ou du phosphate qui pourrait affecter la balance des paiements ».
Les experts notent que ledit document du ministère de la Finance, manque d’un mécanisme clair de résilience (fonds de stabilisation, règles budgétaires automatiques, ou clauses de sauvegarde) pour amortir ces chocs.
En résumé, ces experts considèrent que « le PLF 2026 est économiquement cohérent et politiquement équilibré. Il traduit la volonté du gouvernement de concilier justice sociale, attractivité économique et rigueur budgétaire. Mais sa réussite repose, pensent-ils, sur un mot-clé : crédibilité». Selon eux, sans une mise en œuvre efficace de la réforme fiscale et un suivi rigoureux des investissements publics, les ambitions de ce budget risquent de rester théoriques, transformant un projet de relance en simple exercice de communication macroéconomique.
Hassan Bentaleb