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Ali Bouabid, membre du Bureau politique de l’USFP : “Le Maroc est entré dans une phase d’éveil de la citoyenneté”


Montassir SAKHI
Vendredi 17 Juin 2011

Ali Bouabid, membre du Bureau politique de l’USFP : “Le Maroc est entré dans une phase d’éveil de la citoyenneté”
L’Ecole de gouvernance et d’économie (EGE) de Rabat a abrité mardi 14 juin courant un colloque traitant de la «Démarche participative sur la révision constitutionnelle». Cet événement prévoyait de faire une lecture du texte constitutionnel et de présenter les recommandations des jeunes étudiants ayant organisé auparavant des ateliers-débats sur la Constitution.
Lors de son intervention, Ali Bouabid, membre du Bureau politique de l’USFP, a souligné que le pays est entré dans une phase «d’éveil de la citoyenneté». «Les manifestations du Mouvement du 20 février sont des moments d’accès à la citoyenneté», a-t-il déclaré. En réponse aux questions posées par l’audience composée principalement d’étudiants, il a mentionné que la démocratie n’est pas seulement des textes ou des projets, mais c’est aussi une pratique et un long processus «d’apprentissage de tolérance de la différence». Pour lui, «une société conflictuelle est une société vivante».
Le leader socialiste n’a pas manqué d’adresser plusieurs critiques à la commission chargée de la mise en place de la Constitution. Pour lui, cette commission technique n’a fait qu’auditionner les partis politiques et autres organisations d’une manière classique, chose qui a écarté le débat politique. S’agissant de la commission politique présidée par Mohamed Moâtassim, «elle n’a pas joué son rôle de concertation comme il le fallait et a mal informé les partis politiques», a-t-il précisé.
Pour Omar Brouksi, universitaire, un texte constitutionnel est très important, mais il n’est pas le seul garant de la démocratie. Il a souligné que la plupart des textes des Etats arabes sont démocratiques et limitent les pouvoirs des présidents, pourtant ces pays ne sont pas démocratiques, car la démocratie se pratique et ne s’écrit pas seulement.
Pour le philosophe et politologue français Jean Zaganiaris, «il n’y a pas de démocratie sans pluralité et diversité d’opinions. Ainsi, il a trouvé intéressante l’idée de l’EGE qui a réuni autour de la même table les trois catégories de jeunes : ceux qui sont pour le Mouvement du 20 février, ceux qui sont contre et ceux qui sont neutres, afin de réaliser un texte de recommandations politiques et constitutionnelles importantes.
Quant à Dominique Rousseau, professeur de droit constitutionnel à l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne, il a félicité les étudiants pour leur démarche passionnante tout en regrettant le fait de ne pas ouvrir le débat avec les jeunes du Mouvement du 20 février, car ce dernier parait, «au moins de l’extérieur comme extraordinaire et de grande importance». Pour cet enseignant qui a contribué à l’élaboration de plusieurs Constitutions, notamment celles des pays de l’Europe de l’Est, les questions des politiques publiques sont liées au pouvoir. Ainsi, il pense que la question constitutionnelle doit être une question et une préoccupation sociale. Il a annoncé qu’une Constitution en tant que texte écrit par des hommes est laïque puisqu’elle n’est pas d’essence divine. «C’est un acte fondateur qui énonce les valeurs autour desquelles on veut vivre», a-t-il souligné.
Tout en adoptant son «droit de réserve», Nadia Barnoussi, membre de la Commission chargée de l’élaboration du projet de la nouvelle Constitution du Maroc, a déclaré que  «la Commission a fait un travail d’ingénierie constitutionnelle et a adopté une démarche participative». «Cette dernière n’a pas terminé tout son travail tant que les partis politiques n’ont pas donné leur avis sur le texte », fait-elle remarquer.
Concernant le travail chapeauté par les étudiants de l’EGE, les ateliers organisés dans cette école privée ont connu la participation d’étudiants de 27 établissements d’enseignement supérieur. Cette démarche a été entamée au lendemain du discours Royal du 9 mars et a porté sur les 7 axes du discours. Ainsi, des ateliers sur des thématiques telles «Pluralité de l’identité marocaine», «Justice et égalité», «Etat de droit» et «Gouvernance régionale» ont donné lieu à un texte de propositions importantes qui ont été présentées à la Commission lors des concertations qu’avait menées cette dernière. Ce texte indiquait que la qualité de la Constitution actuelle n’est pas remise en cause, mais c’est bien l’application qui fait défaut. Les étudiants des 27 établissements ont recommandé à ce que le préambule fasse référence au peuple comme source du texte. « La Constitution doit reconnaître toutes les composantes de la société ».
Ils ont recommandé, par ailleurs, de lutter contre les déviances du multipartisme et de renforcer la liberté de presse et d’expression. S’agissant de l’article 19, ils trouvaient qui est « antidémocratique car il permet au Roi de tout contrôler ». Ils ont appelé aussi à réduire le nombre d’institutions désignées qui limitent  le travail des institutions élues. Les jeunes étudiants ont relevé la nécessité d’évaluation des politiques publiques au regard de leur impact sur le bien-être des populations. Ils ont appelé à inscrire le droit à la santé, la culture, l’égalité des chances et l’abolition de la peine de mort. En outre, ils ont recommandé une véritable décentralisation et un allègement de la tutelle sur les collectivités locales tout en assurant l’augmentation de leurs moyens.
Ces jeunes ont conclu que le Mouvement du 20 février est l’illustration d’une expression de citoyenneté active et collective. Ils ont indiqué, dans ce cadre, qu’il est temps de favoriser l’engagement des jeunes et leur implication dans les partis et syndicats. 


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