A Kinshasa, on croque chenilles ou larves pour le plaisir ou leurs protéines


AFP
Mardi 2 Septembre 2014

A Kinshasa, on croque chenilles ou larves pour le plaisir ou leurs protéines
Au marché Gambela de Kinshasa, on trouve des insectes pour tous les goûts: grosses larves de charançon blanches qui laisseront une impression d’onctuosité dans la bouche, chenilles légèrement croquantes ou termites cassant sous la dent.
Ces plaisirs sont à la portée de toutes les bourses et constituent une source de protéines à moindre coût, mais les véritables amateurs en défendent les vertus gastronomiques.
La fréquentation des étals des marchandes d’insectes prouve l’engouement des Kinois pour cette nourriture généralement bouillie ou frite.
«Les chenilles et même les autres insectes que nous mangeons sont très riches en protéines», soutient Maguy Manase, vendeuse.
Les chenilles sont vendues séchées, vivantes ou bouillies, dans des casseroles, des sacs ou dressées en pyramide sur les étals en bois vieilli ou à même le sol. Les termites, vivants, sont ramassés à la louche dans une casserole pour venir emplir le sac du client. En saison, on trouve aussi des sauterelles.
Les prix varient fortement d’une espèce à l’autre. Elise Yawakana s’est procurée six grosses larves bien grasses à 1.000 francs congolais (1,1 dollar). Pour cette sexagénaire, «c’est un menu spécial», «un repas de luxe». Plus commun, un gobelet de chenilles se vend à 1.500 francs (1,6 dollar).
Les chenilles sont «mieux que les vivres frais», lance Marie Nzumba, vendeuse de chenilles depuis 15 ans, pour écouler sa marchandise.
En République démocratique du Congo, près de 90% de la population vit avec moins de 1,25 dollar par jour selon l’ONU. Conscientes de l’intérêt nutritionnel des insectes, les autorités sanitaires organisent des séances de sensibilisation pour inciter les femmes à en inclure régulièrement dans l’alimentation de leurs enfants.
Au Centre de santé «Boyambi» tenu par l’Armée du salut, ces séances sont quotidiennes. 
Emilie Kizayako Mpiedi, infirmière, appelle les mères à servir une bouillie à base de farine de chenilles comme supplément alimentaire au lait maternel pour leurs nourrissons de plus de 6 mois.
Un tel traitement permet de soigner les enfants souffrant de malnutrition, explique le Dr Véronique Mbuzi, alors que selon le Programme alimentaire mondial, 52% des enfants de moins de cinq ans sont atteints de malnutrition chronique ou aiguë en RDC.
Les chenilles «sont à la portée de toutes les bourses», mais ce n’est pas pour autant «une nourriture de pauvres», insiste l’infirmière pour vanter la qualité nutritionnelle de ces ingrédients.
Notant qu’un habitant de la planète sur trois consomme déjà des insectes, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) préconise dans un rapport récent le développement de l’entomophagie (consommation d’insectes) pour «répondre aux problèmes de la sécurité alimentaire humaine et animale».
«Les insectes comestibles contiennent des protéines de haute qualité, des vitamines et des acides aminés pour les humains», indique ce document qui plaide pour un développement des fermes d’insectes.
Selon la FAO, l’entomophagie pourrait contribuer à nourrir les 9 milliards d’habitants que la planète devrait compter en 2030 en préservant mieux l’environnement que ne le fait l’élevage traditionnel. 
Pour l’heure, à Kinshasa, la totalité des insectes consommés sont récoltés à l’état naturel, et la grande majorité provient de la forêt équatoriale qui couvre les provinces de Bandundu et de l’Equateur (Ouest de la RDC). On mange aussi simplement les insectes parce que l’on aime ça, comme Bonaventure, qui en savoure un plat dans un boui-boui de Kinshasa. «C’est bon», dit ce chauffeur quinquagénaire en souriant, «c’est une nourriture que j’aime, je la préfère à la viande». Chenilles à la «mwambe» (sauce d’arachides), aux légumes, en friture ou à la tomate: pour lui, chaque recette est un plaisir.
De nombreux restaurants de fortune en servent tous les jours en friture avec du piment pour accompagner le «fufu», pâte ferme à base de farine de maïs et de manioc.
C’est notamment une nourriture de fête. Dans ce cas, précise Ginette Ngandu, tenancière, les clients commandent souvent «d’avance leurs plats de chenilles» pour être sûrs qu’ils leur soient servis. 


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