​La moisson du brouillard


Par Ahmed Saaidi
Jeudi 18 Juin 2015

​La moisson du brouillard
Il en va des projets comme de toutes les choses de la vie. Certains peuvent sembler saugrenus au départ, mais acquièrent rapidement une importance capitale au regard de l’impact qu’ils produisent sur leur environnement socioéconomique. D’autres coulent sitôt qu’ils ont le pied à l’étrier parce qu’ils n’ont d’autre finalité que le simple lucre. D’autre enfin se maintiennent bon an mal an parce qu’ils offrent un produit ou un service dont l’utilité n’est pas cruciale. 
C’est dans la première catégorie qu’il faut placer celui dont l’Agence française de presse s’est fait l’écho mardi dernier. 
De fait, il s’agit de la mise en pratique d’une idée tellement saugrenue que personne n’aurait pu l’avoir hormis quelques doux rêveurs. Transformer le brouillard qui drape le sommet de la montagne Boutmezguida en eau pour en alimenter cinq villages de la région de Sidi Ifni tient non seulement de la gageure, mais aussi de la fiction ou plutôt de la science-fiction.
Pourtant, la technique permettant un tel exploit a été mise au point il y a une vingtaine d'années au Chili par l'ONG Fog Quest qui l'a expérimentée dans plusieurs pays avant de l’introduire au Maroc et de la mettre en service le 21  mars dernier à l’occasion de la Journée mondiale de l'eau.  Depuis, 400 personnes ont l'eau courante en leur domicile ; ce qui a dispensé les femmes et les enfants d’aller en puiser au puits situé à quelques kilomètres en contrebas.
Cette moisson du brouillard tellement bénéfique n’est pas sans nous rappeler que le Maroc a toujours été pionnier sur de pareilles niches. 
A titre d’illustration, il avait lancé, durant les années 80, un programme de modification climatique dénommé Al-Ghait et destiné à augmenter le taux de pluviométrie via une insémination des nuages par de l’iodure d’argent.
Cette technologie dont le succès fut patent aurait dû être perfectionnée depuis lors et transformée en projet économique non seulement rentable mais fort utile en ces temps de stress hydrique doublé de cycles de sécheresse plus ou moins longs.
En a-t-il été ainsi ? Plus ou moins, ou plutôt moins que plus, parce que personne n’en aurait plus eu souvenance n’eût été une allusion faite à son propos lors d’une récente tournée Royale en Afrique.
L’espoir qu’ont fait naître les moissonneurs de brouillard de Boutmezguida ne devrait donc pas nous faire oublier Al-Ghait. 


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