Ce qui me choque donc, ce ne sont pas les scènes osées ou non de ce film, mais de voir le ministère de la Communication suppléer à qui de droit pour nous gratifier d’un communiqué on ne peut plus insipide.
Il y souligne que «suite aux conclusions d'une équipe du Centre cinématographique marocain qui a regardé le film lors de sa projection dans le cadre d'un festival international, les autorités marocaines compétentes ont décidé de ne pas autoriser sa projection au Maroc, vu qu'il comporte un outrage grave aux valeurs morales et à la femme marocaine, et une atteinte flagrante à l'image du Royaume».
Soit, mais il y a un hic : la loi n’a pas été respectée.
En effet, le Dahir du 19 septembre 1977 relatif à la réorganisation du CCM prévoit avec précision les modalités d’exploitation commerciale de tout produit cinématographique sur le territoire national. A commencer par la composition et le mode de fonctionnement de la commission de visionnage des films cinématographiques. Celle-ci y est-il indiqué avec une clarté qui ne laisse nul doute, doit siéger au sein du CCM et non à Cannes ou dans une autre localité de France et de Navarre. En outre, le film demandeur de visa doit être mis à sa disposition pour qu’elle puisse couper les plans ou séquences qui pourraient être, selon elle, attentatoires aux bonnes mœurs ou préjudiciables aux jeunes. Enfin, ce n’est nullement à une quelconque «autorité marocaine compétente» ou à un ministre d’annoncer une interdiction de mise sur le marché d’un film, mais au seul directeur du CCM.
Outre la polémique qu’il a créée, «Much loved» est ainsi devenu, à son corps défendant, l’illustration d’une volonté gouvernementale délibérée de violer la loi. Pas plus, pas moins.