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Une mystérieuse équipe pour la gestion du stockage stratégique !


Hassan Bentaleb
Mercredi 27 Octobre 2021

Quid de son profil ? De son statut juridique… ? Et surtout des lacunes dévoilées par la Cour des comptes ?

«Garantir la production de 1,5 million d’hectares de semences sélectionnées, programmer 4,6 millions ha de semences d’hiver, réserver 200.000 ha pour les légumineuses et 500.000 ha pour la culture des pâturages, programmer 45.000 ha pour la culture des plantes sucrières et 114.500 ha pour les légumes hivernaux», tels sont les principaux éléments du programme du ministère de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, présenté par le nouveau locataire de ce département, pour garantir un approvisionnement régulier du marché local.
Intervenant lors d’une séance de questions orales tenue mardi dernier à la Chambre des conseillers, Mohamed Sadiki a indiqué qu’en réponse aux directives Royales, son ministère a mis en place une équipe qui sera chargée de la question du stockage stratégique notamment en relation avec le secteur agricole (les produits alimentaires ainsi que les produits destinés à la production agricole). L’idée, selon lui, est de renforcer la production nationale afin de répondre à la demande de consommation locale. En effet, dans son discours d'ouverture du Parlement, S.M le Roi a insisté sur « le besoin de mettre en place un système national intégré pour gérer le stock de réserve stratégique de biens et produits essentiels, notamment dans les domaines de l'alimentation, de la santé et de l'énergie ». Sa Majesté le Roi a également souligné que nos « besoins nationaux devraient être régulièrement mis à jour afin de renforcer la sécurité stratégique du pays».
Cependant, le nouveau ministre n’a pas jugé utile de donner plus de détails sur cette équipe fraîchement installée, les pistes de réflexion et les questions prioritaires, entre autres. Le gouvernement, lui-même, n’a pas fourni des précisions à ce sujet dans son programme gouvernemental. En effet, la question de stock de sécurité n’est pas nouvelle et la Cour des comptes l’a déjà examinée et a révélé plusieurs lacunes notamment en matière de produits alimentaires. Si le Plan Maroc vert a assuré les besoins nationaux à 100% en matière de viande et à 82% en matière de fruits et légumes, il n’en demeure pas moins que la production nationale de certains produits stratégiques ne répond pas à la demande du marché local et pèse sur le budget de l’Etat (importations payées en devise). Tel est le cas pour le blé qui ne répond qu’à 62% des besoins locaux, du sucre (47%), du beurre (31%) et des huiles de table (2%).
Le rapport de la Cour des comptes a constaté que « des fluctuations significatives sont régulièrement enregistrées au niveau du stockage du blé entre les mois de la même année » ainsi que l’existence d’un nombre élevé d’opérateurs au niveau du stockage des céréales (280 organismes stockeurs, 30 importateurs et 164 minoteries industrielles) avec des modes traditionnels et d’autres modernes. Une situation qui rend le suivi et le contrôle des stocks chez ces opérateurs plus difficiles et moins précis.
Le document en question a noté également que l’arrêté, prévu depuis 1996 par le décret d’application de la loi relative à l’ONICL, devant fixer la consistance et le mode de constitution et de financement des stocks de sécurité, n’est pas encore établi.
Concernant les capacités de stockage des céréales, les installations dédiées sont éparpillées entre un grand nombre d’opérateurs et sont encore dominées par le stockage en magasins avec 65% des capacités globales par rapport au stockage en silos. En dépit de leur importance, ces capacités se caractérisent par une concentration dans trois régions du centre-nord qui comptent environ 62% des capacités globales. La même situation de concentration est relevée au niveau des importations qui s’effectuent essentiellement à travers le port de Casablanca par lequel ont transité près de 53% des importations de blé tendre sur la période 2011-2014.
Concernant le sucre, la Cour des comptes a observé une prédominance des importations du sucre brut dans la production globale de sucre blanc. Ces importations ont représenté, en moyenne, environ 66% sur la période 2013-2015. Cette situation marque une dépendance vis-à-vis du marché extérieur du sucre impliquant une exposition significative aux problèmes potentiels d’approvisionnement en ce produit sur le marché international et aux fluctuations de ses cours. « Malgré les changements qu’a connus le secteur en amont et en aval de la filière sucrière, la réglementation n’a pas connu de modification pour tenir compte des implications de la nouvelle situation en vue de mieux sécuriser l’approvisionnement du marché national », précise le rapport de la Cour des comptes.
Aujourd’hui, cette question des stocks stratégiques impose au gouvernement toute une réflexion au niveau du cadre juridique adéquat, des produits concernés, du mode de stockage entre les secteurs privé et public, du financement des stocks et des capacités de stockage, de la définition des niveaux de stocks, de la relation de ce système avec les autres instances de prévention et de gestion des risques, etc. Le gouvernement doit également réfléchir sur un cadrage global du système de stockage de sécurité en mettant en place une instance qui réunirait les différents intervenants dans ce système.
Des pistes de réflexion ont déjà été proposées par la Cour des comptes qui recommande, au niveau du blé, le recours à des achats massifs, en période de détente sur les cours internationaux de blé tendre, parallèlement aux mesures à prendre en matière de développement des infrastructures de réception des importations des céréales dans les ports et d'amélioration des conditions de collecte de la récolte nationale en blé ; de prendre des mesures pour encourager les opérateurs à investir davantage dans le développement et la modernisation des infrastructures de stockage tout en veillant à assurer une meilleure répartition sur le territoire national.
Concernant le sucre, elle juge utile de mettre en œuvre des actions visant à améliorer les rendements de l’amont agricole, en vue de réduire la dépendance vis-à-vis du marché extérieur. Ces actions gagneraient à s'inscrire dans le cadre d’un contrat-programme avec l’Etat en phase avec les objectifs stratégiques du Plan Maroc vert. Elle envisage aussi le recours à des achats de sécurisation des approvisionnements en sucre, en période de détente sur les cours internationaux de ce marché, parallèlement à des mesures à prendre en matière de développement des capacités de stockage et de renforcement des stocks de sécurité. Vaste chantier. 


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