Le président des Etats-Unis devait se rendre ensuite au Qatar voisin. La première journée mardi de la tournée de Donald Trump dans le Golfe - après l'Arabie saoudite et le Qatar, il se rendra aux Emirats arabes unis - a été très économique, avec des annonces de faramineux investissements saoudiens.
La tonalité devait être diplomatique mercredi, autour de cette rencontre avec le président syrien par intérim Chareh.
La Maison Blanche a évoqué un rapide geste de courtoisie: Donald Trump a "accepté de saluer" le nouveau chef de l'Etat syrien arrivé au pouvoir en décembre à la tête d'une coalition de forces islamistes qui ont renversé Bachar al-Assad.
Mais les deux dirigeants devaient avoir beaucoup à se dire après que l'Américain a annoncé mardi qu'il allait "ordonner l'arrêt des sanctions contre la Syrie" en vigueur depuis des décennies et renforcées sous le pouvoir d'Assad.
M. Trump a vanté le fait que ce geste fort pourrait "donner (à la Syrie) une chance de grandeur", en allusion à son fameux slogan "Rendre sa grandeur à l'Amérique".
Il s'agit d'un "tournant décisif", s'est réjouie la diplomatie syrienne après que l'Union européenne, le Royaume-Uni et le Canada ont déjà assoupli leurs propres régimes de sanctions.
M. Chareh avait aussi été reçu avec les honneurs à l'Elysée par le président français Emmanuel Macron qui l'avait exhorté le 7 mai à protéger "tous les Syriens sans exception" face aux violences et exactions entre diverses communautés syriennes.
"Bonne chance à la Syrie", a proclamé Donald Trump avec cette levée spectaculaire des sanctions, réclamée par le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane.
Le tempétueux milliardaire américain avait plaidé lundi pour "un nouveau départ" pour Damas.
La brève rencontre Trump-Chareh devait avoir lieu malgré les réticences d'Israël, allié indéfectible des Etats-Unis qui frappe en Syrie depuis bien avant la chute du régime d'Assad.
Le nouveau pouvoir islamiste syrien cherche à reconstruire le pays ravagé par près de 14 années de guerre civile.
Le président américain, qui a livré mardi une louange appuyée des régimes de la région, en fustigeant les stratégies diplomatiques occidentales, aura aussi l'occasion de s'entretenir en Arabie saoudite avec des dirigeants des pays du Conseil de coopération du Golfe.
C'est-à-dire l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn, le Qatar, le Koweït et Oman, autant d'Etats en pleine transformation économique et dont le poids diplomatique déborde largement désormais la seule région du Golfe.
La Syrie, donc, mais aussi les discussions avec l'Iran pourraient être abordées par le président américain et ses interlocuteurs, tout comme la guerre dans la bande de Gaza ou contre les Houthis du Yémen.
Reste que Donald Trump, qui mène une diplomatie résolument transactionnelle, vient d'abord dans la région pour signer de gros accords économiques.
En Arabie saoudite, la Maison Blanche a clamé avoir glané pour 600 milliards de dollars d'investissements, avec d'énormes contrats d'armement ou des projets dans l'intelligence artificielle et l'énergie.
Ryad a déployé tous ses fastes pour Donald Trump, et Doha, où il devait se rendre plus tard mercredi, devrait faire de même.
Mais les échanges de l'ancien promoteur immobilier avec les dirigeants qataris auront pour arrière-plan un scandale politique qui couve à Washington.
L'opposition démocrate aux Etats-Unis, qui lui reproche d'avoir accepté "le plus gros pot-de-vin étranger de l'histoire récente", entend retarder certaines nominations présidentielles au Sénat.
En cause: un Boeing 747-8 offert à Donald Trump par la famille royale qatarie pour remplacer au moins provisoirement son avion officiel, et pour l'utiliser après son mandat
Le président a répliqué que l'avion était un "cadeau temporaire".
Au-delà des soupçons de corruption que suscite ce cadeau de très grande valeur, l'offre qatarie a suscité des interrogations sur la sécurité de l'appareil qui transportera le président de la première puissance mondiale.