Sans la Syrie suspendue : La Ligue arabe planche sur l’économie en prélude au sommet

Les ministres de l’Economie et des Finances des pays de la Ligue arabe se sont  réunis mardi à Bagdad pour discuter tourisme, eau et désastres naturels en prélude à un sommet des chefs d’Etat prévu jeudi qui sera dominé par le dossier syrien.
Les ministres des 21 pays conviés à la réunion (la Syrie est actuellement suspendue de la Ligue arabe en raison de la violente répression qui s’y déroule) sont arrivés à Bagdad et se retrouveront dans un grand hôtel de la capitale vers midi (09H00 GMT), a indiqué à l’AFP Mohammed Al-Twaijary, secrétaire général adjoint aux Affaires économiques de la Ligue arabe. Les principaux thèmes au menu seront la «stratégie arabe» en matière de tourisme, un secteur essentiel pour la région, la sécurité de l’approvisionnement en eau et la prévention des désastres naturels, a-t-il dit. Cette réunion sera «préparatoire pour le sommet de jeudi», a-t-il précisé.
L’Afrique du Nord et le Moyen-Orient sont considérés comme les zones du monde les plus menacées en termes de disponibilité en eau: 4,3% de la population mondiale n’y dispose que de 0,67% des ressources en eau douce renouvelable, selon Georges Mutin auteur de l’ouvrage «L’eau dans le monde arabe: enjeux et conflits».
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) prévoit que les précipitations vont également diminuer de 30% d’ici 2050, indique un rapport de la Banque mondiale.
«La Ligue arabe envisage de mettre en place un système d’alerte pour les désastres comme les tremblements de terre et les inondations», a également indiqué M. Twaijary.
Le tourisme est également au programme des discussions. Les troubles provoqués dans la région par le «Printemps arabe» ont suscité «des baisses à deux chiffres des arrivées touristiques en Egypte, Jordanie, Liban, Syrie et Tunisie sur les cinq premiers mois de l’année», soulignait le Fonds monétaire international (FMI) dans un rapport en octobre. Les investissements directs et de portefeuille ont suivi la même pente.
Les pays du Golfe en revanche, beaucoup moins touchés par la contestation, affichent une belle santé, soutenue par le niveau très élevé des cours du pétrole. Le Koweït, l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis en ont d’autant plus profité qu’ils ont accru leur production pour compenser la quasi-absence de celle de la Libye en guerre. Le Qatar a aussi accru sa production de gaz.
La réunion des ministres de l’Economie sera suivie de celle des ministres des Affaires étrangères, qui vont travailler sur la déclaration finale, puis jeudi par le sommet des chefs d’Etat proprement dit.
Il s’agit du premier sommet de ce type depuis plus de 20 ans en Irak, pays mis à l’index de la communauté internationale après son invasion du Koweït en 1990 et après neuf ans de présence américaine sur son sol.
Il a été entouré de mesures de sécurité exceptionnelles, après une série d’attentats qui ont ensanglanté Bagdad et une série d’autres villes il y a à peine une semaine.
Plus de 100.000 membres des forces de l’ordre ont été déployés dans la capitale et plus d’un demi-milliard de dollars ont été dépensés pour rénover les principaux hôtels et les routes entre l’aéroport et la «zone verte», secteur ultra-protégé où se tiendra le sommet.
La liste des participants au sommet n’est pas encore connue: pour l’heure, le Soudanais Omar el-Béchir, visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour génocide au Darfour, et le Libanais Michel Sleimane ont annoncé leur venue, et le président des Comores Ikililou Dhoinine est arrivé lundi à Bagdad.
L’Arabie Saoudite, poids lourd du monde arabe, ne sera représentée que par son ambassadeur en Egypte et auprès de la Ligue arabe Ahmad Qattan.