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Quand des détenus tchèques bricolent des vélos pour des enfants d’Afrique...


AFP
Lundi 1 Septembre 2014

Quand des détenus tchèques bricolent des vélos pour des enfants d’Afrique...
Dans un fouillis de cadres de bicyclettes, six hommes, des costauds en blouse grise, bricolent des vélos d’enfants, bleus, mauves ou roses, vérifient les freins et les roues pour s’assurer que leurs futurs propriétaires en Afrique pourront les utiliser sans problème.
Ces détenus de la prison Hermanice dans la ville tchèque d’Ostrava (est) se sont portés volontaires pour rafistoler de vieux vélos qu’un organisme de bienfaisance envoie en Gambie, où ils permettront à des enfants d’aller à l’école dans des régions reculées.
Surveillés par des gardes armés dans deux ateliers de la prison, les hommes s’affairent avec les chaînes et les clés anglaises, les chambres à air et les pompes à vélo.
Vaclav, un barbu de 35 ans qui a écopé d’une peine de 20 mois pour vol, resserre les freins d’un BMX de cross bleu, équipé de gros pneus.
“Je suis ici pour apprendre quelque chose, pour me perfectionner”, explique cet ancien soldat qui a fini en prison après avoir erré longtemps sans domicile fixe.
“C’est sympa de penser que quelqu’un va pouvoir se servir de ces vélos qui ne sont vraiment plus tout neufs”, dit-il à l’AFP.
Karel, un grand type, tatoué, ouvrier de la construction, qui fait nettement plus âgé que ses 46 ans, est tombé lui aussi pour divers larcins.
“Si ça peut aider des gens, c’est bien”, lâche-t-il doucement.
Contrairement à d’autres détenus qui sont payés pour trier la ferraille ou démonter de vieilles voitures, les réparateurs de vélos sont bénévoles.
Outre le sentiment de faire une bonne action, ils bénéficient de menus avantages: café, thé, cigarettes, ou même une note favorable aux tribunaux examinant leur mise en probation, dit Petr Cejka, chef adjoint de la prison.
Depuis septembre 2013, plus de 1.600 vélos ont pu être ainsi réparés et envoyés en Gambie.
“Ça coûte environ 100.000 couronnes (3.650 euros) pour un container” de 400 vélos, précise Roman Posolda, responsable de l’organisme Des vélos pour l’Afrique, créé il y a deux ans en République tchèque.
Grand, mince et arborant une queue de cheval, ce quadragénaire a sillonné le monde à vélo. Pour lancer son idée, il s’est inspiré d’un projet similaire en Grande-Bretagne où il avait travaillé six ans avec des jeunes à risques.
Ces vélos sont un véritable trésor pour des enfants qui doivent parfois faire jusqu’à neuf kilomètres pour rejoindre leur école, assure Babucarr Touray, le coordinateur de l’opération joint par téléphone à Banjul, la capitale gambienne.
“Dans certaines régions de Gambie, les transports sont impossibles”, explique-t-il, soulignant que le programme est “vraiment utile”. Les enfants n’utilisent les vélos “que pour aller à l’école. Actuellement, c’est les vacances et tous les vélos doivent être remisés dans les écoles”, précise-t-il.
Dans chaque école participant à ce programme, un professeur et un élève ont été formés pour entretenir et réparer les vélos, avec des outils fournis par l’organisation caritative et des pièces détachées provenant de biclous irréparables.
En République tchèque, quelque 15.000 bicyclettes ont déjà été récupérées par l’organisation qui gère 120 points de collecte dans le pays.
“Nous avons des bicyclettes parfois en très bon état, quasiment neuves, et d’autres très abimées. Seulement la moitié sont adaptées au terrain africain”, dit Roman Posolda.
Les “Mountain bikes” sont très bien mais l’idéal, c’est le vélo dépouillé de tout, sans dérailleur ni vitesses, qui freine en rétropédalant et capable de supporter le sable et la poussière des pistes africaines, explique-t-il.
La dernière livraison en mai a permis d’acheminer 800 bicyclettes dans neuf écoles de Gambie, une ancienne colonie britannique d’Afrique occidentale jusqu’en 1965.
Les frais d’expédition sont couverts notamment par des dons privés, des courses de vélos et ventes caritatives de vélos de collection.
Cet été, Des vélos pour l’Afrique va également louer des bicyclettes à l’occasion d’un festival de rock, avec entre autres le légendaire Robert Plant du groupe Led Zeppelin et la chanteuse française Zaz.
“Aider les autres à faire du vélo me rend aussi heureux qu’en faire moi-même”, confie le cycliste passionné, Roman Posolda.
 
 


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