N’Djamena refuse de l’arrêter pour la CPI
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"Ma présence à N'Djamena témoigne de notre volonté de tourner la page après les différends qui ont opposé nos deux pays", a affirmé M. Béchir à la presse peu après son arrivée, vers 14H30 GMT.
Il a été accueilli à l'aéroport par son homologue tchadien Idriss Deby Itno, avec les honneurs dus à un chef d'Etat mais en l'absence de l'ambassadeur de France Bruno Foucher, et de la chargée d'affaires des Etats-Unis, Sue Bremner, qui ont quitté le tarmac avant son arrivée.
D'après des Soudanais, c'est la première visite de M. Béchir depuis 2009 dans un Etat reconnaissant la juridiction de la CPI.
Après cinq ans de guerre par groupes rebelles interposés, le Tchad et le Soudan ont signé mi-janvier un accord assorti d'un "protocole de sécurisation des frontières".
Depuis, N'Djamena s'aligne sur la position de l'Union africaine (UA), qui a décidé de ne pas coopérer avec la CPI après l'émission en mars 2009 du premier mandat contre M. Béchir pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour (ouest du Soudan), limitrophe du Tchad.
Cette position est restée la même après le second mandat lancé ce mois par la CPI pour génocide dans la même région, en guerre civile depuis sept ans (300.000 morts selon l'ONU, 10.000 d'après Khartoum).
"Ce n'est pas au Tchad qu'el-Béchir sera arrêté", a assuré à l'AFP le ministre tchadien de l'Intérieur, Ahmat Mahamat Bachir, martelant: "Le Tchad est un Etat souverain et indépendant. (...) Nous ne dépendons pas des injonctions des organisations internationales".
Le Tchad a ratifié le statut de Rome, acte fondateur de la CPI, ce qui lui permet d'arrêter des personnes poursuivies par la Cour voyageant sur son territoire.
Cet engagement a été rappelé par les organisations de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) et Amnesty International, qui ont exhorté N'Djamena à profiter du séjour de M. Béchir pour le livrer à la CPI.
La visite au Tchad de M. Béchir représente "l'un des jours les plus tristes pour la population du Darfour", a estimé mercredi le chef historique de la rébellion dans cette région, Abdelwahid Mohammed Nour, chef de l'Armée de libération du Soudan (SLA), un des deux principaux groupes rebelles du Darfour.
Le président soudanais participera au sommet des chefs d'Etat de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (Cen-Sad), qui se tient jeudi et vendredi, selon le programme officiel.
Sa visite intervient au lendemain de l'expulsion par le Soudan de trois chefs de factions rebelles tchadiennes regroupées au sein de l'Union des forces de la résistance (UFR), disposant de bases arrières dans ce pays.
Timan Erdimi, Mahamat Nouri et Adouma Hassaballah "ont quitté le Soudan mardi soir", a déclaré à l'AFP à Khartoum Abderaman Koulamallah, porte-parole de l'UFR qui veut renverser le président Deby.
Selon des sources proches du dossier, ils sont partis pour Doha, au Qatar.
Leur expulsion est une réponse à un geste du Tchad, qui a refoulé mi-mai vers la Libye Khalil Ibrahim, chef du Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM), le plus militarisé de groupes rebelles du Darfour.
Ces expulsions ne changeront pas le but de l'UFR, a assuré M. Koulamallah.
"Nos forces entreront dans le territoire tchadien, cela ne dépend pas du Tchad ou du Soudan", a-t-il dit.