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Madrid se trompe si elle pense qu ’ en renvoyant Brahim Ghali avec les mêmes procédés le problème va être résolu

Le ministre des AE, de la Coopération africaine et des MRE à LCI


Libé
Mardi 25 Mai 2021

Le Maroc n’a pas de problème avec l’Union européenne. Il a un problème avec l'Espagne sur une question qui touche à ses intérêts suprêmes et c’est à ce pays de trouver la solution, a affirmé le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita. "Pour le Maroc, l’Espagne a créé une crise par des actes. Et l’Espagne, par des actes encore, doit résoudre cette crise", a assuré Nasser Bourita, dimanche soir sur LCI. "Il y a dans cette affaire beaucoup d’amalgames et beaucoup de discours fallacieux. Il s’agit d’abord d’un problème entre le Maroc et l'Espagne. Un problème politique",suite à la décision de Madrid d’accueillir le chef du Polisario, Brahim Ghali, a indiqué le ministre. "La réalité est que l’Espagne a introduit cette personne sur son territoire avec des documents falsifiés et une identité usurpée sans même informer le Maroc. La réalité est que cette personne est poursuivie en Espagne.Il y a au moins quatre plaintes contre lui pour viol d’une citoyenne espagnole, pour torture et pour terrorisme par une association canarienne des victimes du terrorisme. Donc ils’agit d’un cas d’Etat de droit, d’application de la loi d’abord espagnole et de l’intervention de la justice espagnole", a affirmé Nasser Bourita. Selon lui, "le Maroc a été clair dès le départ : ils’agit d’un acte contre ses intérêts, d’un acte déloyal qui ne respecte même pas la dignité et les intérêts des victimes espagnoles". Et "les considérations humanitaires qui sont avancées, ne sont qu’un faux alibi". Car "l’humanitaire ne signifie pas qu’on manœuvre derrière le dos du partenaire. L’humanitaire pour un pays voisin ne signifie pas qu’on change de passeport et qu’on introduit une personne sur l’espace européen. L’humanitaire ce n’est pas oublier le droit des victimes espagnoles et de désactiver la justice espagnole. C’est cela le fond du problème". S’agissant de la question migratoire, le ministre a tenu à rappeler quelques faits "loin de toute émotion et loin de toute démagogie". "Premièrement, le Maroc n’a pas pour obligation de protéger les frontières autres que les siennes.Il n’a pas pour vocation d’être le gendarme de l’Europe ni son concierge. Le Maroc le fait dans le cadre d’un partenariat bien compris entre le Maroc et l’Espagne et entre le Maroc et l’Europe". "Et si les fondements de ce partenariat ne sont pas respectés, il faut demander à l’Espagne si elle a consulté l’Europe avant d’agir contre les intérêts de ce partenaire. Il faut demander à l’Espagne pourquoi elle a agi de manière frauduleuse pour un criminel de guerre dont elle connait l’importance par rapport à un sujet crucial pour le Maroc et les Marocains". Selon le ministre des AE, "l’Espagne n’a pas consulté l’Europe pour créer la crise. Cela est un premier fait. Le Maroc le fait en tant que partenaire. Mais le partenariat n’est pas à sens unique. Le partenariat n’est pas à la carte. Si l’Europe, partenaire du Maroc considère que la lutte contre la migration est sa priorité, ce partenaire qui est le Maroc, a également ses priorités". Au sujet de l'afflux d'immigrés sur le préside occupé de Sebta, le ministre a souligné que "les crises migratoires, on en a eu de manière cyclique. Ce qu’il y a eu cette fois-ci, c’est qu’il y a un contexte. On a voulu sur-dimensionner tout cela pour détourner l’attention sur le problème réel". Il a tenu à relever que "le problème est d’abord bilatéral entre le Maroc et l’Espagne. Vouloir impliquer l’Europe, vouloir européaniser le problème à travers la question migratoire, c’est détourner l’attention". "La crise est bilatérale entre le Maroc et l’Espagne", a-t-il martelé. Et sur la question migratoire, "le registre du Maroc est bien connu". Il a avancé, dans ce contexte, quatre chiffres édifiants: le Maroc a avorté 14.000 tentatives d’immigration clandestine en trois ans. Il a démantelé plus de 8.000 cellules de trafic d’êtres humains. Il a avorté 80 tentatives d’assaut sur la ville de Sebta. Enfin, le Maroc a échangé avec l’Espagne plus de 9.000 informations sur l’immigration clandestine. Selon Nasser Bourita, "si l’Europe ne s’est jamais souciée de son flanc ouest, ce n’est pas parce que ce flanc n’est pas utilisé parles mafias de trafic d’êtres humains, mais parce que notre pays a mobilisé 20.000 de ses forces de sécurité quotidiennement qui protègent ses côtes". Encore une fois, "le Maroc ne fait pas ça par obligation", a réitéré le ministre des Affaires étrangères, regrettant au passage qu'on "oublie souvent les trains qui arrivent à l’heure pendant des années". Mais, le Maroc a rempli son obligation sans contrepartie financière.Il ne reçoit rien de l’Europe", s’est-il insurgé. Sur le dénouement que pourrait prendre cette affaire, le ministre des AE a affirmé que "l’Espagne se trompe si elle pense qu’en renvoyant ce monsieur (Brahim Ghali NDLR), surtout avec les mêmes procédés, que le problème va être résolu". "Au contraire ! Cela veut dire que l’Espagne a fait un choix contre les intérêts du Maroc. L’Espagne aurait fait un choix contre ses propres citoyens victimes de ce criminel. Le Maroc en tirera les conséquences". "Pour le Maroc, l’Espagne a créé une crise par des actes. Et l’Espagne, par des actes encore doit résoudre cette crise", a-t-il dit, affirmant que "c’est à l’Espagne de trouver la solution !". Et de conclure que "le Maroc est satisfait de sa relation avec l’UE. Il a un problème avec l’Espagne et par rapport à un sujet particulier créé par l’Espagne sans impliquer l’Europe. Et je pense que c’est à l’Espagne de régler ce problème et c’est à elle de mener une enquête sur : comment ce monsieur est entré ? Pourquoi a-ton changé son passeport et son identité ? Et pourquoi a-t-on désactivé la justice par rapport aux crimes abjects qu’il a commis?".

​Permettre à Brahim Ghali de quitter l’Espagne, contourner la justice espagnole et ignorer les victimes serait un appel au pourrissement

Le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita a appelé dimanche l'Espagne à éviter un "pourrissement" de la crise générée par l'accueil de Brahim Ghali, chef du Polisario et à restaurer le partenariat stratégique entre le deux pays, notamment en termes de coopération migratoire. Rabat demande une enquête transparente sur les conditions de son arrivée que Madrid a justifié par des "raisons humanitaires". Permettre à Brahim Ghali "de quitter le territoire, contourner la justice espagnole et ignorer les victimes serait un appel au pourrissement", a souligné Nasser Bourita dans un entretien avec l'AFP. Selon lui, éviter ce "pourrissement" passe par une enquête "transparente" sur les conditions de son entrée en Espagne et "la prise en compte des plaintes déposées contre lui" pour "tortures", "violations des droits humains" ou "disparition forcée". "C'est un test pour le partenariat stratégique" liant les deux pays notamment en termes de lutte contre la migration clandestine, a-t-il souligné. "Le bon voisinage n'est pas à sens unique", a-t-il dit en soulignant que le Maroc "n'a pas l'obligation de protéger les frontières" mais le fait dans le cadre de ce partenariat.

​Mahmoud Tolba: L’accueil par l’Espagne d’ un tortionnaire sur son sol est une grave erreur

Président du Front populaire mauritanien et vice-président de la Coalition Vivre ensemble

Le Front populaire, un des principaux partis politiques en Mauritanie, a qualifié de "grave erreur" l’accueil sur le sol espagnol du chef des milices séparatistes du "Polisario", le dénommé Brahim Ghali. "Le fait d’accepter le chef du -Polisario- sur son territoire relève d’une grave erreur de la part du gouvernement espagnol", a déclaré à la MAP Mohamed Mahmoud Tolba, président du Front populaire (FP) et vice-président de la Coalition Vivre ensemble (CVE). Cet homme a "commis des crimes d’une extrême gravité qui au-delà des Marocains, ont également touché des ressortissants mauritaniens dont le sort reste inconnu", a-t-il dénoncé. Le président du parti mauritanien a salué le rôle humanitaire du Maroc dans la lutte contre l’immigration irrégulière en accueillant plusieurs dizaines de milliers de Subsahariens sur son territoire. "Le Maroc est un pays d’accueil de tous les Africains dans leur diversité", a-t-il fait observer. Il a rappelé qu’à l’origine de la crise maroco-espagnole se trouve l’accueil du dénommé Brahim Ghali, chef des milices séparatistes du Polisario, dans un hôpital de Madrid, sous une fausse identité, alors qu’"il est sous le coup d’un chapelet de plaintes pour des infractions d’une extrême gravité, notamment des crimes de tortures". Tout en appelant le gouvernement espagnol à la raison dans la gestion de la crise diplomatique avec Rabat, il a souligné que "le Royaume du Maroc est un pays pivot, ouvert, qui accueille de nombreux africains, investit sur le continent et réalise des actions multiples en faveur de l’intégration du continent et du développement". Convoquant l’histoire, le président du Front populaire a rappelé les causes profondes de l’immigration née du fait colonial et du pillage des ressources de l’Afrique par les puissances européennes. Mahmoud Tolba a affirmé que l’Espagne occupe de nombreux territoires en terre africaine, l’invitant à "achever le processus de décolonisation et proclamer son soutien résolu et ferme au Royaume du Maroc frère".


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