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Les promesses de Benkirane s’évaporent les unes après les autres : Croissance molle et emploi en berne


Libé
Samedi 4 Février 2012

Les promesses de Benkirane s’évaporent les unes après les autres : Croissance molle et emploi en berne
Fini le temps des promesses. Après avoir, entre autres monts et merveilles, décrété un taux de croissance de 5,5%, le gouvernement Benkirane vient de se confronter aux dures réalités de la conjoncture. Au sortir du dernier Conseil que ses membres ont tenu, son porte-parole a annoncé que le PIB ne pourra faire d’étincelles. Tout au plus, il atteindra 4,2 % au cours de cette année.
Mais malgré ces prévisions que certains analystes estiment fort optimistes, l'évolution du chômage s'annonce problématique au regard des créations d’emploi au sein de la Fonction publique et des nombreuses pertes d’emploi dans le secteur privé. Alors que le PJD en a fait son cheval de bataille durant  sa campagne électorale, la lutte contre le chômage risque de se déliter et de finir en eau de boudin.
Avec un taux se situant à 9,1% et une forte exposition des diplômés et des 15-24 ans au chômage, il aurait fallu réaliser un taux de croissance d’au moins 6 à 7% par an pour pouvoir lutter efficacement contre ce fléau. Ce qui n’est pas le cas et ne le sera pas dans un avenir visible.
En attendant un miracle qui ne se réalisera peut-être pas, la croissance molle induite par la politique suivie par le PJD et ses autres partenaires gouvernementaux, ses politiciens en rupture d’imagination créatrice et le repli identitaire qu’il est en train de nous imposer guetteraient désormais un Maroc dont la demande intérieure a tiré jusqu’ici la croissance et permis une forte résilience à la crise internationale.

 


Le gouvernement Benkirane revoit à la baisse le taux de croissance pour l’année 2012. Il ne dépassera pas 4,2% contre les 5,5% prévus sur la période 2012-16. Et pour cause ? Une conjoncture économique internationale morose et une probable récession dans la zone euro, notamment dans les pays partenaires.
Tablant à l’origine sur  une croissance à 5,5%, une maîtrise du taux d'inflation autour de 2%, une réduction du taux de chômage à 8 % durant la période 2012-2016 ainsi qu’un retour progressif à un taux de déficit budgétaire autour de 3% du PIB, le Cabinet Benkirane a été obligé de faire marche arrière et de revoir ses ambitions à la baisse.
Une annonce qui sonne mal alors que le taux de chômage ne cesse d’augmenter depuis 2009. Les derniers chiffres publiés par le Haut commissariat au plan indiquent que le taux de chômage au Maroc est de 9,1 % pour le troisième trimestre 2011 et  que le taux des demandeurs d'emploi qui se sont ''retrouvés en situation de chômage à la suite de l'obtention d'un diplôme'' est de 24,5 %.
Le gouvernement arrivera-t-il à faire face au  problème numéro un du Royaume ?  Pour Nizar Baraka, ministre de l'Economie et des Finances, la création d'emplois et de projets d'investissement fait partie des priorités de l’Exécutif qui compte créer 130.000 emplois par an, là où  le gouvernement sortant n’avait pas dépassé 116. 000.  
Abdelilah Benkirane s’est même engagé, lors de la préparation de la déclaration de politique générale, à créer un million d’emplois sur les cinq années où il présidera aux destinées de l’Exécutif.
Selon certaines sources, le Cabinet Benkirane prévoit la création de 25.854 emplois dans la Fonction publique, comme il a été prévu dans le projet de loi de Finances pour 2012, présenté en octobre dernier par le gouvernement sortant.
Le chef de l’Exécutif  semble jouer la continuité puisque  le Cabinet d’Abbas El Fassi avait fait du recrutement dans la Fonction publique un des leviers de sa politique de l’emploi et de règlement de la question des diplômés chômeurs lauréats de l’enseignement supérieur. A cet effet, il a créé entre 2008 et 2011, en moyenne annuelle, 17.860 emplois dans la Fonction publique, soit un total de 71.442 postes en quatre ans.
Pourtant, une question demeure : le gouvernement Benkirane  a-t-il les moyens de  ses ambitions ? En effet, l’année 2011 a mis le budget de l’Etat à rude épreuve.  Les mesures adoptées par le gouvernement sortant pour répondre aux revendications sociales se sont traduites par une lourde augmentation des dépenses publiques. La volonté  d’assurer la stabilité des prix de certains produits alimentaires et pétroliers dans un environnement de forte hausse des cours internationaux des matières premières a fait exploser le coût des subventions à  45 milliards de DH, ce qui représente 84% des dépenses d’investissement et près de 5,5% du PIB.
La revalorisation des salaires des fonctionnaires de 600 dirhams nets, le relèvement du quota de la promotion interne dans la Fonction publique, le relèvement du niveau minimal de retraite, l’insertion de diplômés chômeurs ont eu également un impact important sur ce budget général de l’Etat. Il dépassera les 95 milliards de DH en 2012 additionnés à quelque 28 milliards de DH de dépenses budgétaires additionnelles.
Notons également qu’avec la création de près de 26.000 postes budgétaires en 2012, c’est une croissance de 37,5% en termes de recrutements par rapport à 2011 et 7,5% en termes de masse salariale. En d’autres termes, c’est plus de la moitié (54,6%) du budget de fonctionnement, c’est 38,2% de l’ensemble des ressources (fiscales et non fiscales) du Budget général et 10,8% du PIB qui ont été ainsi mobilisés.
La marge de manœuvre d’Abdelilah Benkirane semble donc très réduite et l’avenir de son gouvernement est fonction de la solution de cette question prioritaire.

Hassan Bentaleb

Selon une note d’information du HCP : Un marché du travail morose

Le marché du travail a été marqué en 2011 par une régression de l’emploi dans les secteurs productifs, notamment dans l’industrie, l’agriculture, la forêt et la pêche,  ainsi que dans le secteur du BTP. En chiffres, les  deux premiers secteurs ont perdu respectivement 31.000 et 9.000 alors que la création d’emploi par le secteur du BTP a enregistré un solde négatif  de 18.000  postes. C’est ce qu’indique le Haut commissariat au plan dans une note d’information  publiée récemment.
L’unique secteur qui a pu émerger du lot et créer, l’année dernière, le plus grand nombre de postes d’emploi (114.000) quoiqu’enregistré au niveau d’activité informelle et précaire, c’est celui des services, souligne le HC. C’est ainsi que, dans ce volume, 40.000 postes ont été pourvus dans les branches du commerce de détail et réparation d’articles domestiques dont 35.000 dans le commerce hors magasin et 44.000 dans le transport terrestre. Ces emplois concentrés particulièrement en zones urbaines ont profité exclusivement aux actifs masculins, tient à préciser la note d’information du HCP.
En milieu urbain, l’«industrie y compris l’artisanat» a perdu 6.000 postes d’emploi (soit -0,6% du volume d’emploi du secteur). Pour ce qui est des «services», ils ont créé 83.000 emplois, soit une hausse de 2,6% du volume d’emploi du secteur et les BTP, 16.000 postes d’emploi, soit une hausse de 2,5%.  Quant  aux secteurs de l’«agriculture, forêt et pêche» et les  «activités mal désignées» ils ont respectivement  enregistré  9.000 et 1.000 postes.
Par ailleurs,  en milieu rural, les 2.000 nouveaux postes sont le résultat d’une création de 31.000 postes dans les services (soit + 4,6%) et de 14.000 postes dans les BTP (+3,6%) et d’une régression de l’emploi dans les secteurs de l’«industrie y compris l’artisanat» de 25.000 postes (-10,8%) et de l’«agriculture, forêt et pêche» de 18.000 postes (-0,5%).
Au total, 105.000 postes d’emploi ont été créés au cours de l’année 2011 contre une moyenne annuelle de 156.000 au cours de la décennie 2000-2010.
Le HCP tient à préciser que c’est dans ce contexte de l’évolution du marché du travail que doit se lire la baisse du nombre de chômeurs de 9000 et le léger recul du taux de chômage global de 0,2 point.
Par milieu de résidence, ce taux s’est stabilisé en milieu rural et a reculé de 0,3 point en milieu urbain.
Enfin, le sous-emploi, constaté dans les secteurs du BTP et de l’agriculture, a reculé de 1,1 point au cours de l’année 2010.
La population active âgée de 15 ans et plus a atteint au cours de l’année 2011, 11.538.000 personnes, soit une hausse de 0,8% par rapport à l’année 2010 (augmentation de 1,6% en milieu urbain et stagnation en milieu rural). Le taux d’activité a baissé de 0,4 point, passant de 49,6% en 2010 à 49,2% en 2011.
En matière d’emploi, 74.000 postes d’emploi rémunérés ont été créés au cours de la période, résultat d’une création de 117.000 postes en milieu urbain et d’une perte de 43.000 postes en milieu rural. L’emploi non rémunéré a enregistré une hausse de 45.000 postes en zones rurales et une perte de 14.000 postes en zones urbaines, soit, au total, 31.000 postes nouveaux.
Dans sa note d’information, le HCP souligne qu’il y a quasi-stagnation du taux de chômage et baisse du taux de sous-emploi. La population active en chômage a régressé de 0,9% au niveau national, passant de 1.037.000 en 2010 à 1.028.000 chômeurs en 2011, soit 9.000 chômeurs en moins. Cette baisse a profité exclusivement aux actifs masculins aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural.
En conséquence, le taux de chômage est passé de 9,1% en 2010 à 8,9% en 2011. Selon le milieu de résidence, il est passé de 13,7% à 13,4% en milieu urbain et s’est stabilisé à 3,9% en milieu  rural.
Les baisses les plus importantes du taux de chômage ont été enregistrées en milieu urbain parmi les hommes (-0,8 point) et les sans diplôme (-1,1 point). En revanche, le taux de chômage a notablement augmenté parmi les femmes (+1,4 point), les diplômés de niveau supérieur (+1,5 point) et les jeunes âgés de 15 à 24 ans (+0,9 point) en milieu urbain.

L.B


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