
Le tribunal d'Oslo a reconnu à l'unanimité l'extrémiste de 33 ans comme responsable de ses actes, écartant l'une des deux expertises psychiatriques qui l'estimait atteint de "schizophrénie paranoïde".
La peine pourra être prolongée indéfiniment tant que Breivik sera considéré comme dangereux.
L'accusé, costume noir, chemise blanche et cravate gris anthracite, a effectué son salut d'extrême droite à son entrée dans le tribunal. Puis il a écouté avec le sourire aux lèvres ce verdict prononcé par la juge Wenche Elizabeth Arntzen.
"Le jugement est unanime", a-t-elle dit. L'accusé "est condamné à la détention pour une peine de 21 ans, assortie d'un minimum de 10 ans", a-t-elle ajouté.
Ce minimum signifie que Breivik ne pourra pas déposer de demande de libération conditionnelle pendant ce laps de temps.
Le 22 juillet 2011, Breivik avait fait huit morts dans un attentat à la bombe contre le siège du gouvernement à Oslo, puis 69 autres, principalement des adolescents, en ouvrant le feu sur le camp d'été de la Jeunesse travailliste sur l'île d'Utoeya, déguisé en policier.
Ces attaques avaient choqué la paisible Norvège, et mis au jour l'impréparation de sa police et ses services de sécurité.
Breivik obtient satisfaction en évitant l'internement psychiatrique, dont il craignait qu'il discrédite son idéologie raciste et xénophobe.
La question la plus controversée lors de son procès, du 16 avril au 22 juin, a été sa santé mentale. Une première expertise psychiatrique a conclu qu'il était atteint de "schizophrénie paranoïde", et donc irresponsable pénalement, et une seconde qu'il était sain d'esprit. Breivik reconnaissait être l'auteur des homicides, mais plaidait non coupable: il dit avoir commis des actes "atroces mais nécessaires" pour préserver la Norvège d'un multiculturalisme qu'il considère nuisible.
Le jugement a été accueilli avec une grande satisfaction par des survivants.
"OUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII!!!", a écrit Emma Martinovic sur Twitter. "Cette merde est enfin finie. La vie peut maintenant commencer", a indiqué Ingrid Nymoen sur le même site de micro-blogging.
Ce verdict réduit la probabilité pour la Norvège d'organiser un procès en appel. Breivik avait indiqué durant les débats que s'il était condamné à la prison, il accepterait la sentence. Il dispose d'un délai de 14 jours pour faire appel.
Son avenir passe maintenant par la prison d'Ila, à une douzaine de kilomètres au nord-ouest d'Oslo. Lui qui se présente comme "écrivain" affirme avoir plusieurs livres en préparation, dont une autobiographie.
Selon un sondage paru vendredi dans le tabloïde Verdens Gang (VG), 72% des Norvégiens estimaient que l'accusé était suffisamment sain d'esprit pour être condamné à la prison.
Mais 54% jugent ses conditions de détention trop "clémentes", avec trois cellules de 8 m2 (une pour dormir, une pour les exercices physiques et une pour le travail) et un ordinateur portable sans connexion à l'Internet.
La lecture des attendus du jugement se poursuivait vendredi matin, devant durer plusieurs heures.