Le spectre d’une nouvelle vague à l’horizon

Les chiffres actuels rassurent mais un retour en force du virus et de ses variants ne serait pas à exclure


Mehdi Ouassat
Mardi 7 Décembre 2021

Toutes les mesures préventives ne seraient pas de trop

Le spectre d’une nouvelle vague à l’horizon
Pour ne pas se laisser submerger par une nouvelle vague du Covid-19 et face à l'éventuelle arrivée du variant Omicron dont on ignore encore la dangerosité, le Comité scientifique et technique national pourrait bien recommander au gouvernement de prendre de nouvelles mesures restrictives dans l'espoir de faire face à une possible recrudescence de contamination.

Après la fermeture des frontières aériennes et maritimes, l'interdiction de tous les festivals et les grandes manifestations culturelles et artistiques, «la possibilité de durcir les mesures restrictives ou même de réinstaurer le confinement ou le couvre-feu reste envisageable, eu égard aux courbes des contaminations en hausse significative, après plusieurs semaines de stabilité», nous explique un membre dudit comité.

«En plus, ce qui pourrait aggraver la situation sanitaire en cas de propagation du nouveau variant Omicron, c’est le nombre de personnes non-vaccinées et celles qui n’ont pas encore pris la 3ème dose, 6 mois après avoir reçu la deuxième», souligne-t-il. «Pour être efficace, protéger les vies, réduire le risque d’émergence de variants et vaincre la pandémie, la vaccination devrait être complète, large et rapide», estime le spécialiste.

«Si le variant Omicron se mettait à circuler, on aurait des contaminations encore plus importantes qu'avec le variant actuel», a-t-il mis en garde, avant de recommander aux Marocains de limiter les «moments de convivialité» en intérieur dans les sphères privées et professionnelles. Parce que, selon lui, «le déroulé de la vague est toujours le même: une circulation initialement faible fait place à une reprise des contaminations, qui se propage ensuite à toutes les classes d’âges». «L’incidence atteint alors rapidement des niveaux élevés, avec à l’horizon toujours le risque de tensions hospitalières», conclut-il.

Malgré ce regain de l'épidémie, le Maroc est relativement épargné par cette flambée épidémique, comparé aux pays voisins, notamment l‘Algérie qui a vu le nombre de cas exploser, ou encore la Tunisie qui connaît également une hausse de 31% des contaminations par rapport à la semaine précédente. Le constat est encore plus critique en Europe. L'Organisation mondiale de la Santé a d’ailleurs alerté sur le risque d'un demi-million de morts dans le vieux continent d'ici février 2022.

Le bilan épidémiologique, communiqué lundi par le ministère de la Santé, fait état de 2.806 cas actifs, dont 52 nouveaux cas confirmés, portant le total national des contaminations à 950.643. 11 nouveaux cas sévères ont été admis en réanimation en 24H portant le nombre de patients sous respiration artificielle à 78 et ceux sous intubation s’établissant à 7. Selon la plateforme de veille et de suivi de nos confrères de Hespress, le taux d’occupation des lits de réanimation dédiés au Covid-19 s’établit, quant à lui, à 2%, lundi. Le Maroc n’a, par ailleurs, recensé aucun décès dû au Covid-19 durant ces dernières 24H. Le total national des décès depuis le début de la pandémie reste donc stable à 14.788 avec un taux de létalité également stable ce lundi et qui s’établit à 1,56%.

Contacté par Libé, Dr A.O, médecin anesthésiste-réanimateur au CHU Ibn Rochd de Casablanca, s’est montré rassurant. «L'heure n'est pas à la panique», a-t-il souligné. Et d’ajouter : «Nous ne sommes pas dans le mouvement de déprogrammation massive que nous avons connu lors des vagues précédentes». «Ça n'est pas encore la catastrophe telle qu'on a pu constater lors des précédents épisodes. Mais il y a toujours un décalage de 15 jours entre ce qui se passe sur le terrain et son retentissement dans les hôpitaux», a-t-il précisé. «Qu'est-ce qu'il en sera dans 15 jours, trois semaines ? Je ne saurais le dire parce que nous avons appris à être extrêmement méfiants quant aux prédictions», a noté le spécialiste.

«Les conjugués de la vaccination, du pass vaccinal et du maintien du port du masque ont permis de mener une vie presque normale, mais avec l’arrivée de l’hiver, la reprise épidémique est assez prévisible: plusieurs études estiment que les conditions climatiques expliquent, directement ou indirectement, 20% des variations de vitesse de propagation de l’épidémie», nous a expliqué Dr A.O.

Notre interlocuteur estime, par ailleurs, que la vaccination reste hautement efficace pour la majeure partie des personnes contre le risque de forme sévère de la maladie mais ne peut contenir l’épidémie à elle seule. Selon lui, elle doit donc être combinée avec d’autres types de mesures. «Pour éviter un rebond de l'épidémie, les gestes barrières restent plus que jamais d'actualité», dit-il. «Globalement, les Marocains se sont bien appropriés le masque au début de l’épidémie. Ils ont compris son intérêt, il faut simplement renouveler l'attention et le porter correctement. Certes, il y a un léger relâchement et c'est normal après deux ans d'épidémie. Nous avons l'impression de ne pas voir le bout du tunnel», assure-t-il.
«Actuellement, nous sommes en période automnale, c'est une période très favorable à la transmission du virus: on aère moins et les densités de population dans les lieux publics peuvent être importantes. D'où la nécessité de porter le masque», insiste-t-il.  

Pour sa part, Dr Rania.O, médecin-biologiste, explique dans une déclaration à Libé que si l’incidence est plus faible chez les vaccinés que chez les non-vaccinés, «c’est parce qu’on se fait principalement tester lorsqu’on est malade et que le risque de l’être est plus fortement réduit par la vaccination que le risque d’être infecté». «Autrement dit, comme on le sait depuis le début, la propagation de ce virus sournois se fait aussi par les personnes asymptomatiques et donc à bas bruit. Il y a donc une transmission aveugle qu’on ne détecte pas», souligne-t-elle. «Pour l’heure, c’est un double message d’alarme que nous lançons : se faire vacciner, bien sûr, mais aussi se remettre à respecter les gestes barrières, le port du masque, l’aération des locaux…», a martelé Dr Rania.O. «Quand les mesures barrières sont moins respectées, il est clair que le virus circule d’autant plus vite. Et c’est particulièrement vrai quand le climat est froid et humide, et que les gens restent plus longtemps en intérieur», assure-t-elle. Dans un contexte marqué par une pénurie de soignants, cette spécialiste en biologie médicale appelle surtout à accélérer l'administration d'une dose de rappel. «La dose de rappel offre une protection 10 à 20 fois supérieure. Les personnes qui ont eu leur deuxième dose il y a six mois, ne doivent pas négliger ce rappel, parce que leur protection s’amoindrit petit à petit», précise-t-elle.

Rappelons, dans ce sens, que le nombre de bénéficiaires de la première dose du vaccin depuis le début de la campagne nationale a atteint 24.437.002, la deuxième dose 22.718.820 tandis que le nombre de bénéficiaires de la D3 a à peine atteint 1.806.501.

Mehdi Ouassat

Fabrication des vaccins anti-Covid

Le Maroc cité en exemple par l'OMS

Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a mis en avant les initiatives prises par quelques pays africains, dont le Maroc, qui «ont signé des accords ou des protocoles d'accord pour la fabrication de vaccins contre le Covid-19».

Intervenant lors d’une réunion tenue en ligne depuis Kigali sur le partenariat pour la fabrication des vaccins en Afrique, M. Tedros a souligné l’importance de la production locale de vaccins en tant qu’élément essentiel pour la réalisation des objectifs de la couverture sanitaire universelle.

«Avant même la pandémie, nous savions que la production locale de vaccins est un élément essentiel du cheminement vers la couverture sanitaire universelle », a-t-il soutenu.

«Au-delà du Covid, il y aura toujours des maladies et des épidémies ; c’est pourquoi la production locale de vaccins est importante», a-t-il relevé.

Le directeur général de l’OMS s’est attardé, dans ce sens, sur les efforts accomplis dans le continent pour le développement d’une industrie de fabrication de vaccins, notant que «le Maroc, l’Egypte, le Rwanda et le Sénégal ont tous signé des accords ou des protocoles d'accord pour la fabrication de vaccins contre le Covid-19 dans leurs pays».

Il s’est félicité, en outre, de l’entrée en vigueur récemment du Traité de l’agence africaine des médicaments, ouvrant la voie, a-t-il dit, à l’amélioration de la qualité, de la sécurité, de l’efficacité, de la disponibilité des médicaments et des vaccins à travers le continent.



Lu 921 fois

Nouveau commentaire :

Votre avis nous intéresse. Cependant, Libé refusera de diffuser toute forme de message haineux, diffamatoire, calomnieux ou attentatoire à l'honneur et à la vie privée.
Seront immédiatement exclus de notre site, tous propos racistes ou xénophobes, menaces, injures ou autres incitations à la violence.
En toutes circonstances, nous vous recommandons respect et courtoisie. Merci.

Dossiers du weekend | Actualité | Spécial élections | Les cancres de la campagne | Libé + Eté | Spécial Eté | Rétrospective 2010 | Monde | Société | Régions | Horizons | Economie | Culture | Sport | Ecume du jour | Entretien | Archives | Vidéo | Expresso | En toute Libé | USFP | People | Editorial | Post Scriptum | Billet | Rebonds | Vu d'ici | Scalpel | Chronique littéraire | Chronique | Portrait | Au jour le jour | Edito | Sur le vif | RETROSPECTIVE 2020 | RETROSPECTIVE ECO 2020 | RETROSPECTIVE USFP 2020 | RETROSPECTIVE SPORT 2020 | RETROSPECTIVE CULTURE 2020 | RETROSPECTIVE SOCIETE 2020 | RETROSPECTIVE MONDE 2020 | Videos USFP | Economie_Zoom | TVLibe


Flux RSS